Clara-Maria Laredo

ENTRE CINÉMA ET POLITIQUE, PORTRAIT D’UNE JEUNE FEMME ENGAGÉE

Révélée par le film « À son image », de Thierry de Peretti, présenté à Cannes en mai dernier, elle incarne Antonia, une jeune photographe corse qui évolue au cœur des événements politiques qui ont marqué l’île des années 1980 aux années 2000.  Animée par sa passion pour le cinéma et un engagement politique authentique, la jeune corse, à peine âgée de 20 ans, qui affiche déjà un parcours personnel riche et diversifié, s’y distingue par la justesse de son interprétation et sa présence charismatique à l’écran.

par Karine Casalta

Actuellement Étudiante en Sciences Politiques à l’Université de Bruxelles, son incursion dans le monde du cinéma s’est pourtant faite presque par hasard. Militante politiquement engagée, la jeune fille, alors attachée parlementaire de François Alfonsi, au parlement européen, écrivait aussi régulièrement pour le journal autonomiste Arritti. « J’ai toujours aimé le cinéma, mais j’ai la chance de faire des études qui me plaisent et à 18 ans, je suis la plus jeune attachée parlementaire du parlement européen. C’était une expérience assez singulière et tout à fait enrichissante et passionnante. Et à ce moment bien sûr, je n’envisageais pas une autre voie.»

De l’engagement politique à la révélation cinématographique

Mais son chemin a pris un tournant inattendu lorsqu’en 2022, après un article qu’elle a écrit sur le film de Thierry de Peretti, « Enquête sur un Scandale d’état », un ami l’informe d’un casting sauvage pour le prochain film du réalisateur et l’incite à y participer. C’est ainsi qu’elle prendra part aux auditions conduites par Julie Allione pour « À son Image ».  Et très vite, elle va se découvrir un réel intérêt pour l’improvisation et le jeu d’acteur. Rapidement en effet, elle se laisse happer par les discussions politiques et sociologiques enflammées, instillées par la directrice de casting lors de séances d’improvisation, pour créer une dynamique authentique à partir des interactions des comédiens.

« cette manière de travailler où chacun exprimait son point de vue était riche d’enseignements et s’apparentait pour moi à une enquête sociologique. J’ai beaucoup aimé me retrouver avec des jeunes de ma génération pour réfléchir et débattre de questions sociales, sociétales ou philosophiques et qui avaient parfois une vision très différente de la mienne, et aussi d’observer notre cheminement sur des sujets allant du rapport à la terre à la religion ou de la politique aux évènements de mars 2022 qui alors frappaient la corse. » C’est ainsi qu’après plusieurs sessions de casting et une semaine intensive en master class à Olmi Cappella avec toute l’équipe, elle va décrocher le rôle principal d’Antonia, dans « À son Image ». Le rôle d’une photographe passionnée, qui va lui permettre d’explorer des thèmes qui lui sont chers, comme la quête de vérité et les questionnements politiques.

Des convictions chevillées au corps

Fervente militante nationaliste, Clara-Maria se passionne en effet pour la politique depuis sa plus tendre jeunesse. « C’est pour moi dit-elle, une respiration ! » Elle marche en cela sur les traces de son père, Norbert Laredo, militant de la première heure, et premier élu écologiste et nationaliste de l’Assemblée de Corse. « Tout a commencé très jeune, Mon engagement originel vient de mon père, de son amour pour cette terre qu’il m’a transmis ; il m’emmenait dans les manifestations ; j’ai des souvenirs très précis qui me reviennent avec Edmond (Simeoni) et mon père ou mon ami Antoine Parodin. J’ai grandi dans cet environnement ! La terre, mon père, les gens, les amis, la culture… La Corse en elle-même en fait, c’est ce qui me porte ! »

    Un engagement qui, même si de nombreux points les distinguent, la rapproche par certains aspects du personnage d’Antonia « Elle aussi est très engagée, très militante, mais elle l’est à un autre endroit, sur un plan philosophique, éthique, dans sa quête de la vérité à travers son objectif photographique. Mon engagement est plus social, sociétal et politique, mais en somme à cet endroit-là on se ressemble ». Et Loin de s’appuyer sur cette seule ressemblance, la jeune actrice a beaucoup travaillé pour incarner ce rôle et s’emparer du personnage.

    Le goût d’apprendre

    Clara Maria s’est ainsi beaucoup documentée, pour approfondir ses connaissances autour de la photographie notamment, mais aussi pour parfaire sa culture, pourtant déjà riche, sur l’histoire de la Corse, et appréhender le vécu d’Antonia de l’intérieur. « J’ai commencé à reprendre la photo, j’ai suivi des manifestations à Bruxelles pour essayer de saisir des mouvements militants là-bas. J’ai aussi pris des cours de développement à l’École de photographie et de techniques visuelles Agnès Varda à Bruxelles, et j’ai travaillé avec plusieurs photographes qui m’ont guidé dans l’appréhension de la photographie sur certains axes. Il est vrai que J’ai suivi une formation assez intensive sur la question. » Une détermination et une soif d’apprendre, qui promettent sans nul doute à la jeune femme un avenir riche en contributions significatives dans les domaines artistique et politique. De fait elle colle au personnage avec une vérité saisissante. Remarqué à Cannes lors du dernier festival, puis présenté lors de quelques avant-premières, le film « À son Image » qui sera projeté à l’échelle nationale le 4 septembre prochain, a jusque-là été très bien reçu, tant par les membres de la délégation de l’Assemblée de Corse que par la presse nationale, mais aussi par sa famille, ses amis, militants ou pas « Je trouve ça passionnant de voir comment le film est reçu, et entendu. C’est fort de voir ce que l’on arrive à transmettre par l’image, par le jeu, et j’ai hâte d’entendre par la suite ce que les gens y voient. Et de voir, selon le public, comment ça les touche et à quels endroits. Je trouve ça vraiment très intéressant »

    L’amour du jeu

    Et de garder la tête froide, malgré cette expérience cinématographique extrêmement enthousiasmante « Bien sûr cette expérience à fait bouger des choses ! Antonia a fait partie de ma vie durant près de deux ans, il me reste forcément des choses d’elle, mon amour pour la photographie notamment, qui ne m’a pas quitté depuis que je j’ai repris pour le rôle !  Et puis j’ai découvert quelque chose que je ne soupconnais pas : mon amour pour le jeu ! J’ai découvert que j’aime profondément jouer. Mais en somme cela n’a rien changé dans ma façon d’appréhender les choses.  Je me laisse porter. Je préfère vivre au jour le jour, en essayant de faire des choses qui ont du sens pour moi lorsqu’elles se présentent. »

    Ainsi, la jeune femme, piquée au jeu d’actrice, a commencé le théâtre immédiatement après la fin du tournage, mais a choisi de se laisser surprendre par l’avenir plutôt que d’établir des plans de carrière. Dotée d’une détermination sans failles, Clara Maria préfère se concentrer sur le présent, à savoir pour l’heure ses études et son engagement politique, appelant de ses vœux une autonomie de plein droit pour la Corse. Elle s’apprête ainsi à passer ses examens de deuxième année en Sciences politiques et attend avec impatience la sortie nationale du film, continuant ainsi à jongler avec brio entre ses diverses ambitions et passions. Un parcours riche en engagements et en découvertes, qui laisse présager un avenir prometteur pour Clara Maria, dont la passion et la détermination continueront sans aucun doute à marquer les esprits, tant sur les écrans que dans les sphères politiques.

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