Camille Pozzo di Borgo: Anatomie d’un talent
Premier prix dans la catégorie Dessin des «Canson® Art School Awards 2015» la talentueuse artiste insulaire a reçu en septembre dernier la médaille de la ville d’Ajaccio. Elle poursuit aujourd’hui son parcours prometteur à Milan où elle vient d’intégrer, pour quelques mois, la célèbre Académie des Arts de Brera.
Ce déménagement, qui la bouscule quelque peu et la pousse vers de nouvelles rencontres, l’enthousiasme. Son immersion au cœur de la prestigieuse institution qui enseigne la recherche au sein de la création artistique (peinture, sculpture, graphiques, photos…) ou encore l’histoire de l’art, vient également nourrir une expérience artistique déjà riche. Cette nouvelle étape s’inscrit en effet dans un parcours qu’elle trace avec détermination. Car passionnée de dessin depuis l’enfance, elle croquait à plaisir objets, animaux ou personnages – elle s’est orientée très vite vers des études artistiques. À 18 ans, bac scientifique en poche, après avoir passé toute sa scolarité en Corse, elle s’envole pour Paris. Elle y suivra deux années de préparation à l’atelier de Sèvres à l’issue desquelles elle intègre l’école Nationale Supérieure des Beaux-Arts. C’est dans le cadre de ce cursus, qu’elle a été sélectionnée pour participer à l’édition 2015 des « Canson® Art School Awards » qui récompensent chaque année dans les catégories «Dessin», « Peinture sur Papier » ou encore «Photographie» de futurs artistes, étudiants en écoles d’art. Elle remportera le 1er prix dans la catégorie «Dessin».
Férue d’anatomie
Son tableau Les Trois Sœurs, largement inspiré de sa famille, a retenu l’intérêt du jury. Travaillé en gravure et en superposition, son visage s’y mêle à celui de ses sœurs. Sa famille, mais aussi la nature sont en effet des sujets qu’elle aime à travailler. Comme«une bulle d’enfance ». ils la ramènent vers ses racines auxquelles elle est fortement attachée. Traces d’un esprit scientifique ? Son travail s’intéresse aussi à la question du corps et de sa représentation – depuis ses visites, enfant, au muséum d’histoire naturelle, l’anatomie la fascine : «J’axe mon travail sur l’anatomie animale et humaine. Je superpose les différentes “couches” organiques d’un être vivant (la peau, les muscles et les os) à l’aide du procédé d’impression de gravure en taille-douce sur métal ou plastique. Par cette technique, je rends l’animal translucide. L’utilisation de couleurs étrangères au milieu sauvage, me permet de créer une hybridation chez l’animal. Parallèlement, chez l’homme, j’explore les divers moyens d’unir et de manipuler les physionomies dans le but de créer un nouvel être et de lui ôter son identité. Et par ses procédés tente de créer une «dé-personnification de l’individu». Ses œuvres sont épurées, et graphiques. Le procédé de la gravure, qu’elle travaille depuis deux ans à l’école des Beaux-Arts, lui permet de traiter artistiquement ce thème. Mais l’enseignement qu’elle y reçoit la pousse aussi à explorer d’autres formes d’expression comme la sculpture ou la peinture, pour trouver sa propre écriture et tracer son parcours. Ce parcours, elle l’envisage dans le domaine artistique évidemment. Mais elle souhaite appliquer son art et ses créations à un métier concret : l’impression textile, le design ? Elle n’est pas fixée, car pour la jeune fille, cet avenir lui semble encore bien lointain, toute occupée à profiter au mieux de son séjour italien… Un projet qui se dessine sous les meilleurs auspices !
Karine Casalta
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