Philippe Lacombe – A la barre de l’académie
Portrait
Ancien professeur de sport en collège, docteur en sociologie, un temps vice-président de l’Université de Bretagne Occidentale en charge des activités sportives avant de gagner l’Outre-mer, le recteur de l’académie de Corse a suivi un parcours singulier qu’il met aujourd’hui au service de la jeunesse insulaire.
par Karine Casalta
Bien qu’issu d’une famille d’instituteurs, il n’avait pas d’attrait particulier pour le monde de l’enseignement. Sportif accompli, grand amateur de sports nautiques et de voile en particulier qu’il pratique à un haut niveau en équipe de France universitaire, il va toutefois s’orienter vers une formation pluridisciplinaire dans les Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS) qui lui permet de conjuguer ses études et sa passion pour le sport.
De la Bretagne à la Corse
Enseignant d’EPS durant cinq ans, il passe CAPES et Agrégation dans la foulée, avant de repartir à zéro en reprenant des études de sociologie. Un cursus qu’il conclu par une thèse sur l’inter-culturalité, thématique qui déjà l’interpelle. Il est appelé après cela à la direction des IUFM dans le pacifique, pour mener à bien la scission entre les établissements de formation des territoires de Polynésie et de Calédonie. Il y rencontre, clin d’œil du destin, Michel Barat à qui il succèdera quelques années plus tard en Corse. Nommé ensuite directeur de l’IRD (Institut de recherche pour le développement) Polynésie, après avoir été un temps, en Guyane, délégué régional à la recherche et la technologie, Il sera rappelé peu après à la tête du rectorat de ce département pour résoudre le conflit universitaire et créer une université autonome. Il y fera preuve de qualités d’accompagnement et d’écoute indispensables dans un contexte politique et sociétal sous tension. Bretagne, Polynésie, Calédonie, Guyane il est indéniable que son parcours l’a sensibilisé aux problématiques des régions à forte identité culturelle. «Les Outre-mer m’ont appris l’humilité et l’écoute. Ces territoires sont tous différent. On doit s’inscrire dans une histoire, des conditions sociales et économique particulières, au bénéfice du développement du système éducatif, pour servir l’intérêt de la jeunesse. »
Au service des particularismes
Une disposition d’esprit qu’il met aujourd’hui au service des particularismes de l’académie de Corse. «Il nous faut participer intelligemment à la reconnaissance de l’identité. La question linguistique est centrale. Il faut permettre à ceux qui le souhaitent d’être bilingue. L’état reconnaît aujourd’hui cette orientation. Je pense notamment à l’agrégation en langue corse pour laquelle nous sommes précurseurs et où à n’en pas douter d’autres régions vont s’engouffrer».
Une académie qui par ailleurs, il s’en réjouit, concentre d’excellents résultats en terme de réussite aux examens et se place même régulièrement en tête de classement pour les résultats du baccalauréat. Mais qui n’est cependant malheureusement pas épargnée par le décrochage scolaire, « Un décrochage lié en partie au territoire qui nécessite une forte mobilité, donc des moyens! Nous avons aussi une marge de progression, sur l’enseignement professionnel et technique notamment, avec un effort d’adéquation à fournir entre l’offre d’orientation et les besoins en terme d’emploi. »
La réussite pour tous
Car l’école idéale pour le recteur, ne doit laisser personne au bord du chemin. « Cette vision d’école inclusive est bien plus facile à énoncer qu’à mettre en œuvre ! Nous avons encore d’énormes progrès à accomplir pour scolariser tout le monde, je pense par exemple à l’accueil d’enfants porteurs de handicap ou ceux non francophones, c’est encore extrêmement compliqué. » Dans cette dynamique d’accueil, l’académie de Corse a là aussi son rôle à jouer. Philippe Lacombe se félicite ainsi d’avoir pu signer cette année 200 diplômes d’études en langue française, pour des élèves entre dix et vingt ans. « Un petit diplôme, certes, mais hautement symbolique en terme d’intégration linguistique et culturelle. » Ainsi, dans la continuité de ceux qui l’ont précédé et quelque soient les changements et politiques mises en œuvres, ou encore leviers et moyens accordés, la philosophie reste la même, faire réussir tout le monde !
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