Antony Perrino, entrepreneur responsable

Il fait partie de ces gens dont on parle en Corse, dont le nom est connu mais dont on sait finalement peu de chose. La communication personnelle ce n’est pas son truc. Ses réalisations parlent pour lui, dans les journaux, sur les façades d’immeubles ou sur internet.

Perrino c’est une signature, une marque de qualité dans l’immobilier de Corse-du-Sud. Son sérieux et sa boulimie de travail lui permettent d’être reconnu par tous les professionnels du secteur. Mais sa jeunesse et son naturel surprennent quand on connait ses responsabilités et la dimension de son entreprise. Il a beau être chaleureux et plaisanter librement, il ne se livre pas facilement. Une perte de temps sans doute entre dix coups de fil et de messages professionnels ou familiaux sur son Iphone. Mais aussi  une discrétion  voulue qui s’accompagne d’une réelle simplicité. Toujours être direct, aller à l’essentiel,  dès son arrivée quelque part on sent  déjà qu’il repartira aussi rapidement, en moto en auto ou en hélico, pour une  réunion avec ses collaborateurs, des banquiers, des architectes, des sous traitants, des administrations, des élus. Ici une négociation de contrat, là une visite de chantier à Ajaccio ou à Bonifacio avec un don d’ubiquité surprenant. Une question d’organisation et d’efficacité pour cet amoureux de vitesse, le plus important de toute façon étant  de retrouver sa famille qui est son véritable refuge, sa femme, ses deux jeunes enfants à qui il ne faut surtout pas manquer. Il est dans le faire et non dans le paraître. Culture et tradition familiale obligent. Il fait partie de ces familles d’entrepreneurs qui en trois générations ont su bâtir des groupes familiaux solides. Le grand-père crée l’entreprise, le père consolide et le petit fils développe avec des méthodes modernes de gestion et de management.

Ne l’appelez pas l’héritier

Mais pour lui pas question d’être considéré seulement comme un héritier. Il a créé sa propre entreprise avant de prendre les rênes du groupe familiale, un pari risqué même si la famille a aidé. Son  grand père a fondé l’entreprise après guerre. Il était charpentier dans une menuiserie dont il désirait devenir associé. Suite à un refus il s’est lancé tout seul dans la construction en créant l’Entreprise de bâtiment et de travaux publics Perrino. Elle  évoluera vers la promotion immobilière avec le soutien de la banque Populaire, banque historique du groupe. Son père François Perrino a pris la suite logique en développant le groupe. Il accède à la présidence de la Fédération  départementale du BTP, où il est très écouté. Et fut  vice-président de la CCI d’Ajaccio. Anthony lui  fait partie de ces entrepreneurs pour qui rien ne semble impossible ou compliqué. Seules des solutions existent. Il aurait pu s’investir dans dix mille projets, dans d’autres secteurs d’activités, sans doute avec la même réussite, ici ou ailleurs. Mais il a suivi  l’itinéraire normal d’un gosse de la bourgeoisie ajaccienne. Né le 15 décembre 1979 à Ajaccio à la Clinique Comiti. Etudes au Collège et Lycée Fesch. A 17 ans passe le bac S mention assez bien, « en math c’est juste ou c’est faux ». Et puis Sciences éco à Aix, avec du temps passé au Mistral comme beaucoup de jeunes étudiants insulaires de sa génération. Master Eco, DESS gestion de patrimoine complètent le parcours.  Stage dans une banque privée italienne, la San Paolo et puis banquier gestionnaire de fortune pendant deux ans à Paris et à Nice.

Le temps du bâtisseur

Retour en Corse où il intègre la société familiale. A 24 ans il monte sa propre boite de promotion. En 2004, premier lotissement sur le continent. Il a trouvé sa voie, entre tradition familiale et capacité moderne de gestion. Premier lotissement de quinze lots en Corse à Agosta Plage. Dix années plus tard il a dépassé son grand-père avec  plus de  mille  logements construits, sans compter les programmes en cours et les milliers de mètres carrés de locaux commerciaux. Anthony est devenu quelqu’un qui compte et qui sait compter. Son secret, c’est sans doute d’avoir une machine à calculer dans la tête. En  quelques secondes il évalue, il calcule, il compare, il décide. Rien n’est laissé au hasard. Il sait tout de la rentabilité d’un projet. Il connait tout des prix, du mètre carré, d’une cuisine équipée, des matériaux,  d’un crédit, des aides dont les acheteurs ont droit, des normes, des marges de chacun pour que tout le monde s’y retrouve. Pour lui le promoteur c’est celui qui prend le risque, c’est un métier. Ca ne s’improvise pas. Il faut garantir la bonne fin des travaux, les délais, les prix. Mais aussi  se préoccuper de garantie décennale et que les impératifs de sécurité soient respectés. Comme disait son père « un immeuble doit résister à l’épreuve du temps. Anthony privilégie une  vision responsable tenant compte des acteurs économiques qui existent et du savoir faire de chacun. Car  l’important c’est de rester à sa place, dans son cœur de métier afin de ne pas fragiliser l’économie insulaire. Un promoteur peut maitriser toute  la chaine de la construction à la commercialisation dans une vision intégré et verticale. Ou bien  travailler de manière horizontale, en faisant appel à la sous-traitance, à tous les corps de métiers, aux autres acteurs  privés, à l’économie locale et aux agents immobilier pour la commercialisation.

 

Le béton coulé au social

Aujourd’hui il cherche à se démarquer de l’image de luxe qui a fait la réputation du groupe. Il insiste sur celle de qualité dont il fait profiter le plus grand nombre à travers les programmes immobiliers intégrant la mixité sociale. Comment ?  En location ou en accession à la propriété en partenariat avec des bailleurs sociaux ou des organismes HLM et en centre ville comme à Bonifacio ou à Ajaccio, pas dans des ghettos périphériques. Une vision de la promotion immobilière intégrée dans les politiques de la ville et de l’habitat où il apporte son savoir faire en relation avec les choix opérés par les municipalités et les besoins de la population. A 34 ans il éprouve le besoin de souffler, de réfléchir, comme s’il avait réussi à prouver en quelques années qu’il était capable de prendre la relève familiale avec succès. Le temps de terminer les programmes lancés récemment  et qui seront livrées dans les deux ans à venir.   Il va lever le pied avec moins d’opérations, plus ciblées. Sensible à tous les sujets qui touchent la société insulaire il participe à une réflexion originale autour de l’accession à la propriété. Il cherche ainsi  à redonner du sens à la promotion immobilière. D’où son interrogation :   « qu’est ce qu’on construit et pour qui ». A cet égard il s’investit dans la Fondation de l’Université de Corse pour la chair d’Architecture. De toute façon il saura toujours prendre encore plus de temps pour sa famille et peut être pour retrouver plus souvent le terrain de moto cross de Saint Antoine qu’il fréquente depuis son enfance. Il aurait pu être pilote de motocross, sa vraie passion de 5 à 18 ans. La vitesse et le risque, on ne se refait pas.

Paul Antonietti

 

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