Auteur et musicien corse, membre du groupe Casablanca Drivers, Alex Diani trace sa voie dans le monde de la musique. Avec son nouveau projet Nepita formé en duo avec son compère Yannick Ristorcelli, le compositeur-interprète nous entraîne dans un univers où l’on ne l’attendait pas, qui nous plonge dans une ambiance entre slam et pop électro inédite.
Portrait
Par Karine Casalta
Un projet, dit-il, qui lui permet de renouer avec le goût de l’écriture en français, et ferme en quelque sorte une boucle musicale, puisqu’il a commencé la musique avec la variété française qu’écoutait sa mère quand il était gamin. « Je chantais du Balavoine, Maxime Le Forestier, Brel, Brassens du matin au soir à la maison. » Mais rapidement ce goût pour la musique l’a poussé à explorer d’autres horizons. « J’ai découvert par la suite, au collège, le chant polyphonique corse, qui sera très formateur dans mon expérience musicale. Je me suis formé la voix dans les fêtes de village, les bars où j’ai beaucoup chanté avec des groupes corses. » Puis par la suite, au lycée est arrivé le rock, qui le propulsera plus tard dans l’aventure des Casablanca Drivers. Le groupe formé en 2011 avec la bande de copains rencontrés à l’université a fait depuis son chemin dans le monde de la musique tant en Corse qu’au-delà des frontières de l’île. Un groupe dans lequel il écrit et chante en anglais. « Ainsi je n’avais jusque-là jamais chanté en français. » Une aventure qui ne l’a pas empêché de poursuivre des études universitaires et devenir professeur d’anglais, un métier qu’il va exercer durant 8 ans en région parisienne. C’est là qu’il commence alors à écrire des textes, en français, mettant à profit le temps quotidien passé dans les trajets parisiens. « Je passais près de 3 heures par jour dans les transports, c’était très long, j’en profitais pour écrire, nourri par ce que j’observais. »
Entre musique et enseignement, cette double vie devenait cependant de plus en plus difficile à gérer. Et bientôt c’est le choix de la musique qui va s’imposer.
Le pari de la musique
En 2020, deux mois tout juste avant le confinement, il se décide à démissionner de son poste de professeur pour se consacrer à la musique. Parti souffler sur un voilier en Guadeloupe avant de rentrer en Corse, il poursuit là-bas ce travail d’écriture de textes en français. Une fois rentré, il retrouve alors à la faveur du confinement Yannick Ristorcelli, un ami musicien, avec lequel il commence à composer et enregistrer. « Naturellement, je lui ai soumis ces textes-là, c’est comme cela qu’est né le projet Nepita qui nous touchait tous les deux, parce qu’il marquait ce retour en Corse, marqué par une certaine douceur, dans une ambiance de calme de simplicité. ». Avec la satisfaction aussi de renouer avec le français. « Raconter une histoire et dire son propos en français était pour moi assez jubilatoire. Pour les Casablanca, j’écrivais en anglais, et je sais que je passais des heures à peaufiner des textes pleins d’images qu’au final dans nos live, peu de personnes comprenaient… c’était assez frustrant quelquefois ! Là, ce n’était plus le cas. »
Ainsi est née leur première chanson « Pas Pareil » écrite et composée dans les îles, « qui raconte les relations équivoques qui naissent, entre la plage et la ville, entre l’écran et la réalité» chronique pleine d’ironie d’une société paumée à l’heure des réseaux sociaux, suivie bientôt par « On n’a pas tout vu » au refrain mélodique entrainant. Deux morceaux qui depuis leur sortie rencontrent un vrai succès d’écoute.
Un univers poétique
Des titres parlés, chantés, entre slam et chanson française, sur une ambiance musicale pop électro et des textes remplis de poésie, pour raconter des instantanés de vies observées et fantasmées dont il est le narrateur. Un troisième morceau sera bientôt à découvrir, le 24 novembre, avant un premier EP de 6 titres dont la sortie est prévue en janvier prochain sur toutes les plateformes digitales. Un travail intense qui occupe désormais Alex à plein temps, puisque totalement indépendants, sans distributeur ni label, les deux amis gèrent tout par eux-mêmes. « On s’occupe de la communication et de la promotion sur les réseaux sociaux, dans la presse, le tournage des clips, sans oublier de trouver à côté du temps pour le studio, en effet, c’est assez chargé ! »
Une actualité dense qui loin d’avoir mis un terme à son aventure avec les Casablanca Drivers l’a au contraire renforcée. « Avec chacun des projets personnels de son côté, on consacre au groupe uniquement du temps à se faire plaisir, à faire la musique qu’on aime, en live, en totale liberté, sans se soucier de savoir si ça marchera ou pas. C’est véritablement devenu pour nous un terrain de jeu, sans aucune pression ! Cela nous permet des libertés qu’on n’avait peut-être pas auparavant. On n’est pas près de s’arrêter ! On devrait d’ailleurs sortir un album cet hiver. »
Un projet prometteur
Une liberté qui l’autorise ainsi à laisser libre cours, de son côté, à des envies plus personnelles, et prendre avec Nepita le contrepied de la pop rock en anglais proposée par les Casablanca. « Pour ce projet, on veut avec Yannick des instruments pop assez doux, et de longues plages instrumentales qui donnent de l’air à la musique, sans trop de changements, pour la laisser respirer et accorder de la place au texte. Et nous permettre de véritablement raconter des histoires. » Il en ressort un EP au son chaloupé, rythmé par de belles nappes de synthé analogique, qui nous embarque. Et des histoires racontées avec un regard aiguisé. « Un regard presque adolescent, dit-il, porté sur les choses, sur l’amour, et parfois sur la société. Des thèmes qui nous inspirent tous les deux. » Avec une même sensibilité également. « Que ce soit pour Yannick quand il compose ou pour ce que l’on ressent tous les deux lorsqu’on met mes textes sur sa musique, il ressort de notre travail une sensibilité commune. Une sorte de douceur méditerranéenne peut-être, qui est pour moi proprement insulaire, qui me ramène directement au village. Elle est de là où on vient… Une corsican touch en quelque sorte ! »
Impatient de goûter aux live, Nepita sera sur la scène au Supersonic club, le 11 janvier, à Paris et le 4 mai en concert à l’Alb’Oru à Bastia. Avec la même impatience pour nous de les y retrouver…
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