TERROIR Sì passa qualcosa

UNA SOLA RICCHEZZA : A TARRA

Maraîchage, horticulture, arboriculture, aménagement paysager… autant de formations disponibles à présent pour développer l’agriculture au sens large du terme en privilégiant ces secteurs d’activités sans négliger l’élevage.

Par Vannina Angelini-Buresi

Voici un projet que porte déjà le Campus Corsic’Agri, plus connu sous le nom de lycée agricole de Borgu, mais appelé ainsi depuis deux ans. Il y a évidemment une différence entre les filières proposées par le lycée et les formations que propose le campus. Ces dernières peuvent se suivre en continu avec des stages, ou en apprentissage sur une exploitation déjà existante. Le campus comprend 4 centres de formation: le lycée agricole, le CFA agricole (centre de formation d’apprentis agricole), le CFPPA (centre de formation professionnelle et de promotion agricole) et l’exploitation agricole. Si pendant un temps les héritiers de familles agricoles se formaient pour reprendre l’exploitation de leurs aînés, aujourd’hui ce sont aussi des personnes en reconversion professionnelle qui sont attirées par les métiers de la terre. Prise de conscience, besoin d’être en lien avec la nature, cultiver, découvrir les richesses dont notre sol regorge, sont autant de facteurs qui séduisent. En connexion avec le lieu et l’environnement. C’est exactement ce que propose par la voie de ces brevets différents BPA (brevet professionnel agricole), le Campus Corsic’Agri de Borgu et la directrice de la formation professionnelle continue et par apprentissage, Marylin Richard.

RÉPONDRE AUX BESOINS D’UN TERRITOIRE

Un lycée, un centre de formation pour adulte, un centre de formation en apprentissage et une exploitation agricole,

voici ce qui compose le Campus Corsic’Agri. Le BPREA (brevet professionnel responsable entreprise agricole) est le diplôme agricole commun avec le lycée agricole de Sartè qui est sans doute le plus «connu». Il permet d’avoir des connaissances en management, de pouvoir effectuer toutes sortes de démarches administratives auxquelles les futurs agriculteurs sont confrontés, apprendre à faire sa propre comptabilité, en fait à gérer son entreprise, calculer son seuil de rentabilité, etc. La Corse dispose donc de deux lycées agricoles, hormis le BPREA, les formations spécialisées sont différentes. En Cismonte, elles sont autour du végétal et celles pumuntinche concernent davantage l’élevage. Mi-octobre à Borgu s’ouvrait un brevet professionnel intitulé « responsable de production légumière, fruitière, florale et de pépinière». Par rapport au BPREA, il est plus orienté dans la pratique, trouver les bonnes semences, évaluer le sol. Un diplôme qui existe en France depuis 3 ans et initié pour la première fois cette année sur le campus. Ce diplôme niveau bac donne aussi droit à l’installation. Par ailleurs, deux nouveaux diplômes professionnels agricoles en travaux paysagers, un brevet de production agricole horticole, option maraîchage ou arboriculture débuteront en janvier 2024.

SVILUPPÀ UN’ECUNUMIA

« Ces diplômes répondent aux besoins mentionnés par le plan régional de formations de la collectivité de Corse qui après une étude de marché avec Pôle Emploi font remonter les besoins du territoire: des métiers en tension», explique la directive de la formation professionnelle du campus. Des formations courtes aussi sont proposées sur le campus au niveau de l’élagage et de l’entretien paysager et forestier, autant de formations qui sont proposées quasiment à la carte pour se perfectionner en fonction de son activité professionnelle. Une panoplie très large que propose avant tout le lycée agricole, avec plusieurs possibilités de poursuite d’étude, sa filière générale permet de s’orienter souvent vers des professions qui sont loin du milieu agricole. Les différentes options, les bacs professionnels comme le bac STAV (science technologie de l’agronomie et du vivant) qui peut déboucher sur des études de biologie, de médecine, vétérinaires ou autres encore…

 » IL FAUT ARRÊTER AVEC NOS 5% D’AUTOSUFFISANCE ALIMENTAIRE.
IL FAUT QU’ON PRODUISE. 

Stéphane Raguenet, directeur du campus

UN EXEMPLE ÉLOQUENT

Laure Antoni a 40 ans. Après un master de tourisme, elle a récemment débuté le BP responsable de production légumière, fruitière, florale et de pépinière. Laure est originaire du Nebbiu elle est actuellement à Biguglia et a eu la chance d’acquérir un terrain à Evisa. Elle a déjà planté des arbres fruitiers, expérimente le maraîchage en permaculture et envisage d’étendre son activité en proposant de l’hébergement sur son lieu d’exploitation, des chalets en bois ou des yourtes. Pour elle, nul doute n’est de mise, c’est ce mode de tourisme qu’il faut développer en Corse. Il valoriserait en corollaire les produits locaux et l’agriculture insulaire. Elle sait comme d’autres que si le maraîchage à la cote depuis quelques années, il n’en demeure pas moins que pour l’heure il est difficile d’en vivre. Il faudrait exercer une activité en complément L’avenir du tourisme et de l’agriculture en Corse se situerait-il là? Rendre les deux complémentaires? Depuis quelques années, le tout tourisme est très décrié un peu partout dans le monde. Et en Corse, il semblerait que nous ne souhaitions pas développer ce modèle économique peu ou pas maîtrisé. La préservation de la terre et de l’environnement, l’attachement à notre culture et à nos traditions agro- pastorales ne tendaient pas vers ce mode de développement. Le tourisme culturel et de qualité serait plutôt le modèle qui serait plus adapté à notre territoire et notre histoire.

Valoriser nos savoir-faire, faire la promotion de notre agriculture et de nos produits cultivés ou transformés, en proposant une activité touristique en lien et au sein de son exploitation agricole. Voilà la définition même de l’agro-tourisme et probablement la combinaison parfaite adaptée aux besoins et à la demande. La solution pour l’exploitant qui rencontre souvent des difficultés de trésorerie. Et à l’évidence une réponse à la demande d’un tourisme de qualité et d’un tourisme culturel. L’agriculture et son développement? L’objectif qu’elle retrouve la place qu’elle occupait, semble être au cœur de la feuille de route de l’orientation et la formation des acteurs économiques de demain, de la Collectivité de Corse et des différents centres de formations de l’île, l’Université de Corti. Tous réfléchissent et agissent dans ce sens. À l’Université de Corti d’ailleurs dès la prochaine rentrée 2024 un diplôme d’ingénieur agronome sera dispensé.

UN ATELIER DE TRANSFORMATION

Agriculteurs et techniciens formés, développement de l’agro-tourisme, tout s’imbrique pour rendre possible un vœu pieu, celui d’arriver à l’autosuffisance alimentaire. Une fois installé, à présent il faut produire! En vue, une structure de transformation qui approvisionnerait les cantines à proximité, en légumes et fruits transformés pour faciliter leur utilisation par les cuisiniers de collectivités. Le campus va abriter d’ici deux ans un atelier, légumerie mais aussi pour les agrumes, les plantes à parfum et autres. Une légumerie de 20 m2 expérimentale est d’ailleurs en service sur le campus depuis 3 ans, un projet expérimental de système local et durable pour approvisionner la restauration collective. Cette innovation consiste à vérifier si légumes, fruits, plantes aromatiques et médicinales pourront être transformés avec succès. Fabrication de conserves, de jus de fruits et de confitures permettra ainsi de développer la production de l’exploitation du campus. Elle sera également ouverte aux agriculteurs environnants dans un souci de rentabilisation. Est-il opportun de souligner que l’exploitation agricole du Campus Corsic’Agri est BIO. La notion d’autonomie

alimentaire de la Corse, le bien-manger et l’éducation au goût des jeunes enfants sont les motivations premières de ce projet; un atelier pour alimenter les cantines environnantes mais pas que. «Da l’Ortu à u Piattu » eccu u nome di stu bellu prughjettu, infine ghjunghje à nutrisce i nostri zitelli. A Salute in i nostri piatti. Signe qui ne trompe pas, tous les vendredis matin un marché de la production de l’exploitation du campus est organisé. Il connaît un franc succès auprès de la population environnante.

FORMER LA RELÈVE

En partenariat avec les fourragers de Corse, c’est aussi le rôle du Campus Corsic’Agri d’intervenir dans le secteur de l’exploitation céréalière afin de trouver les bonnes semences qui seront cultivées pour développer cette production et répondre à la demande locale. Un projet que Stéphane Raguenet, directeur du campus, tient à cœur, il est soucieux de mener à bien sa mission au sein du campus mais auprès de la Corse aussi. Il est à l’écoute des besoins du territoire et veut contribuer à former pour développer ce secteur d’activité, seule ressource naturelle. «La loi d’orientation agricole va

sortir bientôt, elle dira sans surprise qu’il manquera prochainement 30% de main- d’œuvre dans le secteur de l’agriculture. Le monde agricole est représenté aujourd’hui par une population vieillissante, il faut donc former la relève.» Un monde à valoriser, un milieu à promouvoir, expliquer auprès de la population, éduquer les jeunes aux métiers de la terre sont des missions que portent les centres de formations agricoles.

PORTES OUVERTES ET SALONS

Les journées portes ouvertes, les différents salons de la formation et de l’orientation organisés en Corse permettent la promotion des métiers agricoles dispensés par les deux différents campus Corsic’Agri, celui du Rizzanese et celui de Borgu-Marana. De plus, des brevets sont mis en place dans les deux prisons celle de Borgu et celle de Casabianda, à leur sortie les anciens détenus viennent souvent terminer leur cursus au sein du campus. A Tarra hè u nostru avvene sfruttemu la.

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