Levi Pinson – Mazel Tov*

Portrait

À peine âgé de 27 ans, Lévi pinson est le premier rabbin Loubavitch de Corse. A ce titre, il anime depuis près de 2 ans, avec son épouse, le centre Beth Habad, lieu de rassemblement et de partage, qu’il a crée à Ajaccio pour répondre aux besoins de sa communauté.

Par Karine Casalta

C’est avec beaucoup de coeur que le jeune rabbin s’est saisi de cette tâche, point de départ essentiel à la vaste mission dictée par sa foi. Car le mouvement Loubavitch, né il y a 250 ans à Lioubavitchi, un village de l’actuelle Biélorussie, se donne en effet pour objectif de ramener vers le judaïsme les juifs installés à travers le monde, grâce à l’envoi d’émissaires aux quatre coins de la planète.

Parfois perçu comme ultra orthodoxe eu égard à un mode de vie rigoriste qu’il impose – ce dont le rabbin se défend – le hassidisme « Habad » (acronyme hébreux de compréhension, sagesse et savoir), fondé sur la philosophie hassidique et la kabbale, prône une approche profonde et mystique du judaïsme, basée sur l’étude de la Torah. « Nous suivons strictement les règles imposées par la religion hébraïque!»

Une organisation dynamique

Emmené par le Rabbi Schneerson,  le mouvement s’est implanté au moment de la 2nde guerre mondiale aux Etats-Unis. « A partir des année 50, des émissaires ont été envoyés à travers le monde, notamment dans les communautés d’Afrique du nord, pour permettre aux personnes d’origines juives, qui par l’assimilation à la société se sont peu à peu écartées de leur traditions, de retrouver leur identité juive et leurs valeurs. Mon grand-père, russe, qui était l’un des premiers représentants du mouvement aux États-Unis, a été le 2ème émissaire envoyé au Maroc pour y créer des écoles et y renforcer la communauté, avant d’être muté en Tunisie ». Par la suite, son père, le Rabbin Yossef Pinson, sera à son tour envoyé à Nice, ou Levi est né. De là, le mouvement s’est étendu sur la côte d’azur jusqu’en Corse, où des étudiants venaient l’été, pour rendre visite aux juifs de Corse. C’est de cette façon que, le jeune Rabbin a connue l’île.  « Depuis l’âge de 18 ans je m’y rendais l’été, envoyé avec d’autres jeunes pour des missions dans les villages à la rencontre des Corses d’origines juives « .

Servir comme émissaire

Poursuivant la tradition familiale, il s’est ainsi engagé depuis sa tendre jeunesse dans la voie rabbinique, sans jamais songer à suivre un autre chemin. Après plus de 10 ans d’études effectuées en majeure partie aux Etats-Unis, validées par le titre de Rabbin, le jeune homme, marié et père de deux enfants, se consacre désormais aujourd’hui à sa mission en Corse. Vêtu selon les règles relatives à sa religion, d’un pantalon et veste noirs portés sur une chemise blanche, la tête couverte d’un chapeau en feutre également noir et portant la barbe longue, il s’emploie à dynamiser au quotidien la communauté juive à travers le Beth Habad, qu’il a crée en 2016. Grâce à ce centre communautaire qui permet la mise en place de l’enseignement, la célébration des offices religieux, l’organisation du Shabbat, et propose aussi une épicerie casher, il ambitionne de permettre à la communauté juive de se structurer et se développer.

Encourager le judaïsme

Car paradoxalement, si la Corse a accueilli de nombreux juifs au cours de son histoire, peu de choses existaient jusque là, hors Bastia qui abrite l’unique synagogue de l’île, pour permettre aux juifs de corse de célébrer les rites et vivre leur foi. « Le centre joue aussi un rôle d’ambassade auprès de touristes juifs qui souhaitent pouvoir vivre pleinement leur religion en vacances » explique t-il, « ils s’autorisent désormais à venir, assurés qu’ils trouveront sur place des réponses à leurs besoins, notamment des produits cashers ». Dans ce but, un Beth Habad provisoire est aussi ouvert l’été à Porto-Vecchio, qui pourrait devenir permanent, envisage t-il, si un jour la demande est suffisante. Et selon lui, cette fréquentation touristique est en constante augmentation! « Les touristes juifs sont de plus en plus nombreux à venir sur l’île, d’autant plus que l’accueil qui leur est réservé est toujours chaleureux. » Et de souligner « Nous ne ressentons ici aucun sentiment d’antisémitisme,  mais au contraire beaucoup de bienveillance. Les relations sont très positives avec l’ensemble des communautés. C’est ainsi qu’en décembre dernier était célébrée pour la 1ère fois publiquement en Corse la fête de Hanouka (fête des lumières) en présence des représentants des diverses communautés religieuses de l’île. Et peut être le signe d’un nouvel élan donné à la communauté juive de « l’île des justes ».

 

*« Mazal Tov » interjection hébraïque pour souhaiter à une personne d’être accompagnée d’une bonne étoile

 

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