Association Phyros

Un atout pour surmonter les handicaps

DEPUIS LA CRÉATION DE L’ASSOCIATION PHYROS EN 2019, SA FONDATRICE, LAETITIA BOUILLAUD-MEDORI, THÉRAPEUTE EN PNL ET SOPHROLOGIE, A ACCOMPAGNÉ UNE CENTAINE DE PERSONNES À MOBILITÉ RÉDUITE.

AIUTÀ E PERSONE À MUBILITÀ RIDUTTA È E SO FAMIGLIE À FRANCÀ E DIFFICULTÀ D’UN DISAVANTAGHJU, D’UN TRAUMATISIMU… ECCU A SFIDA MAIÒ CH’ELLU ACCIMEGHJA OGNI GHJORNU L’ASSOCIU PHYROS, STABILITU IND’È U REGHJONE BASTIACCIU. INGHJENNATA DA LAETITIA BOUILLAUD-MEDORI DOPU À UN ACCIDENTE STRADALE GRAVE, STA STRUTTURA HÈ STATA PER ELLA PROPIU UNA RINASCITA DI A QUALE VOLE SPARTE A SPERIENZA È U SO SAPÈ FÀ DI TERAPEUTA IN PRUGRAMMAZIONE NEUROLINGUISTICA È IN SOFFROLOGIA. CIUTTEMU CI PURU IND’È UN’ANDATURA PROFUNDAMENTE UMANA GIRATA VERSU L’ALTRUISIMU È U FRAIUTU.

Propos recueillis par Petru Altiani

Laetitia Bouillaud-Medori, comment l’expérience de votre accident de la circulation a-t-elle influencé votre décision de créer en avril 2019 l’association Phyros ? 

Aider les autres a toujours été en moi, j’ai toujours eu l’envie de rendre service et d’apporter tout mon soutien à autrui. Avant je travaillais parce qu’il le fallait, sans vraiment de passion, juste par habitude et nécessité. Suite à un accident de la voie publique dont les conséquences ont anéanti celle que j’étais, je suis depuis ce jour une personne à mobilité réduite, mon handicap est très lourd, mais il ne se voit pas. Ce drame m’a permis de mener une longue et sinueuse bataille, que je mènerai toujours, dont l’unique objectif fut de me reconstruire et d’accéder à ma résilience afin de pouvoir me dévouer totalement aux autres et enfin réaliser mon rêve ! Faire preuve d’altruisme envers son prochain est un art de vivre, mon art de vivre ! Cela a été mon leitmotiv, ma force et ma foi ! Mon association Phyros est née de mes souffrances, de mon parcours, de ma renaissance. J’ai eu la chance de rencontrer des personnes merveilleuses qui m’ont poussée à concrétiser mon rêve, elles m’ont soutenue, portée, rattrapée lorsque je trébuchais, sans me lâcher. Grâce à ces mains tendues – en plus de celles de ma famille, ma mère, mon père, mon frère et ma sœur, mon meilleur ami et les différents médecins, ma thérapeute Marie-Ange Cucchi, mon orthophoniste – j’ai pu renaître. J’ai la chance d’être une épouse, une maman, une sœur, une amie, et surtout la fondatrice de l’association Phyros. Aujourd’hui, c’est à mon tour d’être la main tendue, car malheureusement c’est dans ces moments obscurs de la vie que l’on se sent seule et abandonnée. 

Comment Phyros vient-elle en aide aux personnes à mobilité réduite ?

L’inimaginable, l’ineffable, l’intransmissible… L’expérience de la mort, de la souffrance confronte celui qui l’a vécue à l’impossibilité d’en rendre compte. Il y a là quelque chose qui se refuse à la pensée comme au langage, qu’il s’agisse de l’effroi éprouvé mais aussi, parfois, de devoir survivre à tout cela. L’habitation du corps traumatisé, épuisé, mal reconnu… est difficile, douloureuse, ce corps étant sous l’influence d’un système nerveux profondément perturbé, fatigué. La personne tend même à fuir ce corps – par les addictions, le surinvestissement des pensées et de l’imaginaire, de l’esprit, des comportements d’agitation – ou à le maltraiter : troubles alimentaires, du sommeil… Parce qu’il est un espace de souffrance, ce dernier est mal vécu, mal perçu. La sophrologie, la PNL (Programmation Neurolinguistique, ndlr), l’hypnose ericksonienne, la relaxation, ces outils de médecines douces, permettent de reconquérir en douceur l’espace corporel, de réintégrer psychiquement ce corps, et cet esprit avec bienveillance. Et de réconcilier la personne avec l’ensemble de son être. Elle favorise la perception positive pour se retrouver. En « se réconciliant » avec soi-même, on se réconcilie avec la vie. Je l’ai vécu, j’ai ressenti l’indicible, je peux comprendre ce qu’il se passe dans certains cas, c’est par ce partage, cet échange de « souffrance », de « mal être », que je peux leur montrer que malgré tout, la vie n’est pas finie et qu’elle en vaut la peine. 

Comment guidez-vous les personnes à mobilité réduite et leur famille dans leurs démarches administratives vers les centres et organismes spécialisés ?

Étant moi-même une personne à mobilité réduite, j’ai pu par mon parcours connaître les différentes structures et organismes qui existent pour aider les personnes en situation de handicap. Avant d’être partenaire avec ces structures, j’ai d’abord été adhérente, ce qui me permet aujourd’hui de mieux diriger et orienter les personnes que je reçois. Il faut savoir aussi que lorsqu’une personne devient handicapée, il n’y a pas que sa vie qui change, ça fait effet boule de neige, c’est toute la famille et les proches, qui deviennent handicapés. Ils ont besoin d’aide, une aide sur le « Que va-t-il se passer maintenant ? Que fait-on ? Ou que pouvons-nous faire ? Qu’il y a-t-il comme structure ou aidant pour nous aider ? » Ces questions-là, je les ai connues et ma famille aussi. Malgré que ce soit une priorité nationale, beaucoup de personnes dans cette situation, ne sont pas forcément toujours au courant des aides auxquelles elles ont droit, qu’elles soient pécuniaires ou matériels. De ce fait, nous intervenons en les aidant à préparer leur dossier, à les mettre en relation avec les différents services concernés. J’ai rencontré beaucoup de personnes en situation de handicap, qui n’étaient même pas au courant qu’elles pouvaient avoir une aide à domicile par exemple. 

Quels sont les principaux objectifs que vous souhaitez atteindre grâce à l’action de votre association ? 

L’objectif principal est que les personnes qui font appel à l’association, retrouvent une vie à peu près normale, sensibiliser les différents partenaires de l’association ainsi que le public, sur le fait qu’un handicap n’est pas forcément visible. Démontrer que ces thérapies brèves, en plus d’un accompagnement médical, apportent un rétablissement plus soutenu, l’association Phyros n’est pas une « association » de plus, je ne suis pas non plus « une thérapeute », nous sommes une vraie écoute active, avec de vraies solutions et une vraie envie de reprendre sa vie, une nouvelle victoire, réécrire une nouvelle page, parole d’une personne qui en est le bon exemple, avec ma phrase fétiche « On va s’en sortir » ; on est une équipe, vous n’êtes pas seuls, nous sommes ensemble. 

Comment l’association travaille-t-elle avec d’autres professionnels ou organismes dans le domaine de l’aide aux personnes à mobilité réduite ?

Nous travaillons en binôme avec certains psychiatres car être une personne à mobilité réduite ne s’arrête pas à un travail thérapeutique. Nous travaillons avec d’autres associations, et d’autres structures, il y a toute la vie autour, la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées, ndlr) pour tout ce qui va relever entre autre, de l’aide financière et matérielle, l’association des paralysés de France qui propose des sorties et des ateliers pour sortir de la solitude, l’association addiction France qui propose un soutien psychologique et un accompagnement. De même que le commissariat et la gendarmerie qui pour les personnes victimes de traumatisme sont de bons conseils. 

Pouvez-vous partager une histoire ou un témoignage marquant qui démontre l’impact positif de Phyros sur la vie d’une personne que vous avez aidée ?

J’ai eu un accident de moto avec des séquelles assez graves, de ce fait, une consœur m’a demandé d’appeler un jeune homme d’une trentaine d’années, victime d’un accident de moto. Nous étions en confinement, je fais des séances en visioconférence, j’appelle ce monsieur, il habite Marseille, il est pompier-volontaire, il veut être pompier professionnel, il se rend à Paris pour passer l’examen final et devenir pompier professionnel. Il réussit son concours, en redescendant sur Marseille, il est en moto, la nuit tombe, il croise une personne en état d’ébriété qui conduit un poids lourd en contresens de la route et le fauche. Hospitalisé en urgence, il devient paralysé. Son rêve est alors brisé à ce moment-là. Commence un long travail thérapeutique sur le « deuil » de son ancienne vie, étape par étape. Premièrement : le choc ou le traumatisme. Deuxièmement : le déni. Ce mécanisme de défense est un refus de croire à l’information. Troisièmement : la colère. Quatrièmement : la dépression et la tristesse, avant la résignation, l’acceptation puis vient le temps de la reconstruction. La sophrologie fait partie des outils qui ont permis de tendre vers cette reconstruction. Respiration, décontraction musculaire et pensées positives. À travers des exercices simples de respirations, de mouvements corporels, de décontraction musculaire et de « visualisation » de pensées, le patient va reprendre petit à petit goût à la vie. L’hypnose ericksonienne a également joué son rôle. En état de conscience modifiée, le patient a pu, grâce à l’hypnose, effacer les mauvais souvenirs, dépasser les regrets et non-dits, donner ou recevoir un pardon… L’hypnose est un état naturel au cours duquel l’attention au monde extérieur est diminuée pour permettre à l’inconscient d’être plus présent. Dans ce cas, la PNL a aidé le patient à accepter ce qu’il se passait réellement dans sa vie. C’est une autre technique pour faire son deuil, différente de celle de l’hypnose. Cette technique permet, en effet, de modifier la façon dont le patient vit ses souvenirs. Il a pu réaliser son rêve, d’un autre point de vue, il est pompier au standard téléphonique, c’est lui qui délivre les instructions des premiers secours, ainsi que le comportement à avoir, avant l’arrivée des pompiers et médecins sur place. 

Quels sont les défis auxquels votre structure est confrontée dans la réalisation de sa mission et comment les surmontez-vous ?

Le premier défi c’est de faire connaître et exister l’association qui intervient tout à fait gratuitement. Depuis sa création en 2019, nous œuvrons avec différents partenaires, pour avoir de la visibilité, ce qui commence à porter ses fruits, par exemple avec la Communauté d’Agglomération de Bastia, par le biais de Mathilde Setti, que nous avons rencontrée à différentes occasions, qui nous a invités à une commission, visant à améliorer et identifier les problèmes d’accessibilité du territoire bastiais, aussi à participer à différents projets ayant pour but l’organisation par la CAB des jeux paralympiques 2024. Autre défi : rendre nos locaux accessibles à tous, étant sur un terrain privé, nous avons du mal à trouver un financement pour effectuer les travaux d’accessibilité. Et nos déplacements sont restreints vu les prix de l’essence. J’en profite pour lancer mon dernier défi, je compte également sur les dons pour nous aider à mener à bien cette mission de vie. 

Quels sont vos projets futurs pour l’association Phyros et comment envisagez-vous son développement ?

Être reconnus d’utilité publique pour pouvoir œuvrer sans compter, car nous sommes une association loi 1901 à but non lucratif. Nous œuvrons bénévolement pour le bien des personnes à mobilité réduite. 

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