Francesca-Maria Valli : LA RÉALISATION D’UN RÊVE SANS FIN

Avoir une vocation pour la mode a toujours trotté dans la tête de Francesca-Maria, et ne l’a jamais empêchée d’avoir les pieds sur terre. Cela fait plusieurs années que cette talentueuse styliste vit pleinement sa passion pour l’univers du luxe. Elle vient de présenter lors de l’élection
de Miss France, la robe créée pour Miss Corse,
projet dont elle parle avec beaucoup de fierté.
Voici le portrait d’une passionnée, inspirée et inspirante
qui a relevé ce défi avec beaucoup de talent !

Par Anne-Catherine Mendez

Parlez-moi de votre parcours?

J’ai 26 ans, je suis née à Ajaccio, toute ma famille habite en Corse. J’ai passé un bac Scientifique au lycée Laetitia-Bonaparte. Passionnée par l’art, l’architecture d’intérieur et la mode, j’ai quitté la Corse à l’âge de 18 ans pour poursuivre mes études sur le continent. Pendant trois ans, j’ai intégré l’École de Condé de Nice. C’est une école d’arts appliqués qui forme aux métiers du design (design de mode, d’espace, de produit, graphisme). J’y ai effectué une MANAA (mise à niveaux en arts appliqués) puis je me suis orientée vers un BTS Design de mode. Ces études étaient pour moi une évidence. En classe de CM1, j’exprimais déjà l’envie de devenir styliste. J’étais et je suis toujours aussi très attirée par l’artisanat et la décoration. Mais la mode était pour moi comme une vocation, déjà plus jeune, je confectionnais des robes en papier recyclé, avec les rideaux de ma grand-mère. Nous organisions avec mon amie d’enfance des spectacles pour nos parents et je créais, je customisais des costumes. Je planifiais des shootings photo autour de mon village, dans le maquis, à Ajaccio. Mes amies me servaient de modèles, de muses et je m’improvisais aussi photographe. À 19 ans, j’ai fait un premier un stage au sein de la maison de couture libanaise Georges Hobeika, dans son showroom parisien. Un rêve se réalisait pour moi, celui d’évoluer pour la première fois dans le monde du prêt-à-porter de luxe et de la haute couture. Le cursus d’arts appliqués que j’ai suivi a accru ma créativité, j’ai petit à petit trouvé mon style. J’étais sûre de vouloir faire carrière dans des maisons de luxe. Après l’obtention de mon BTS, j’ai souhaité renforcer mes connaissances et mes compétences techniques. Pour cela, j’ai quitté Nice pour Paris, capitale de la mode. À l’école de la Chambre syndicale de la couture parisienne, j’ai entrepris un perfectionnement en stylisme et modélisme. À l’issue de mes études, j’ai continué mon apprentissage à travers différents stages dans des maisons de couture, comme celles d’Alexandre Vauthier et de Jean-Paul Gaultier. Dans le même temps, j’ai participé à des projets créatifs: la confection d’une robe haute couture Valentino avec une plasticienne. J’ai imaginé et confectionné une robe en déchets recyclés pour un défilé au Palais des Congrès d’Ajaccio. C’est d’ailleurs là que j’ai rencontré notre Miss Corse Sandra Bak. C’est à la fin de mon dernier stage au sein de la Maison libanaise Zuhair Murad, que j’ai décroché mon premier emploi. Je travaille actuellement comme designer dans leur bureau de création parisien. C’est une Maison connue pour ses collections haute couture qui défilent à Paris, ses robes de mariée, mais aussi pour sa ligne de prêt-à-porter de luxe. Son siège est à Beyrouth.

Aujourd’hui, vous êtes donc styliste chez Zuhair Murad, en quoi cela consiste exactement?
En effet, je suis styliste au sein de cette Maison depuis presque deux ans maintenant. Nous sommes une petite équipe à Paris donc j’ai rapidement eu accès à diverses responsabilités. Je travaille sur la ligne prêt-à-porter de luxe de la marque, et propose mes idées et dessins au directeur artistique Zuhair Murad. Je suis toutes les étapes de la collection à savoir l’élaboration de planches d’inspirations (moodboards), des gammes de couleurs, la sélection de tissus, les rendez-vous fournisseurs. Je dessine en partie les collections, mais je peux aussi être amenée à collaborer avec notre designer graphique pour des imprimés et broderies sur mesure, et d’autres développements de matières. Je communique aussi avec notre usine italienne de fabrication et me rends sur place pour suivre là- bas certaines étapes de la collection notamment pour sa fabrication et sa production. En ce qui concerne la partie communication, je participe également au shooting des collections. C’est un travail passionnant, varié et enrichissant. Je peux suivre pratiquement la collection de A à Z, et c’est pour moi une réelle satisfaction.

Vous venez de créer la robe de Miss Corse 2024, qui a été présentée lors de l’élection de Miss France, quelle a été votre ou vos sources d’inspiration?
J’ai eu plusieurs sources d’inspiration pour cette robe. Au départ, j’avais imaginé m’inspirer de nos costumes ancestraux, de nos traditions ou des pans de notre histoire, comme je l’avais fait dans le passé en rendant hommage aux confréries corses dans mon projet de fin d’études. Puis j’ai voulu être plus simple, plus authentique. Montrer la Corse, partager sa beauté, serait sa meilleure représentation. J’ai donc souhaité retranscrire l’île, mon île, celle qui me manque beaucoup et que je retrouve toujours avec les mêmes yeux émerveillés. Je me suis par ailleurs pleinement retrouvée dans les paroles de Tino Rossi et de sa chanson «Ô Corse, île d’amour». Ce couplet est pour moi l’essence même de ce projet :

«Ô Corse, île d’amour
Pays où j’ai vu le jour
J’aime tes frais rivages
Et ton maquis sauvage
J’ai vu des lieux enchanteurs Pourtant au fond de mon cœur Je t’aimerai toujours toujours Ô Corse, île d’amour»

Le but était de magnifier notre île, de la rendre précieuse sur le costume et visible. C’est ainsi qu’elle est l’élément brodé au centre de la robe. La montagne dans la mer vue du ciel, la côte que l’on aperçoit lorsque l’avion survole la Corse, lorsque je rentre à la maison. Cette robe est une représentation stylisée de «ma» Corse et du regard que j’ai sur elle. Les différentes nuances de vert du maquis, les pointes de couleurs du printemps, ses textures, sa flore. Puis le contraste très marqué, presque saturé des couleurs et des reliefs entre terre et mer. Le rapport à l’eau est très important pour moi, c’est pourquoi j’ai choisi une mousseline de soie assez spéciale teinte en dégradé de bleus en rappel aux eaux caractéristiques de l’île. Sandra était aussi couronnée du «diadème du maquis» en référence à la couronne de laurier de Napoléon, et bien sûr en lien avec la ville impériale d’Ajaccio, la ville dans laquelle nous avons toutes les deux grandi. Le diadème représente une partie de notre patrimoine végétal, il est composé de fleurs en métal et en tissu que j’ai réalisé et assemblé à la main. On y retrouve la fleur de ciste, de myrte, l’immortelle, le genêt, l’asphodèle et le chardon.

La Corse est sans cesse présente dans votre vie ?

Oui, pour moi, la Corse est mon repère, l’endroit où je suis née, où j’ai grandi et où je peux retrouver ma famille et mes amies. C’est l’endroit où je me ressource pleinement. Ses paysages sont pour moi une source constante d’inspirations, les couleurs, la flore, les odeurs…

Retour à la mode, quelles sont les grandes tendances des années à venir?
Je ne pourrais pas vraiment vous répondre, car la mode se renouvelle sans arrêt, les collections s’enchaînent très rapidement. Dans le secteur du luxe chaque Maison a des marqueurs forts et son propre ADN qui se déclinent au fil des saisons et prennent des directions assez diverses. La mode est aussi un éternel recommencement, on aime beaucoup puiser dans les archives, dans les grandes époques comme dans les années 70 par exemple, cela fonctionne un peu comme dans le mobilier. Entre nostalgie et renouveau.

Et vous quels sont vos projets?

Pour le moment, je n’ai pas encore atteint tous les objectifs que je m’étais fixés, et les rêves que je projette pour mon avenir. Dans un futur proche, je souhaite bien entendu évoluer au sein de la Maison dans laquelle je travaille actuellement. J’aimerais par la suite, pouvoir intégrer d’autres grandes maisons, avoir des postes avec de plus hautes responsabilités, afin de réaliser un de mes plus grands rêves, celui de dessiner des collections haute couture ou qui sait devenir directrice artistique ! Aussi, depuis quelques années, je mûris l’envie d’étendre mon monde créatif à celui de la décoration. Affaire à suivre…

De quoi êtes-vous fière?

Je suis très fière de mon éducation et de mes attaches. Mes parents m’ont toujours portée et soutenue dans toutes les aventures que j’ai entreprises car dans ce secteur cela n’est pas toujours facile. Pouvoir grâce à eux vivre de ma passion me rend très fière.

Quelle est votre devise?

Si je devais citer une devise personnelle, ce serait :
Rêve beaucoup, travaille encore, persévère toujours pour mieux savourer ton succès.

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