La poétique d’Elisa di Gio

SON RÉPERTOIRE DE PIÈCES INÉDITES ET DÉLICATES RELÈVE D’UNE DÉMARCHE DE CRÉATION INTIME, ORNÉE DE PUDEUR. EN ELLE, L’ART SE VIT PARTOUT ET ABRITE DES FORMES PLURIELLES. EN RÉPONDANT À NOS QUESTIONS, ELISA DI GIÒ A BIEN VOULU NOUS LIVRER, FINALEMENT, UN PEU D’ELLE-MÊME. LUMINEUSE ET CORSE INCARNÉE.

Par Laura Benedetti

Bonjour, qui êtes vous?

Compliqué de parler de soi-même ! La tendance étant à l’autopromotion mais n’étant définitivement pas ma façon d’être. Pour l’exercice de cet article, rédigé par une personne dont j’aime énormément la plume, je commencerais par une description naturelle et commune. Je m’appelle Elisa Mattei, je suis née à Bastia, mon père est originaire du Nebbiu et ma mère de Bastia. Je suis ingénieur foncier et suis également à l’origine du projet «Elisa Di Giò» que je porte depuis mes 24 ans.

Où vivez-vous?

Je vis en Corse, dans le Cap Corse.

Quel est le parcours qui vous a menée jusqu’au projet de vos créations?
Une passion plus qu’un parcours, un besoin de création quasi permanent, mon caractère passionné, contemplatif et admiratif de tout ce qui peut être une forme d’art, certainement. Que ce soit le dessin, la musique, la photographie, l’écriture, je n’ai jamais mis de frein à ma créativité considérant que tout est étroitement lié. Je n’ai pas voulu choisir entre mes études scientifiques et mes aspirations artistiques. C’est la direction que j’ai souhaité donner à mon projet. Une cellule créative plurielle, sans bornes. Il y a ma passion première pour le dessin puis tous les projets que je porte autour d’Elisa Di Giò avec une esthétique qui m’est propre. Une vision orientée par la féminité, la culture qui est la mienne. Une culture qui n’est pas feinte ni empruntée, mais vécue et transmise.

Ce projet date de quand?

Le projet date de 2015.

Quelles sont vos sources d’inspiration ?

Mes sources d’inspiration sont vastes, comme je le disais elles vont de la musique au cinéma en passant par la littérature mais sont toujours orientées autour de ma passion pour le dessin, pour mon île et la culture méditerranéenne de façon plus large. Cela étant dit, je ne me fixe pas de limite. Je suis fière de mon identité et suis aussi très ancrée dans le présent, dans ma génération.

Quel est votre processus créatif ?

Tout commence par le dessin – en musique – souvent le regard, les yeux, ce qui à mon sens transmet les émotions sincères. Les portraits que je décline sont souvent ornementés des espèces endémiques insulaires, de la faune et de la flore locales sacralisées, inspirés des histoires, des légendes, de ma religion qui rythme également mes créations. Puis il y a les motifs dessinés que j’agence pour l’impression des pièces précieuses façonnées en atelier. On y retrouve les basiques à porter Elisa Di Giò, chemises et carrés de soie notamment. Il y a les lithographies, ma galerie de portraits en noir et blanc, aux couleurs du drapeau. Puis il y a les pièces d’art originales, les jarres en terre cuite que je grave de mes dessins. Aussi, il y a les collaborations que je choisis, des talents, des muses que j’aime découvrir et inclure dans la démarche. Dans le projet Elisa Di Giò, il y a deux valeurs que j’espère réussir à porter: la tradition ET de la modernité.

Quels sentiments vous procure ce travail ?

De la joie, de la sérénité, le partage autour de ce projet qui est beau, l’émulation qu’il crée est unique. Il y a énormément de rencontres et d’échanges. Puis le retour des gens qui

nous connaissent, qui nous suivent depuis le début pour certains avec qui je tisse des liens forts. Certes, je ne choisis pas les procédés communs, mais c’est ce qui fait aussi, je pense, la particularité que je veux y mettre. Privilégier la cohérence et les émotions brutes.

Comment est née la collaboration avec Mona ?
Je travaille souvent avec des photographes très talentueux. Je suis tombée sur le travail de Mona et ai tout de suite apprécié son approche. Elle a une sensibilité unique et un talent réel, ses images sont cinématographiques et la collaboration s’est faite de façon très naturelle. Je sais également son attachement sincère pour la Corse. Nous partageons des idées communes et j’étais vraiment heureuse de l’inclure dans le projet Elisa Di Giò, son premier sur l’île, un symbole pour elle et une réelle joie pour moi.

Quels sont vos projets en cours et futurs ?

La création, toujours la création. De nouvelles lithographies, de nouveaux portraits, de nouveaux supports, de nouvelles pièces à porter, des événements prévus en Italie et sur Paris. Très récemment, j’ai été contactée pour la réalisation d’un clip musical pour un groupe que j’affectionne particulièrement. Un nouvel exercice pour moi et un réel challenge que j’ai accepté. Chaque image doit être étudiée, posée sur les notes au plus juste de l’histoire racontée et toujours en cohérence avec l’esthétique qui est la mienne.

Quelle devise vous anime?

«Pane è pernice robba di casa un si ne dice» Ce n’est pas une devise mais je dirais plutôt un proverbe que j’affectionne particulièrement qui est une ode à la discrétion et à la pudeur. Des valeurs rares et infiniment précieuses.

À quoi rêvez-vous?

La liste est bien trop longue 🙂

Quelle Corse aimez-vous? À quelle Corse aspirez-vous ?
Une Corse riche de sa culture, de son histoire, de son patrimoine et de son peuple. Une Corse qui crée, qui entreprend, qui ose et qui rayonne ici et ailleurs.

www.elisadigio.com @elisadigio

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