Journal de confinement : saison 2. Épisode : 5076
Après l’école face au coronavirus, le sport mis KO par le Covid, les entreprises sous perfusion de PGE, voilà donc venu le temps des amours. Ah ! Un peu de douceur dans ce monde de brutes confinées. Vous l’aviez peut-être rêvé, espéré, orchestré mais le virus aura une fois de plus déjoué vos plans. Un peu comme le méchant dans James Bond, il est partout, se renouvelle à l’envi, inspirant aux passages une multitude de variants qui reculent sans cesse l’heure où nous pourrons enfin déjeuner en paix. Et au resto. Bref, revenons à l’essentiel : vos plans… pour la Saint-Valentin. Une escapade en amoureux, un dîner romantique aux chandelles, un premier rendez-vous au cinéma ? Oubliez. Cette année, la journée officielle des couples coincée entre la Journée mondiale de la radio et la Journée internationale du patrimoine canadien, donc, cette journée tant attendue risque de tourner court. Mais que les indécrottables romantiques se rassurent, chocolats et diamants sont toujours les bienvenus et pas forcément dans cet ordre.
Par Caroline Ettori
Point de légèreté et encore moins de spontanéité tant l’entretien de la flamme, voire son allumage pour les célibataires, ressemble plus à une dystopie façon Hunger Games qu’à une promenade de santé accompagnée par la douce rosée du printemps.
Depuis maintenant près d’un an, nos vies sont rythmées par les confinements, les couvre-feux, la distanciation sociale, port du masque inclus. On ne se touche pas, on ne s’approche pas trop, encore moins quand on ne se connaît pas. Bonjour le jeu de séduction.
Le filtre du confinement
Estimez-vous heureux si, en couple, vous avez survécu au premier confinement. Sans parler de vague de séparations, en France, les procédures engagées sont en hausse. Les jeunes couples étant les premiers concernés. Un effet loupe et une proximité forcée transformant les petits désaccords en grands conflits ou en profonds malaises.
Dès la deuxième quinzaine de mai, les notaires ont ainsi enregistré une augmentation de 25% de divorces par consentement mutuel par rapport à la même période en 2019. Au mois de juin, c’était plus de 14%. Le deuxième confinement bien que plus souple n’a pas arrangé les choses mais les futurs « ex » devront prendre leur mal en patience. La justice ayant été aussi suspendue par la Covid-19, le délai d’attente a été allongé de plusieurs mois.
Pour ceux qui ont résisté aux confinements, la vie n’est pas plus simple pour autant. Les études et spécialistes s’accordent pour dire que le coronavirus a entraîné une baisse générale de la libido. Fini le mystère, place aux enfants et à la promiscuité 24 heures sur 24. Quand on sait que l’érotisme et l’excitation se nourrissent de ce que l’on voit et ce que l’on vit à l’extérieur, cela laisse songeur… En outre, en situation de crise qui plus est sanitaire, la libido est souvent reléguée au second plan. Voilà pour les couples installés.
Mais qu’en est-il des jeunes tourtereaux ? À peine ont-ils eu le temps de faire connaissance que les mesures de distanciations les tiennent éloignés l’un de l’autre. Heureusement, le virtuel est venu à leur rescousse : écrans, messages, appels vidéos pour les premiers rendez-vous, on n’arrête pas le progrès.
Rencontres virtuelles
Le mot d’ordre : adaptation. Les sites et applications de rencontre l’ont bien compris et ont su faire évoluer leurs offres en intégrant plus de vidéos et d’interactions entre leurs membres. Une stratégie gagnante : Meetic a enregistré une hausse des ses inscriptions de 13% et l’application Tinder a quant à elle enregistré son record mondial de swipes, soit le fait de glisser d’un profil à l’autre, le dimanche 29 mars 2020, avec un total de trois milliards dans la journée.
L’adaptation vaut également pour les utilisateurs qui soignent leur profil : photos avantageuses, une pointe d’humour ne gâchant rien. L’objectif est de se faire remarquer dans le nuage de propositions plus ou moins indécentes. « Très rapidement, l’envie de se voir prend le dessus. Les messages, FaceTime, ça va un temps. Mais après deux confinements et la crainte d’un troisième, les couvre-feux, on veut aller plus vite. Il y a une sorte d’urgence », relève Paul inscrit sur plusieurs applications. Une urgence malgré tout tempérée par le risque sanitaire bien réel. « Il m’est arrivé de faire un test avant de rencontrer quelqu’un. Je voulais avoir l’esprit tranquille », poursuit le jeune homme.
Plaisirs bien réels
L’autre marché qui a tiré son épingle du jeu en 2020 et qui présente de très belles perspectives de croissance en 2021 est celui des sextoys. Les modèles connectés étant plus que tendance avec un mode d’emploi simplissime : les partenaires peuvent déclencher à distance l’appareil de l’autre. Et hop, sans les mains ! Trêve de considérations techniques, revenons plutôt aux chiffres. Les ventes de sextoys correspondent aux pays les plus touchés par l’épidémie de coronavirus : +75% aux États-Unis, +71% à Hong Kong, +60% en Italie, +40% en France et un impressionnant +135% au Canada. Les appareils télécommandés engrangent le plus de succès et les marques ont là encore rivalisé d’ingéniosité avec leurs « packs confinement ». En octobre dernier, à la veille du deuxième confinement, et selon les chiffres de Passage du Désir, une chaîne de « lovestore », les ventes ont bondi de 185% le dernier jour d’ouverture des boutiques. Depuis, l’intégralité du chiffre d’affaires s’est reportée sur les ventes en ligne. Lors du premier confinement, les ventes avaient doublé. « Cette fois-ci, elles ont augmenté fois six par rapport à une période normale », indique Patrick Pruvot, le fondateur de la marque. Enfin, un chef d’entreprise heureux qui a pour business model de faire d’autres heureux justement. Et c’est peut-être ça la clé d’une Saint-Valentin réussie : en couple ou en solo, la situation est déjà bien assez compliquée comme ça, alors pas question de bouder son plaisir.
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