Face à l’offre agressive de sa concurrente la compagnie régionale avait su riposter. Elle présenta un dossier étayé sur les liaisons dites bord à bord. Revoyant ses compensations financières à la baisse, tout en assurant notamment sa primauté sur l’aspect médical des prestations et l’efficience de moyens techniques et humains. Mais il ne s’agissait que de l’étape initiale. L’inconnue prévalant en ce qui concerne la desserte d’Orly.
Par Jean Poletti
L’annonce de l’entrée en lice de Volotea fit l’effet d’un coup de tonnerre dans l’île. Le voile d’angoisse ceinturant les personnels d’Air Corsica s’amplifia pour devenir un fait de société. Celle-ci, remise de sa stupeur, souligna que depuis toujours ses dessertes clouent au sol l’esprit mercantile, la recherche du profit. Bref, toute entorse, même minime, à un service public de qualité que commande et impose l’insularité. La finalité ? Un pont aérien fiable, permanent, répondant pleinement aux attentes d’une population, qui jusqu’à plus ample informé n’a nul loisir d’utiliser la voiture ou le train pour rejoindre aisément le continent.
Il nous souvient, avant la création de la compagnie baptisée alors Corse Méditerranée, que les vols s’apparentaient à une portion congrue. Peu de fréquences, des horaires inadaptés. Et sauf rares exceptions seulement Ajaccio et Bastia desservis. Le relatif isolement fut brisé voilà trente-trois ans avec le décollage du premier appareil frappé de la tête de Maure. Elle concrétisait la volonté de l’Assemblée territoriale. Une démarche émancipatrice portée sous les fonds baptismaux par l’édile Philippe Ceccaldi qui en devint le premier président. Le temps amplifia l’envol initial. La flotte s’accrut. La dénomination changea. Le bord à bord s’enrichit d’escales supplémentaires.
Le changement dans la continuité
Mais nul ne disconviendra que la philosophie demeura chevillée au cœur et à l’esprit des dirigeants et employés successifs. Elle ne cherchait pas à tailler des croupières chez d’autres. Avoir comme unique horizon la sacro-sainte rentabilité. Ou en incidence rogner sur les fréquences et amplitudes liées au seuil des sièges occupés.
Qui n’a pas effectué un trajet, notamment en période hivernale, dans une cabine peu remplie ? En gestion pure, cela se nomme gaspillage. Mais cette régularité de métronome ne transcende-t-elle pas l’aspect bassement marchand. Elles reflètent toutefois, de manière inconsciente ou lucide, qu’une activité n’est pas seulement guidée par les préceptes de l’offre et de la demande, mais intègre pleinement le concept de service public.
« Sans doute est-il antinomique avec les axiomes que ce genre d’exemple bat en brèche. Il réfute la soumission à l’étendard du gain que brandissent les émules d’un entreprenariat, dont l’initiative ne peut qu’être synonyme de retour sur investissement. Au détriment de toute autre considération. » Voilà ce que nous écrivions dans une précédente parution. Rien à retirer. Cette prédation, dans des domaines divers et variés, a déjà causé de profondes cicatrices dans l’île. Lui laisser encore et toujours porte ouverte ne peut qu’aggraver une situation propice au refus courroucé. En extrapolant quelque peu, rien n’interdit de dire que de telles pratiques sont antinomiques avec ce fameux essor partagé, qui ne peut s’épanouir sans vigilance citoyenne et décisions idoines de ceux qui ont mandat de la relayer.
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