Une Corse fédérale dans l’Europe?
Par Dominique Agostini / Ancien maire
À la fin d’une année riche en événements tant pour la France que pour la Corse, il m’est apparu intéressant de faire connaître quelques idées qui me portent sur l’avenir de notre île. La situation géopolitique de la Corse n’est plus à décrire tant d’éminents spécialistes s’y sont penchés, sans toujours y apporter des réponses efficientes. Mais laissons derrière nous le passé et regardons vers l’avenir, c’est ce qui nous importe. Demain, en 2017, la France devra se choisir un nouveau (ou peut-être une nouvelle) Président et la Corse devra une nouvelle fois trou- ver sa voie dans une programmatique politique dont elle n’aura pas de prise réelle, comme toujours depuis des lustres ! Comment en sortir ? C’est toute la question qui s’est posée depuis 1960, date à laquelle les Corses ont commencé à vouloir sortir de cette étouffante mainmise de l’État unitaire en France. Car il faut bien reconnaitre que depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, la Corse n’a été qu’un département comme les autres d’une France centralisée et sclérosante. Je passerai sur toute l’histoire des tentatives de «libération» de la Corse qui ont abouti à ce que la France donne différents statuts dont on peut dire aujourd’hui qu’ils ont sans doute amélioré « les choses » en terme de décentralisation poli- tique, mais pas réussi à développer l’île alors qu’elle ne dispose à peine que de 300 000 habitants.
La preuve par quatre
Et c’est toute l’aberration de cette situation qui veut que notre île avec si peu d’habitants ne
parvienne pas, avec autant de structures de toutes sortes, à donner de l’emploi à ses ressortissants. Dès lors, il convient de s’interroger sur cette situa- tion. La première remarque qui semble s’imposer est que le blocage provient d’une incapacité à l’île à s’administrer totalement librement alors qu’elle dispose d’un statut qui est dit «auto- nome» ; et de fait, il faut reconnaître que nombre de délibérations sont ignorées par l’état central, voire rejetées.
La deuxième remarque est que l’île est sous l’emprise étatique préfectorale avec un contrôle de légalité ou financier. La troisième remarque serait que notre île ne dispose pas d’une liberté de déci- sion économique et sociale alors qu’elle présente une population excessivement âgée. La quatrième remarque est que l’île est suradministrée ce qui alourdit une bonne et saine gestion notamment dans le rural avec une «sur-communalité» face à un désert de population.
La Corse comme Hawaï
Alors face à ces blocages institutionnels principalement quelle pourrait être la solution? Le fédéralisme européen ! De quoi s’agit-il ? D’un cadre institutionnel et constitutionnel qui veut qu’une nation soit gérée dans un cadre offrant non pas une république une et indivisible mais d’une république constituée d’un état composé de plusieurs états fédérés qui lui sont agrégés disposant d’un exécutif, d’un parlement ainsi que d’un pouvoir judiciaire différents et indépendants de ceux de l’état fédéral tel les USA, l’Allemagne, la Belgique. Dans ces états, on est passé de la décentralisation tel que nous la connaissons en France au fédéralisme comme les USA.
Si on modélise cet exemple au niveau européen, on disposerait de vingt-huit états fédérés autour de la république européenne dont la capitale serait Bruxelles. C’est le principe !
Mais alors quelle serait la position de l’île de Corse dans cette configuration constitutionnelle ? L’île de Corse est actuellement une région constituée de deux départements mais elle n’est ni autonome encore moins indépendante. Politiquement, l’exécutif actuel de la CTC souhaite s’orienter vers l’autonomie ou l’indépendance. Si la France et les autres vingt-sept états européens en décidaient favorablement, la France deviendrait un état fédéral et il serait possible, dans la procédure de préparation d’un référendum, d’imaginer la Corse devenir également un état fédéral européen comme l’est Hawaï, un des cinquante états américains. Cela règlerait une vieille revendication corse de plus de 30 ans et favoriserait, à mon sens, un développement économique et social d’une île culturellement prégnante et forte. Il est certain que le Corse pourrait mettre en œuvre des politiques choisies par son parlement et en être responsable ; elle pourrait également mieux être incluse dans une politique européenne dont elle bénéficierait plus complète- ment ; elle disposerait de tout ce dont peut disposer un état à part entière.
Un contexte apaisé
Cela nécessite une implication des Corses dans cette voie qui est la seule qui vaille en ces temps de difficultés et de troubles en Europe comme dans le monde entier.
La Corse a tout essayé depuis 1960 ! Les différents gouvernements français n’ont rien compris au Problème corse. Et au lieu de le régler ils l’ont aggravé ! Alors comme disait un sage oriental « quand tu rencontres un obstacle sur ton chemin, si tu ne peux le surmonter, aies l’intelligence de le contourner ». La Corse doit s’orienter vers une autre voie que celle de la France c’est-à-dire qu’elle doit se montrer intelligente et essayer une autre voie. Grâce au fédéralisme, la Corse va pouvoir imaginer une action politique plus concrète et plus efficiente qui la conduira vers une résolution de ses difficultés et dans un contexte apaisé. C’est la démarche du Parti fédéral européen qui veut promouvoir une Europe plus forte et plus efficace pour le bien-être social et moral de ses habitants.
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