Elle met la mode sens dessus dessous
Passionnée par la mode sous « toutes ses coutures », c’est un peu parce qu’il lui fallait se positionner sur un secteur de création que Vannina Vesperini s’est tournée vers la lingerie. Mais dès le début de son parcours, elle en a cassé les codes et en a fait un vêtement à part entière.
Par Karine Casalta
La créatrice s’est en effet, depuis sa formation, toujours située dans l’ambiguïté. Ses collections, délicates et féminines, volontiers inspirées du glamour des actrices hollywoodiennes des années 50, ont toujours été difficiles à caser. Ni tout à fait lingerie, ni tout à fait prêt-à-porter, le «dessous dessus» est ainsi devenu l’ADN de sa maison qui fêtera ses vingt ans cette année.
Ce goût pour la couture, elle l’a développé dès l’enfance. Sous l’œil bienveillant de sa grand-mère, elle coud des robes pour ses poupées, puis en grandissant, ses premières robes de soirée. Un passe-temps qu’elle n’envisage pas encore comme un métier. Elle se destine en effet aux langues orientales. Mais voyant sa passion, le père d’une amie, styliste, lui suggère alors de faire une école de stylisme. Encouragée par ses parents, elle se lance ainsi dans cette voie et intègre l’école de couture parisienne Esmod. C’est une révélation, un épanouissement immédiat. « J’ai eu le sentiment profond que j’étais dans mon élément ! C’était le début de ma vie, plus qu’un travail, c’était une passion et elle ne m’a plus quittée ! »
L’originalité d’un concept
Elle en sortira en 1993, avec déjà son concept : le dessous dessus, qui va révolutionner l’univers de la mode, en faisant sauter les frontières entre lingerie et prêt-à-porter. En effet, sous son impulsion, la lingerie, essence même de la féminité, devient un vêtement à part entière et peut enfin se montrer ! Un concept original et précurseur qui sera bientôt largement repris. Après ses premières expériences professionnelles chez Sabbia Rosa, les Nuits d’Élodie et Boléro notamment, elle est repérée en 96 à l’occasion d’un défilé à New York par une acheteuse de Takashimaya, célèbre chaîne japonaise de grands magasins, qui lui commande quelques modèles pour son point de vente new-yorkais. Alors sans structure officielle, elle crée sa marque en urgence pour être en mesure d’assurer ce premier contrat. Ses créations s’écoulent en quelques jours à peine! Un premier succès outre-Atlantique qui se confirme avec la distribution de sa marque chez Neiman Marcus et Bergdorf Goodman. À partir de là, tout s’enchaîne. Les succès se multiplient ainsi que les premières boutiques en nom propre à Paris, Saint-Tropez et Ajaccio.
La soie, la dentelle et la couleur, sans oublier «le top» bien sûr, qu’elle a inventé, sont sa marque de fabrique. Ses créations remportent un vif succès et séduisent aussi bien les clientes que la presse féminine et le monde de la mode.
Un incroyable optimisme
Mais en 2011, elle doit faire face aux aléas du monde de l’entreprise et pour mettre fin à de mauvaises associations doit fermer l’ensemble de ses boutiques. Tout aurait pu s’arrêter là, mais c’était sans compter la persévérance et la foi à toute épreuve que la créatrice place dans la vie. « Je n’ai pas peur, ça aussi je le tiens de ma grand-mère ! Malgré les épreuves, j’ai toujours confiance, je sais que je vais m’en sortir. Les embûches permettent d’avancer.»
Elle a donc tout reconstruit. Une pugnacité récompensée puisqu’on retrouve aujourd’hui sa marque dans le monde entier, de Paris jusqu’à Shangaï où elle inaugurera en mai sa première boutique chinoise.
Elle participe également via son studio de création à de nombreuses collaborations, tant dans l’univers du textile, pour Monoprix, Etam, Manoush, Descamps, ou encore le géant Victoria’s Secret que pour de nouveaux univers de création comme les parfums avec Annick Goutal ou la décoration avec Sarah Lavoine, qu’elle souhaite encore développer. Et depuis peu, Vannina Vesperini décline aussi ses collections en version sur-mesure, via une application et une boutique en ligne.
Car c’est bien une énergie sans faille qui anime la créatrice, maman de quatre enfants, mue par sa passion qui l’entraîne et la fait avancer. C’est ce désir, cette envie qu’elle aimerait leur transmettre aujourd’hui « Vivre une passion qui donne du sens à sa vie, c’est ce qu’on peut communiquer de mieux à ses enfants. La vie, c’est avoir envie!»
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