Don Pierre Alessandri, le nouveau visage de l’ADEC 

Rencontre

Par Anne-Catherine Mendez

Don Pierre Alessandri est le nouveau directeur de l’Agence de Développement Économique de la Corse, il souhaite faire de cette entité, une pièce maîtresse de l’environnement économique des entreprises insulaires. Portrait d’un économiste expérimenté, qui mise sous l’impulsion du président Alexandre Vincinguerra, sur la production locale de biens et de services comme potentiel de développement.

Une question des plus classiques, quel est votre parcours ?

J’ai grandi à Bastia, où j’ai vécu jusqu’à l’obtention de mon baccalauréat. Puis je suis parti, comme beaucoup d’étudiants corses, sur le continent. J’ai intégré une prépa HEC au lycée Cézanne à Aix-en-Provence. J’ai suivi ensuite le parcours classique qu’offre une école de commerce en rejoignant la SKEMA Business School où je me suis spécialisé dans les domaines économiques et financiers. Jeune diplômé, j’ai travaillé à Londres au cours de la première année de ma vie professionnelle. L’ouverture d’esprit que suscite le fait de quitter la Corse est atout que l’on peut mettre au service de notre territoire quand on y revient. Par la suite, j’ai eu l’opportunité de rejoindre le Crédit Agricole de la Corse en intégrant un groupe international, sur un territoire auquel je suis viscéralement attaché. L’expérience s’est étendue de 2004 à 2010. Ensuite, j’ai de nouveau éprouvé l’envie de me confronter à d’autres environnements. La Corse est un port d’attache, dans lequel je ne conçois pas de ne pas revenir, mais j’ai la conviction qu’il est utile de s’enrichir d’autres usages et cultures pour contribuer à l’évolution de son territoire. J’ai ainsi progressé dans mon projet professionnel en rejoignant à Paris le Crédit Agricole SA, organe central du Groupe. J’y ai rencontré une émulation très stimulante et exercé notamment un métier passionnant. 

C’est-à-dire ?

J’ai assumé les fonctions d’économiste au sein d’une grande banque. Compilation d’informations, analyses, rédaction de notes et de rapports sont devenues mon quotidien et je me suis épanoui dans ces activités. Libéré des contraintes opérationnelles, j’avais le temps d’approfondir mes réflexions. Pour autant cela m’a amené à prendre conscience que j’avais la volonté de me rapprocher à nouveau du terrain. Je suis une personne de conviction, le management est pour moi un levier fort pour les mettre en œuvre et avancer plus vite. C’est pourquoi j’ai donné une nouvelle impulsion à ma carrière en m’orientant vers le management d’équipe et la gestion de projets. Le Crédit Agricole est une entreprise qui offre de nombreuses opportunités et j’ai saisi en 2015, celle de revenir en Corse, mon point d’ancrage. S’investir professionnellement sur son territoire est pour moi la meilleure façon de se mettre au service de son développement et de son avenir. 

En février 2022, un nouveau défi s’est présenté : celui de prendre la direction générale de l’ADEC. Une suite logique qui s’inscrit autour de trois piliers qui forgent mes convictions professionnelles : être au service de son territoire, déployer une expertise dans l’analyse économique et financière, participer à la construction d’un outil opérationnel de la politique de développement économique. 

Ecunumia 2030 est le nouveau défi économique de l’exécutif, quel est donc votre rôle ? 

Mon rôle n’est pas de définir la stratégie politique de l’ADEC, même si je ne prive pas d’exprimer mon analyse ou mes convictions. Les élus ont donc défini à travers la voix du président l’orientation économique de la mandature qui est de soutenir et d’encourager la production locale de biens et de services. La Corse a besoin de se doter d’une capacité à se développer dans différents domaines. Ces domaines ont été définis à travers la révision du schéma régional de développement économique votée en juillet dernier. Le déploiement efficace du Schéma Régional de Développement Économique, d’Innovation et d’Internationalisation de la Corse (SRDEII) repose donc sur des méthodes d’allocation d’aides publiques déclenchées, non plus sur la seule complétude administrative des demandes d’aide, mais plus largement sur la pertinence de création, de reprise ou de développement de projets individuels ou collectifs de production. Ecunumia 2030 a une ambition de contribuer à construire l’économie de la Corse de demain et répondre à moyen terme aux grands défis globaux et particuliers auxquels la Corse est confrontée. La façon dont cela se décline auprès des entreprises doit être efficace, utile et concrète. Les bonnes idées ne suffisent plus, elles doivent être en adéquation avec les besoins du territoire. L’agence doit être dans l’exécution, la proactivité et l’accompagnement du porteur de projet. 

Avez-vous connu l’échec ?

Je n’ai pas de sensation d’échec, Je suis de nature positive. Le seul regret serait peut-être de ne pas avoir réalisé bien plus tôt à quel point les expériences, notamment à l’étranger, nous enrichissent tant sur le plan personnel que professionnel.

Votre fierté ?

Ma plus grande fierté est d’élever mes enfants en Corse. J’ai réussi à concilier la construction d’une famille dans le lieu qui me tient à cœur et l’évolution de ma carrière.

Enfin, avez-vous une devise ?

Ma devise est celle que je répète souvent à ma mère : chaque médaille a son revers. (rire)

Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.