A la une – Septembre 2013

A rebrousse-poil

Eviva Fasgianu !

L’été c’est la période des festivals et cette année la Corse a été gâtée, elle a tenu son rang dans les médias.  Avec en point d’orgue les réactions, parfois cocasses, à la proposition de Paul Giacobbi  concernant l’accès au foncier.Pour commencer une vérité d’Etat sur les non conséquences sanitaires du non passage du nuage de Tchernobyl sur notre ile! Ensuite Fasgianu cet âne corse de pure souche comme dirait Lepen, en passe de devenir le nouveau héros de la résistance insulaire aux envahisseurs continentaux pour avoir mordu six touristes qui tentaient de  consoler son désespoir amoureux. Enfin l’apothéose avec Paul Giacobbi venu troubler la torpeur estivale avec sa proposition de limiter l’accès à la propriété foncière en Corse pour les non-résidents. Il a  fait se lever un magnifique front républicain, dont certains  propos surréalistes  promettent de beaux débats sur le sujet. Qu’on en juge.

Le tout petit Nicolas Dupont-Aignan toujours debout sur sa République, l’irradié Christophe Barbier multirécidiviste  à la célèbre écharpe rouge qui propose aux jeunes corses d’aller s’installer ailleurs. Jean-Marie Lepen fustigeant « des propos démagogiques incompatibles avec notre pacte républicain». » L’ultra légitime président de l’UMP Jean-François Copé en mal d’inventaire des années fric, « la démagogie est sans limite. Proposer de restreindre l’accès à la propriété privée aurait en outre un effet désastreux sur le prix des logements et sur la perspective future d’un développement du marché immobilier. »

Xavier, Francis et les autres

Xavier Bertrand qui existe toujours avec le même leitmotiv, mille fois rabâché « Paul Giacobbi ferait mieux de se mettre au travail à la tête de l’exécutif local, de s’intéresser à l’économie et à la création d’emplois, autant de sujets où il est aux abonnés absents, pour le malheur de la Corse et des Corses. » Francis Riolacci, responsable du parti communiste français en Corse, ressorti pour l’occasion de la naphtaline, et qui fera un brillant premier adjoint du jeune et prometteur Jean Zuccarelli à Bastia. Il propose d’instruire le procès politique de Maria Guidicelli coupable d’avoir débattu du problème foncier à Corte avec les nationalistes, tout en rappelant certains fondamentaux de son parti .Avant de dénoncer le libéral Pierre Chaubon. « La réforme constitutionnelle qu’il propose a pour but de faire sauter le « carcan » national des lois sociales. Le patronat et les fauteurs de vie chère peuvent continuer à accumuler des profits (licites et frauduleux) demain l’assemblée de Corse légiférera sur le droit de grève dans les transports…»Volée de bois vert à Jean-Louis Luciani qui bien que de gauche ose appeler les Corses à« renoncer à la culture de l’emploi public pour choisir le privé»

Une pincée de Szafran

L’horreur capitaliste! Marcel Francisci, porté disparu à l’Assemblée de Corse et dont on ignorait qu’il s’intéressa encore à une autre ile qu’Ibiza, sans doute son modèle de développement, nous gratifie lui d’une interview super protéinée à l’Express « Le lien, c’est la bêtise » : « la spéculation foncière ce n’est pas un fléau elle contribue à l’économie de notre île. Les non-résidents font marcher les commerçants corses…les jeunes ne vont pas acheter un terrain pour construire une maison. Leur priorité, c’est de trouver un appartement ou un studio. Sa proposition est donc ridicule. Quand on crève de faim, on ne va pas se couper les ongles, on cherche à manger avant…les répercussions peuvent être violentes. Car la haine, le mal corse, c’est le continental pour eux, avec le stéréotype du non-résident millionnaire qui spolie le petit corse qui aimerait s’acheter un terrain pour élever ses 16 vaches…. » The famous Marcel ne devait pas savoir que  le 30 juin 2011 le rapport de l’Exécutif sur l’engagement territorial pour une politique foncière et du logement. A cet égard, cette piste « résidentielle » était largement évoquée et avait été voté par l’Assemblée de Corse. Avec l’abstention bienveillante mais sans doute par bêtise, de son groupe UMP. Maurice Szafran PDG de l’hebdomadaire Marianne, jaloux du succès de Christophe Barbier sur la  Corse,  gratifie ses lecteurs  d’un éditorial hallucinant  intitulé « Giacobbi, la Corse et la haine de la France »

Et Hubert vint

Et enfin Hubert Souillard le bien nommé, illustrissime inconnu qui dépose plainte contre Paul Giacobbi pour  discrimination et racisme  «Je sais qu’il a fait l’Ena, Science-Po, qu’il a travaillé dans les ministères, qu’il a été nourri au lait de la République… Et aujourd’hui, ce responsable politique, de niveau élevé, viole littéralement les lois de la République et les traités européens qu’il connaît pourtant parfaitement. Ses propos sont inadmissibles ».Hubert Souillard tient à préciser pour Corse-Matin qu’il s’est appuyé sur des éléments et des événements historiques pour élaborer sa plainte « les lois de discrimination contre le droit de propriété des juifs dans l’Allemagne des années 30 et 40, lesquelles furent initiées par un élu du suffrage universel… Je ne veux pas que l’histoire se répète. Je ne veux pas que les non-Corses puissent être considérés un jour comme les nouveaux juifs de l’île de beauté ».Ca ne s’invente pas !

Morsures d’âne

Devant de la force de tels arguments Paul Giacobbi doit être impressionné ! Heureusement que Le Figaro nous donne la clef du problème  dans un article intitulé : « les agents immobiliers de l’île voient rouge ». «Une telle mesure conduirait la Corse à la banqueroute et ruinerait purement et simplement les habitants de la région», estime ce gestionnaire d’agence qui a souhaité rester anonyme. En effet, les transactions immobilières réalisées dans l’île sont portées par les continentaux. «Les biens supérieurs à 500.000 euros sont principalement acquis par les gens du continent, parce que les Corses n’en ont pas les moyens. Et si plus personne ne peut les acheter, ils vont subir une forte décote.» 

 Hors du béton et de l’atome donc point de salut. Finalement c’est bien Fasgianu qui a raison. Devant un tel festival de bêtise humaine, on peut comprendre que les animaux aient parfois envie de mordre, surtout  les ânes corses.

Paul Antonietti