Plaidoyer pour la jeunesse corse

Par Pascal Biancamaria, Président du Centre du Sport et de la Jeunesse de Corse

Le sport, les loisirs et la culture sont des sources d’apprentissage, de plaisir, de santé, de bien-être. Sportif moi-même, amoureux du football et de la pleine nature, je suis convaincu des vertus de ces différentes pratiques. Elles favorisent le développement harmonieux des habilités motrices mais également le lien social dans d’excellentes conditions. Elles sont tout aussi efficaces en matière de prévention que susceptibles de développer la participation des jeunes dans l’espace public.
À l’heure où le dialogue se crispe. Alors que sont fragilisées les règles qui fondent notre société. Au moment où une jeunesse doute et se cherche, il est sinon essentiel à tout le moins urgent que soient pleinement exaucées les attentes de la jeunesse.
Dans les temps troublés que nous traversons, il est fondamental de prendre en compte les jeunes, de les placer au centre de l’action et de leur offrir des occasions de s’exprimer, de créer et de s’investir au sein de leur territoire. C’est en les considérant, en fonction de leurs besoins, au sein de leur environnement social, personnel, culturel, que pourront être développées les actions les plus pertinentes. Plus que jamais, il est important d’affirmer au travers de celles-ci nos valeurs.

Faire bouger les lignes
Ici et là des voix s’élèvent pour rappeler ces principes majeurs. Il convient de les écouter attentivement. Car au-delà des mots et recommandations, il s’agit à maints égards de permettre la pérennité de l’esprit de concorde. Celui qui permet le fameux essor collectif qui risque de s’étioler. Les élus du territoire sont en capacité, dans toutes les collectivités, fussent-elles les plus petites, de favoriser cet effort et en particulier la coordination et la coopération des différents acteurs. C’est à ce prix que les actions, même les plus modestes, permettront de faire bouger les lignes. Président du Centre du Sport et de la Jeunesse de Corse depuis le mois de février, c’est l’orientation que j’ai souhaité donner à mon mandat : favoriser et pérenniser les actions en faveur de la jeunesse et des publics les plus fragilisés, sportives comme d’éducation populaire. Je m’attache pour cela à améliorer les infrastructures afin d’offrir les outils les plus performants, aux parcours d’excellence sportive comme aux jeunes en parcours d’insertion, et à défendre également les moyens absolument indispensables à l’établissement pour poursuivre et améliorer son action. L’ensemble des champs couverts par les différents programmes de l’établissement reste encore peu connu du grand public mais chaque action a son importance et permet d’agir de façon transversale auprès de publics variés, au travers d’opérations qui vont de l’accueil de loisirs à la formation continue des professionnels ou l’animation de réseaux.

Mobilité de la jeunesse
Voilà qui semble être non seulement souhaitable mais également possible si l’on aspire résolument à donner un sens et une philosophie humaniste conjuguant les différentes actions esquissées. Eviter autant que faire se peut de laisser des jeunes sur le bord de la route. Leur montrer par l’exemple et la méthode qu’ils sont bienvenus dans notre structure. Faire cohabiter les classes sociales au-delà des performances. Construire avec humilité mais constance un espace d’activités bannissant tout a priori. Davantage qu’un pari il s’agit d’un enjeu. Mais la réussite ne sera pas vue de l’esprit si une prise de conscience s’instaure véritablement.
J’ai souhaité favoriser également un aspect qui me tient à cœur et qui concerne la mobilité de la jeunesse. En effet, la faible participation des jeunes aux différents programmes existants a été pointée en Corse comme un véritable frein à l’insertion professionnelle. Le Centre du Sport et de la Jeunesse de Corse et ses partenaires européens organisent des échanges qui permettent non seulement aux jeunes d’améliorer leurs compétences linguistiques mais également de s’ouvrir aux différentes cultures tout en travaillant et s’exprimant sur différents sujets. Sans verser dans l’énumération à la Prévert, osons rappeler que l’ouverture permet de mieux connaître les autres, et ainsi mieux se connaître soi-même.
Ces ponts jetés vers l’extérieur seront gages d’enrichissement intellectuel et humain. Favorisant ces espaces de dialogue, qu’il convient d’appeler de nos vœux.

Esprit vigilant
Enfin, je souhaite être présent auprès des équipes de l’établissement dans ce moment délicat que va constituer le passage à la Collectivité unique. Quelle que soit la façon dont se déroulera cette évolution institutionnelle, elle ne doit en aucun cas paralyser l’action publique et constituer une menace pour les structures les plus fragiles comme les associations, acteurs incontournables de notre développement. Je souhaite, comme beaucoup d’autres, que toutes les mesures soient prises pour que ces mutations se déroulent dans les meilleures conditions, afin que nous puissions consacrer toute notre énergie à relever les défis qui nous attendent, au premier rang desquels se trouve le défi d’accompagner notre jeunesse corse vers l’avenir.