Mare Vivu – Défenseurs de la mer patrie
Pollution plastique record, surpêche, réchauffement des eaux et intrusion d’espèces invasives… Avec seulement 1% de la surface des océans, la Méditerranée accueille 15% de la biodiversité marine connue dont plus de 30% d’espèces endémiques, pour la plupart menacées d’extinction. C’est dans ce contexte particulièrement préoccupant que les actions de l’association Mare Vivu parviennent à mobiliser d’autant que le littoral insulaire est pleinement concerné.
Par Petru Altiani
Originaire de Pinu, dans le Cap Corse, Pierre-Ange Giudicelli a toujours eu un rapport très intime avec la mer et plus largement la nature. « J’ai passé mon enfance à explorer un littoral sauvage, de crique en crique, à la découverte d’espèces fascinantes de richesse et de diversité », explique-t-il, lui qui exerce aujourd’hui la profession de plongeur scaphandrier.
« C’est en faisant mes études d’archéologie sous-marine sur le continent, à Paris, que j’ai pris conscience avec le recul de la fragilité de ce paradis vivant. »
Et d’ajouter : « J’ai assisté à ma petite échelle à la conversion d’un paysage ; les déchets se sont faits de plus en plus omniprésents, les espèces patrimoniales plus rares au profit de nouvelles espèces venues de mers plus chaudes, des méduses… »
À Paris, Pierre-Ange Giudicelli a fait la rencontre d’Anthony-Louis Fusella, ingénieur en systèmes embarqués électroniques et informatiques de son état. « Lui aussi partageait la même vision et le goût de l’aventure », confie-t-il, « nous avons donc décidé de trouver une solution pour passer à l’action ».
Inspirés par les grandes expéditions scientifiques environnementales, tous deux ont fondé au printemps 2016 l’association Mare Vivu comme une manière d’articuler sciences, sensibilisation et challenge sportif et permettre à des jeunes motivés de s’investir pour l’environnement marin en Corse à travers une aventure complètement inédite.
« La démarche de Mare Vivu est au fond très simple ; nous collectons des données sur le terrain qui nous servent de témoignages concrets pour informer le public sur la situation réelle de la Méditerranée », poursuit le président Pierre-Ange Giudicelli. « Dans une perspective de démocratisation du savoir scientifique, nous faisons le lien entre les recherches scientifiques les plus récentes et le grand public à l’aide de conférences et de projections de films qui sont régulièrement organisées par l’association. »
Missions scientifiques
En effet, le choix de diffuser et de contribuer à plusieurs programmes de sciences participatives n’est pas anodin car il permet à Mare Vivu de développer une double vocation chère au cœur des deux fondateurs : celle d’améliorer des connaissances scientifiques grâce à l’affluence des données de terrain, et celle d’inciter les contributeurs à se plonger dans l’étude des écosystèmes et d’évoluer vers des pratiques plus respectueuses.
L’association s’est construite avec une première mission, baptisée CorSeaCare et devenue, depuis, le projet phare de Mare Vivu. Il s’agit d’un tour de Corse d’un mois avec une embarcation insolite – un kayak trimaran à voile propulsé par des pédales – pour collecter des données scientifiques sur les espèces et la pollution marines au profit de centres de recherches tels que l’Institut français de recherche pour l’exploitation de la mer (Ifremer) et le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), tout en réalisant des actions de sensibilisation fun et originales lors des escales à terre : projections de films, ateliers pédagogiques, nettoyages de plage, conférence.
Réveiller les consciences
Pour l’association, la saison estivale est l’occasion de sensibiliser massivement le public et la mission CorSeaCare est un véritable condensé opérationnel. C’est l’aboutissement d’une année entière d’expérimentation et de préparation, qui mobilise plus d’une cinquantaine d’acteurs d’horizons divers. « Durant la mission CorSeaCare, nous appliquons ainsi sur un mois d’aventure en mer toutes les actions et les outils qui ont pu être inventés et testés tout au long de l’année », souligne Pierre-Ange Giudicelli.
« En Corse, même si l’on peut dire que le littoral est actuellement plutôt préservé par rapport à la majorité des rives méditerranéennes, notre île partage et subit les mêmes types de pressions que ses voisins méditerranéens. »
« Fin 2018, un parasite a causé une forte mortalité des populations de grandes nacres en Espagne. Dès le début 2019, la Corse a subi à son tour de plein fouet une véritable hécatombe ; 99% de mort subite, liée au même parasite. »
Retrouvez la suite de cet article dans Paroles de Corse du mois de mai en vente sur www.parolesdecorse.fr/mai-2019/
Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.