Au rendez-vous de la culture

Le Musée de Bastia

Il accueille plus de 25 000 visiteurs par an. Le Musée de Bastia s’impose dans le paysage insulaire grâce à son emplacement dans le Palais des Gouverneurs. Du temps de Gênes au temps moderne, le musée est pluridisciplinaire : peinture, sculpture, photographie… Découverte d’un centre culturel qui ne cesse de se développer et de s’enrichir.

Par Angélique Giovannaï

Fin du XIXe siècle, la Société des Sciences Historiques et Naturelles de la Corse crée le Musée de Bastia. Appartenant à la mairie, il est transféré à la caserne Marbeuf en 1922 et devient le « Musée Corse de Bastia ». Trois décennies plus tard, il est installé au sein du Palais des Gouverneurs génois et prend l’appellation de « Musée d’Ethnographie Corse ». L’histoire de ce lieu qui va devenir l’emblème même de la domination de Gênes en Corse, commence autour de 1380. Le musée qu’il abrite aujourd’hui célèbre sa mémoire avec les principales étapes de son évolution. Bien que le Palais des Gouverneurs ait connu des rénovations plus contemporaines.

Napoléon présent
En 2004, un nouveau programme scientifique et culturel du musée voit le jour. Il est centré sur l’histoire de la ville. La présentation permanente sera orientée autour de trois axes: l’urbanisme, le poids politique, social et économique de la ville et sa richesse intellectuelle et artistique. Au rez-de-chaussée, l’évolution urbanistique et architecturale du XVe au XXe siècle est mise à l’honneur. Un intérêt parti- culier est accordé aux deux quartiers qui constituaient principalement le système défensif de la ville et les aménagements portuaires: Terra Nova (la Citadelle) et Terra Vecchia (le Vieux- Port). Ensuite, dans les sept premières salles de l’étage, c’est le rôle de la capitale génoise en termes de développement politique et économique jusqu’au XXe siècle qui est mis en valeur. Aussi, les activités manufacturières et industrielles sont exposées comme la mine de Cardo, les forges de Toga, etc. Une collection est érigée en hommage à Michel Carlini, ancien maire de Marseille et époux d’Anita Mattei, nièce du fondateur de la célèbre entreprise bastiaise de spiritueux.
Elle comporte une centaine d’œuvres relatives à l’Ancien Régime finissant, la période révolutionnaire ou l’épopée napoléonienne, dont certaines proviennent de la collection d’un autre passionné de cette période: le docteur Fournier. Il s’agit pour l’essentiel, de petits objets rares et précieux : petites boîtes, miniatures et accessoires de mode. On y recense également des estampes et autres souvenirs historiques: lettres de Napoléon, aigle provenant de Fontainebleau. La galerie permanente prendra d’autres allures d’ici quelques mois en exposant trente œuvres de plus et prépare des expositions temporaires qui restent encore mystérieuses. Une chose est sûre la programmation du Musée de Bastia est prévue jusqu’en 2020!
Art baroque
Bastia est l’un des principaux lieux de création artistique de l’île, grâce aux nombreux commanditaires qu’elle accueille et qui jouent de grandes batailles idéologiques et où se retrouvent les principaux artistes de la période, tous domaines confondus. L’effervescence artistique des XVIIe et XVIIIe siècles à Bastia permet une diffusion des modèles baroques italiens par le biais de copies que l’on trouve tant dans la ville que dans le reste de la Corse. Ce centre culturel va faire office de plusieurs legs comme celui de Giuseppe Sisco, premier chirurgien du pape Pie VII qui est chargé de distribuer des bourses permettant à de jeunes Bastiais d’étudier le droit, la médecine ou les beaux-arts à Rome. Mais également, la donation Survilliers qui n’est autre que Joseph Bonaparte, neveu du cardinal Fesch, qui décide d’élargir le don, destiné uniquement à la ville d’Ajaccio, à toute l’île. Ainsi en 1844, il donna cent œuvres à Bastia. À l’époque, elles furent installées dans différents édifices publics tels les églises ou le collège, qui a permis de former les jeunes Bastiais à l’art en s’inspirant du style italien.