SCANDOLA : NAVE VA PASSE AU « BLEU »
Scandola est un des lieux touristiques les plus fréquentés de l’île. Nave Va renouvelle une partie de sa flotte au profit de bateaux hybrides pour ses promenades en mer. Une démarche éthique et durable. Rien de moins pour la réserve naturelle de Scandola, fleuron de la beauté sauvage insulaire qui s’appréciera désormais dans le silence et sans impact.
En décembre, la réserve naturelle de Scandola fêtera ses 40 ans. La presqu’île volcanique au relief tourmenté classée au patrimoine mondial de l’humanité par l’Unesco avec les calanches de Piana et le golfe de Girolata, n’est plus à présenter. Enfin presque. Véritable vitrine géologique, la réserve naturelle de Scandola est une référence en Méditerranée reconnue au niveau international par le monde scientifique. Elle est considérée comme un haut lieu de la biodiversité marine, à la fois dernier abri d’espèces disparues partout ailleurs en Méditerranée et, plus exceptionnel encore, vivier naturel de nouvelles espèces. Corail rouge, mérou, denti, langouste, badêche, patelle ferrugineuse, grande cigale, oursin diadème et grande nacre sont quelques-unes des centaines d’espèces qui ont trouvé leur écrin à Scandola. De la même façon, sur la terre ferme, la mise en protection du site a permis de restaurer la popu- lation de balbuzards pêcheurs dont il ne subsistait que 4 couples dans les années 70. Site de réfé- rence soumis à une règlementation stricte, Scandola est un exemple pour l’ensemble du bassin méditerranéen et au-delà. D’autant plus que chaque année, la réserve est le passage obligé pour des milliers de plaisanciers et de touristes qui rejoignent le golfe grâce aux navettes de promenade en mer. Depuis 1998, la compagnie Nave Va propose des sorties en mer et excursions des sites les plus remarquables de la côte ouest de l’île, de Bonifacio à Scandola. Aujourd’hui leader sur le marché des promenades en mer dans le golfe de Porto, Nave Va n’en oublie pas moins ses responsabilités face à la fragilité de cet environnement. C’est pourquoi la compagnie a engagé un processus de remplace- ment de deux de ses vedettes par les premiers navires à propulsion hybride afin de réduire au maximum l’impact de son activité sur cette aire protégée. Cathédrale naturelle «Cela fait au moins 3 ans que je tarabuste Beneteau pour qu’ils se lancent avec moi dans cette aventure. Nous avons tissé un lien de confiance depuis de nombreuses années. Ils ont construit nos bateaux et j’ai évolué avec eux. La forte attractivité que génère Scandola m’a poussé à agir. Nous organisons plusieurs visites par jour, sept mois de l’année. Ces navettes seront les premiers bateaux hybrides de construction fran- çaise. Une première nationale qui aura lieu en Corse. » Un acte doublement militant pour François-Marie Cancellieri, président de Nave Va et amoureux de sa terre. Première navigation dès le mois d’avril 2016 pour deux des trois navettes prévues. Équipées de deux moteurs couplés, électrique et diesel, pouvant atteindre une puissance de 20 nœuds, ces bateaux pourront accueillir jusqu’à 130 passagers. « On switche d’un moteur à l’autre de manière très fluide. Le passage à l’électrique et le silence qui l’accompagne sont vraiment très impressionnants. » Prix du silence et de l’investissement : plus de 6 millions d’euros. Pour François-Marie Cancellieri : « On ne visite pas un musée ou une église dans le bruit. Il en sera de même désormais pour la réserve. Pour vivre au mieux Scandola, il faut l’écouter dans le silence. » C’est une expérience sans pareil qui sera proposée aux visiteurs. Contemplative. La compagnie réfléchit d’ailleurs à un système d’au- dioguide voire de remettre les commentaires à plus tard pour ne pas troubler ce moment. Un projet d’avenir Au-delà de la modernisation de sa flotte, Nave Va s’inscrit dans une démarche écoresponsable visant à réduire la pression exercée sur l’écosystème. La propulsion hybride permettra de visiter la réserve avec zéro émission de CO2. Moins de pollution et moins de rejet en mer y compris avec les moteurs diesel issus d’une nouvelle génération. Une initiative verte, ou bleue dans ce cas, totalement compatible avec le développement de l’entreprise. Les navettes hybrides s’inscrivent d’ailleurs dans une démarche éthique et durable initiée par Nave Va il y a maintenant plusieurs années avec l’obtention du label «High Quality Whale Watching » pour l’observation des mammifères marins. « Protection de l’environnement et dynamisme économique ne doivent plus être opposés. Je reste un chef d’entreprise avec des charges et des contraintes très fortes. Ces bateaux me permettront d’embarquer plus de passagers, de consommer moins de carburant et de réduire mon équipage à bord » précise le dirigeant. Un constat en faveur de l’innovation. Les navettes hybrides sauront inspirer sans nul doute les professionnels du secteur. De l’ensemble du secteur du tourisme ? La barre est haute mais le défi en vaut la peine. «Nous ne considérons pas ce projet comme un simple renouvellement de nos outils de produc- tion. Il est la traduction d’une prise de conscience : notre terre ne pourra subir indéfiniment la surex- ploitation de ses richesses. Nous nous devons de la transmettre, sans l’altérer, aux générations futures » conclut François-Marie Cancellieri. Et de faire sienne la célèbre phrase d’Antoine de Saint-Exupéry : « Nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. »
Caroline Ettori
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