La traversée des cinq déserts

Le retour du héros

Par Caroline Ettori

Au départ, il y a bien sûr le goût de l’effort et du défi. L’envie de se dépasser et la détermination de faire ce qui est juste. Alors que les valeurs d’engagement et de partage sont de plus en plus volatiles, le sport est-il le meilleur vecteur de la solidarité ? Après avoir affronté la traversée des cinq déserts qui l’a amené successivement en Mongolie, au Pérou, en Antarctique, en Nouvelle-Zélande et en Namibie, Christophe Santini revient avec une 5e place au classement général et le sentiment du devoir accompli. Défi réussi.

Tout juste rentré de ses tribulations, Christophe Santini a du mal à se tenir loin de l’action. D’autant plus si c’est pour la bonne cause. Rien d’étonnant donc à ce que cet athlète de l’extrême se tienne aux côtés de Pascal Olmeta pour son Match des Légendes. C’était le 27 mai dernier au Stade Chaban-Delmas à Bordeaux et la rencontre a vu s’affronter, amicalement bien sûr, les plus grands noms du football et du rugby au profit de l’association « Un sourire, un espoir pour la vie » qui permet aux enfants malades et à leur famille d’échapper, le temps d’un voyage, à leur quotidien.

Un engagement cher à Christophe Santini qui vit ses défis sportifs à travers leur dimension humaine et solidaire. Cela a d’ailleurs été le cas pour la traversée des cinq déserts. Une course folle qui bat tous les records : cinq continents, 1 250 km parcourus en autosuffisance et 10 mois d’engagement. Un défi plus que réussi pour l’insulaire qui restera à jamais le premier Français à avoir bouclé ce tour du monde en décrochant au passage une 5e place au classement général, une 3e place en Namibie et remporté l’épreuve néo-zélandaise. Retour sur cette année d’efforts et de rencontres.

« L’engagement de départ était de finir ce périple mais l’aspect “compétition” est arrivé assez rapidement », confesse le sportif qui se remet d’une inflammation du tendon d’Achille. « Les petits bobos et la blessure m’ont fait un peu douter mais le mental a pris le dessus. » Un mental qu’on imagine d’acier pour venir à bout de l’aventure hors norme. Pour chaque épreuve, Christophe Santini a dû courir entre 40 et 80 km par jour pendant 6 jours, le tout en transportant un sac de 7 à 8 kilos. Pourtant l’insulaire ne retient que le plaisir. « L’effort, les conditions de vie ne sont pas des choses que je redoutais. J’étais bien préparé et me sentais prêt à les affronter d’autant plus que quasiment tous les compétiteurs sont logés à la même enseigne. Nous devons nous adapter rapidement à l’environnement. »

Des conditions extrêmes

Un environnement très différent d’un désert à l’autre. « Nous avons été confrontés à toutes les conditions possibles. La Mongolie était très venteuse et très pluvieuse alors que l’Atacama est un des déserts les plus arides du monde avec des températures frôlant les 47°C et un relief façonné par les dénivelés. Cela restera l’une des épreuves les plus dures à gérer. D’autant plus qu’il a fallu passé aux -40°C en Antarctique… La Nouvelle-Zélande présente de nombreuses ressemblances avec la Corse. Ayant pour habitude de me préparer en montagne, je me suis rapidement adapté à cet environnement. C’est l’une des raisons de ma victoire. Enfin, la Namibie comme ultime épreuve a été particulièrement difficile. J’étais blessé et je ne pensais qu’à franchir la ligne d’arrivée. Une vraie pression sous une grosse chaleur pour un parcours très roulant composé de 80% de plat. » Sans compter sur la sagacité des organisateurs qui ont eu la bonne idée de convier 20 coureurs, vainqueurs d’ultra race, pour ce dernier rendez-vous. « Le niveau était extrêmement relevé. C’est aussi là que le mental prend le relais. Quand le physique est très entamé, la volonté permet d’appréhender pas mal d’obstacles et de gérer les coups de moins bien. »

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