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Noëlle Levenez: UNE PRODUCTRICE AUDACIEUSE AU SERVICE D’UN CINÉMA ENGAGÉ – Paroles de Corse

Noëlle Levenez: UNE PRODUCTRICE AUDACIEUSE AU SERVICE D’UN CINÉMA ENGAGÉ

À peine âgée de 28 ans, la jeune productrice corse Noëlle Levenez dévoile un vrai talent à porter des projets ambitieux. L’Homme qui ne se taisait pas (The Man Who Could Not Remain Silent) de Nebojša Slijepčević, court-métrage qu’elle a coproduit avec Les Films Norfolk, s’est imposé dans les plus grandes compétitions internationales. Quelques mois après avoir décroché la Palme d’Or à Cannes, le filma remporté le César du Meilleur Court-Métrage de Fiction lors de la 50ᵉ cérémonie des César et a été sélectionné pour la course aux Oscars. Un succès retentissant qui vient consacrer son engagement pour un cinéma exigeant et audacieux.

Par Karine Casalta

Pourtant rien ne prédestinait Noëlle Levenez à produire des films. Née à Ajaccio, elle grandit à Paris, loin des plateaux et du milieu du cinéma. Et si, très cinéphile, elle a toujours beaucoup fréquenté les salles obscures, elle n’imaginait pas rejoindre un jour cet univers.

« J’avais un goût vraiment prononcé pour le cinéma. J’ai toujours regardé énormément de films. Mais je n’imaginais pas en faire mon métier, parce que quand on ne connaît personne dans ce monde-là, qu’on n’en connaît pas les métiers, ce n’est pas évident de se projeter, on ne sait pas par où commencer. »

Après son bac, elle choisit donc une autre voie et commence des études de droit à la Sorbonne. Une discipline exigeante et rigoureuse, mais qui ne la comble pas totalement. « Je continuais à aller beaucoup au cinéma en parallèle de mes études, et j’intervenais parfois sur des tournages en donnant un coup de main à des amis étudiants en école de cinéma. » C’est ainsi que peu à peu, elle se rapproche de cet univers qui l’attire.

Ses premières armes dans la profession

« Tout ça, petit à petit, ça m’a conduit à découvrir le métier de productrice. Et j’ai vraiment senti assez vite que c’était vraiment ce qui me plaisait. J’aimais le fait qu’un producteur soit partout à la fois. On accompagne un film du tout début, quand il n’est qu’une idée, jusqu’à sa sortie en salle. On est le premier partenaire du réalisateur. On l’aide à structurer son projet, à chercher des financements, à constituer une équipe… J’ai senti que c’était là que je voulais être. » Elle décide donc d’abandonner le droit pour intégrer un master en production à l’Institut national de l’audiovisuel (INA) et enchaîne les stages.

C’est à l’occasion d’un de ces stages qu’elle débarque alors chez Les Films Norfolk, qui lui offriront de faire ses premières armes dans la profession. « J’aioccupé un de mes premiers stages chez eux. Quand je suis arrivée dans la société, il y avait déjà trois associés qui sont Philippe Wendling, Noël Fuselier et Marine Lepaulmier. Par la suite, j’ai intégré l’équipe comme assistante de production, mais avec la possibilité d’apporter des projets et des auteurs que je souhaitais accompagner, puis je suis devenueproductrice associée. J’ai eu la chance de tomber sur des gens que j’adore, avec qui j’ai une vraie entente artistique et professionnelle et qui m’ont offert cette place de productrice dans la société, et cette opportunité de développer mes propres projets et d’autres aussi que l’on partage et qu’on produit ensemble. »

Portée par une vision du cinéma exigeante et engagée, la jeune productrice s’y sent toujours aujourd’hui plus que jamais à sa place.

Le choix d’un cinéma qui réveille les consciences

« J’aime les films qui posent des questions qui vont m’accompagner et d’une certaine manière me hanter pendant longtemps. J’aime aussi les films qui marquent par leur cinégénie, des images fortes, des idées de mise en scène. Évidemment, s’il y a l’alliance des deux, c’est encore mieux. (…) Chez Les Films Norfolk, on est quatre associés, avec chacun des goûts, des âges, des parcours différents, construits de cinémas différents qui se nourrissent les uns les autres.Je pense que c’est aussi notre force. Il y a une vraie variété de thèmes, de genres, de profils, de réalisateurs, de réalisatrices dans les projets sur lesquels on travaille. Mais en tous cas, on veut produire des films qui proposent quelque chose de fort. Il faut qu’il y ait une idée, une intention, un regard. On a cette exigence-là ! » Cette dynamique et cette passion commune se manifestent dans le choix des projets portés par l’agence. « L’étincelle initiale naît toujours d’un véritable coup de cœur. Ce n’est qu’ensuite que nous évaluons les risques et la faisabilité du projet. Mais en réalité, lorsqu’un coup de cœur survient, nous nous lançons. Car il est rare d’éprouver un tel enthousiasme. Découvrir un film, reconnaître la présence d’un cinéaste avec une vision unique et des idées inédites à l’écran, cela a une valeur inestimable. C’est précisément ce que nous recherchons dans notre métier. C’est aussi la partie la plus exigeante, car une fois le bon auteur et le bon projet trouvés, cet élan nous donne la force d’affronter les refus et de persévérer. »

Aider une œuvre naître et à se déployer

Car ce métier demande en effet une persévérance folle et les défis sont quotidiens. Financiers, d’abord, mais aussi humains. Il faut convaincre, fédérer, relancer quand les portes se ferment. « Un film, ça ne se fait jamais facilement, poursuit-elle. Il y a toujours des refus, des obstacles, des doutes… 99% de facteurs sont là pour nous démotiver. En fait, c’est un miracle quand le film existe, et c’est un second miracle quand le film est réussi. » Et c’est bien là, précisément, que réside aujourd’hui sa plus grande satisfaction : voir une œuvre naître et se déployer, de l’intuition initiale aux premières projections en salle. Et de souligner : « on dit souvent que ce métier c’est de la maïeutique, que le producteur est la personne qui aide l’auteur à accoucher. C’est une image un peu galvaudée mais proche de la réalité. Encore plus avec des jeunes auteurs. Quand il s’agit d’un premier ou d’un second film, ce rôle est d’autant plus important. »

C’est forte de cette énergie qu’elle s’est battue pour accompagner « L’Homme qui ne se taisait pas ». Un projetcomplexe à financer, mais porté par une conviction absolue. Le synopsis : Février 1993, Bosnie. Un train est arrêté par des paramilitaires, des civils sont enlevés. Un seul homme résiste. Inspiré d’une histoire vraie, le film illustre une allégorie universelle. Ce train, cette violence arbitraire, pourrait être aujourd’hui, ailleurs, et c’est bien ce qui le rend aussi fort.

Un succès construit dans l’ombre

« Ce film, on y croyait très fort. Et il fallait y croire, parce qu’il y avait mille raisons d’abandonner. Tout d’abord, c’était un vrai défi financier. C’est pour ça qu’on est quatre sociétés de production (Antitalent en Croatie, Contrast Films en Bulgarie, Studio Virc en Slovénie et Les Films Norfolk en France), parce qu’on est allé chercher de l’argent dans plusieurs pays. Et ensuite, une fois qu’on a pu réunir l’argent, on a eu à affronter de nombreux défis techniques :trouver un train d’époque, une gare qui puisse nous accueillir. Il y avait toujours un problème, ou alors ça entraînait des surcoûts. Le tournage a été reporté deux ou trois fois à cause des problèmes de décor. Mais on s’est accrochés. »

Profondément politique, et engagé le film a été unanimement salué. Plus de 100 sélections en festival, plus de 20 prix remportés, dont la Palme d’Or du festival de Cannes 2024, le César du Meilleur Court-Métrage Fiction, sans compter une sélection aux Oscars en février dernier et des spectateurs aux quatre coins du monde. « Ce qui me fascine, c’est de voir comment le film résonne partout. Même des gens qui ne connaissent pas du tout l’histoire originale sont touchés. C’est la preuve qu’on a réussi quelque chose. »

Sans s’arrêter à ce succès, Noëlle Levenez travaille déjà sur de nouveaux projets, des courts-métrages en post-production et plusieurs longs en développement. Un accompagnement constant et sans relâche de films, qui la porte, loin les paillettes mais au plus près de la matière brute du cinéma. Et pourquoi pas jusqu’à la Corse ?

Profondément attachée à ses racines insulaires, la productrice s’enthousiasme de la vitalité cinématographique actuelle de l’île. « Le cinéma corse est en pleine effervescence. J’aimerais beaucoup y revenir pour y produire des films. » Un retour aux sources, peut-être, mais toujours avec cette même envie : porter des voix singulières et les accompagner jusqu’à l’écran.

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