GFCA ET POURQUOI PAS ?

HANDBALL

Alors que le GFCA s’apprête à défier le géant parisien au Palatinu en 8e de finale de la Coupe de France, le président du club ajaccien, François-Xavier Ripoll, ne perd pas de vue l’objectif principal : la montée en Nationale 1. Un travail de longue haleine pour le club et ses équipes plus décidées que jamais à faire renouer le GFCA avec le succès.

Propos recueillis par Caroline Ettori

À quelques jours de la rencontre décisive face à PSG, dans quel état d’esprit êtes-vous ?

Je ne dors pas depuis 10 jours ! Je ne suis pas vraiment dans le plaisir. Nous n’avons que 1 600 places au Palatinu et tout est déjà complet depuis longtemps. Le site Internet Corse Billet qui a géré les ventes a enregistré plus de 3 200 clics en 20 minutes. En tout, ce sont plus de 7 000 demandes. Les gens se tournent vers moi mais je ne peux rien faire. Je regrette que certains habitués n’aient pas pu avoir de places parce que d’autres veulent seulement voir Paris ou ont acheté des places par dizaine.

Et d’un point de vue sportif, on imagine que la tension monte…

Je n’ai pas de limite. Quand on a rencontré Montpellier en 2001, j’étais alors joueur, c’était la meilleure équipe du monde et à la fin, on fait match nul. Avant le match contre Aix, je suis descendu voir les joueurs et je leur ai dit clairement qu’en face, c’était des gens comme nous. C’est celui qui a faim qui gagne le match. Paris est la meilleure équipe du monde avec les meilleurs joueurs du monde, des internationaux, à chaque poste. Recevoir le PSG implique une autre logis- tique, un service de sécurité de 30 personnes,
des réunions préparatoires… Mais pourquoi n’arriveraient-ils pas blasés ou fatigués par le championnat d’Europe. On disait que c’était impossible de battre Aix, qu’aucune équipe de Nationale 2
n’avait battu une équipe de 1re division en 40 ans, et pourtant. On joue avec nos atouts. C’est un match et s’il doit se gagner, ce sera grâce au collectif : les joueurs et les spectateurs.

Y aura-t-il une préparation particulière ?

Je ne vais pas parler pour l’entraîneur mais je ne pense pas. Ils regarderont peut-être des vidéos… Pour ma part, je voudrais qu’ils gardent des souve- nirs de cette aventure. En tant que joueur, j’ai quasiment tout oublié des moments forts que j’ai vécus. C’est pourquoi j’ai demandé à un vidéaste, Max Chouraki, de les filmer pendant une semaine : dans leur quotidien, durant la prépa- ration, l’avant-match, l’arrivée au Palatinu où d’autres surprises sont prévues… Chacun aura son film. Je veux leur offrir ça et pourquoi pas le projeter par la suite au cinéma l’Ellipse.

Le GFCA réalise une très belle saison, un parcours exceptionnel en Coupe de France. Le club va mieux sans aucun doute…

J’ai de la chance d’être président de ce club. Avant ça, j’ai fait partie de cette génération de joueurs, aux côtés d’autres Ajacciens et insulaires comme Patrick Mondoloni, Christophe Gianni ou Stéphane Carles, qui a accédé à l’élite. Nous sommes restés en première division de 2000 à 2003 après avoir gravi les échelons un à un. J’étais là aussi lorsque nous sommes redescendus en 2e division en tant que capitaine durant quatre saisons. Par la suite, j’ai entraîné l’équipe régionale avec laquelle nous avons décroché le titre de champion de Corse et remporté la Coupe de Corse. Puis, en duo avec Gilles Franceschini, nous avons coaché la Nationale 1 avec pour objectif, le maintien. Ce que nous avons fait. Il est vrai que de 2013 à 2015, le club a connu de grandes difficultés financières et une crise de confiance avec la présidente de l’époque. J’ai pris mes fonctions en 2015, l’année des 50 ans du club. On m’a poussé à accepter car j’estimais ne pas avoir le profil : je dois m’occuper de mon entreprise et je ne suis pas vraiment diplomate ! J’ai posé une condition : avoir mon équipe autour de moi. Je suis en fait co-président avec Jean-Paul Blandino. Jean-Luc Pietri, Yannick Peccoux et Alain Cazorla sont les vice-présidents, Lucien Rossi, Stéphane Bonnafoux, Jean Feibelman, Alexandra Breton, Rose-Marie et Ludovic Gaffory, Éric Tedde, Marie- Luce Casili ou encore Pierre Pietri et Jean Castel forment le bureau. C’est une équipe extraordinaire et passionnée sans laquelle je ne pourrais pas faire grand-chose. Aujourd’hui, le GFCA est redevenu le premier club de Corse avec plus de 200 licenciés et c’est une vraie fierté.

Quel est votre projet pour le club ?
Je voudrais vraiment structurer le club en misant notamment sur la formation. Je vois comment le handball a évolué en Corse. Et j’ai tiré les leçons du passé. Lorsque nous étions en 1re division rien n’a été fait pour préparer la suite ou organiser la formation des plus jeunes. Résultat : une fois notre équipe partie, le club n’a pas su se maintenir et a coulé. Aujourd’hui, Abdelatif Frik qui joue chez nous depuis huit ans, ancien international algérien et entraîneur diplômé, s’occupe de la formation, des moins de 9 aux moins de 17. Quant à l’international ukrainien Dimitri Provornikov, il est chargé d’élaborer une feuille de route pour toutes les catégories.

La nouvelle génération semble prometteuse…

Très prometteuse ! Le Comité olympique corse (COC) regroupe les meilleurs joueurs de moins de 17 des clubs insulaires. La moitié des joueurs sont formés par le GFCA et certains moins de 15 sont déjà prêts à intégrer le COC ! Aujourd’hui, notre objectif est de rester premier partout, des moins de 9 au Nationale.

En conclusion, quelle est votre ambition pour cette équipe de Nationale ?

Je sais que les joueurs ont la tête à Paris, c’est normal. Mais mon objectif est la montée en Nationale 1. L’année dernière, nous ne sommes pas montés pour un but à l’avant-dernier match. Il faut rester concentré là-dessus. Je serais plus fier de changer de division que de battre le Paris- Saint-Germain. La montée serait dans la continuité de notre action alors que Paris serait un exploit. Nous serions sous les feux des projecteurs pour 10 jours, un mois ? Et après ? Si nous accédons à la Nationale 1, nous aurons la possibilité de faire monter notre équipe régionale en Nationale 3, à condition d’être champion de Corse bien sûr. Cela nous permettrait d’intégrer des jeunes de 17 ans à cette équipe. Ils prendraient de l’expérience dans un championnat national. Nous avons largement le niveau pour la division supérieure. En Nationale 2, nous rencontrons tous les centres de formation des équipes de l’élite. Et comme j’aime les challenges, pourquoi ne pas penser à la 2e division d’ici quelques années ?

 

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