Avvene: Une entreprise au secours du climat
Parallèlement à l’activité économique des énergies fossiles qui favorisent le réchauffement climatique, un nouveau marché se développe en France : la compensation carbone. Le cabinet Avvena s’est spécialisé en Corse dans la stratégie bas carbone et l’adaptation au changement climatique pour les entreprises et les collectivités publiques.
Propos recueillis par Anne-Catherine Mendez
Chloé Nury est la jeune présidente du cabinet conseil Avvena. Elle a fait ses gammes au sein d’agences de communication à Paris et à Londres dans le secteur agroalimentaire et touristique avant de devenir consultante indépendante en Corse.
En 2017, accompagnée de ses deux collaborateurs, Olivier Pagni et Roman de Rafael, elle crée la société Avvena afin de pouvoir valoriser les initiatives à forte valeur ajoutée environnementale. L’entreprise a pour mission de placer l’action locale au cœur de la transition écologique des territoires. Rencontre avec une équipe motivée qui donne un visage humain au mécanisme complexe de la compensation carbone.
Pour une néophyte comme moi, quelle est exactement la nature de vos activités ? Selon les trajectoires de développement que l’humanité décide d’emprunter pour les prochaines décennies, la communauté scientifique mondiale anticipe une hausse de la température moyenne globale de +2 à +6°C à la fin du siècle, par rapport à celle du milieu du XIXe siècle. Un tel changement climatique sur un laps de temps aussi court serait un facteur majeur de déstabilisation des sociétés sur les plans écologique, économique et social. Il est donc indispensable d’opérer une transition vers un monde post-énergies fossiles et plus généralement « post-carbone ».
L’enjeu est double. Tout d’abord, faire d’une contrainte forte une source d’opportunités et de projets fédérateurs, et faire évoluer la stratégie et le management des organisations pour créer des activités sobres en carbone, créatrices de valeur. Du diagnostic au plan d’action, c’est la contribution qu’Avvena souhaite apporter à l’ensemble des acteurs, publics comme privés, afin qu’ils innovent, anticipent et agissent. Il s’agit aussi de prendre conscience des risques et vulnérabilités face aux changements climatiques, de s’y préparer et de rendre sa stratégie et ses actifs plus résilients.
Concrètement, quel est l’objectif de vos prestations ?
Nous sommes un bureau interdisciplinaire qui propose aux entreprises la mise en place de stratégie bas carbone et une adaptation au changement climatique. Notre objectif est d’accompagner les acteurs du territoire corse vers l’intégration de solutions innovantes en particulier dans la création de produits ou de services neutres en carbone. C’est une opportunité importante pour les entrepreneurs de créer de la valeur ajoutée autour de la neutralité carbone. Dans le cadre d’une prestation, notre action s’organise autour de trois étapes : la première consiste à mesurer les émissions à effet de serre, et de cartographier les flux de matières et d’énergie à partir du business model de l’entreprise, ce qui nous permet d’avoir une vue d’ensemble de la performance de l’activité. Au regard des résultats, nous proposons au cours de la deuxième étape, un plan d’action qui va permettre de réduire l’impact environnemental, les émissions carbone mais également d’optimiser l’activité économique. En ce qui concerne les émissions irréductibles repérées, nous allons proposer à l’entreprise dans un troisième de temps de pouvoir compenser ce socle. Cette compensation est introduite dans le modèle économique, dans le prix de vente du produit ou du service et permet de mettre sur le marché une offre neutre en carbone.
Pouvez-vous nous donner un exemple concret ?
Oui bien sûr, l’entreprise ViTO a fait appel à nos services, ils sont d’ailleurs les pionniers sur ce marché. Nous avons élaboré avec eux, une offre de carburant compensé dans tous leurs réseaux de stations-service en Corse. Cette opération de compensation carbone, dont les flux financiers sont fléchés par l’entreprise, opère ensuite via des projets de « séquestration carbone », certifiés comme par exemple des plantations d’arbres, ou le développement d’énergie renouvelable…Aujourd’hui, tous les crédits carbone doivent être certifiés et reconnus par des organismes internationaux. Notre valeur ajoutée est d’apporter une dimension territoriale à ce mécanisme, en y associant une petite contribution à des actions environnementales exemplaires qui peuvent être organisées localement via le secteur associatif. Notre objectif à terme, à travers le programme Avvena, est de pouvoir proposer à nos clients non seulement une compensation sur des projets à l’international mais également sur des projets en Corse. Nous avons le même profil que des consultants installés à New York, Tokyo, notre spécificité est de proposer des actions exemplaires sur notre territoire. À l’avenir, l’enjeu est de pouvoir développer un projet certifié 100% corse.
Comment est perçue votre activité auprès des entreprises ?
C’est un domaine encore méconnu par le tissu économique insulaire. Le développement durable, l’entreprise écoresponsable, les stratégies bas carbone, sont des programmes encore éloignés des problématiques des petites entreprises, parallèlement les consommateurs que nous sommes y sont de plus en plus attentifs. Le marché est en pleine évolution. Nous proposons à nos clients de donner du sens à leurs activités productives, d’avoir des opportunités d’innovation, et de pouvoir accéder à de nouveaux marchés de consommation. Notre génération d’entrepreneurs et celle qui suivra sera obligée de concilier entreprenariat, développement économique et solutions environnementales.
Comment se positionne notre territoire insulaire face aux problématiques climatiques ?
La Corse doit faire face aujourd’hui à des enjeux énormes, nous avons une façade maritime très exposée, érosion du littoral, sécheresse récurrente, canicule, gestion et utilisation de l’eau, dépendance aux énergies fossiles… notre territoire est très vulnérable. Aujourd’hui, on observe une forme d’inertie face à cette situation, aucune organisation collective n’est mise en place. Notre rôle à travers le programme Avvena est de vulgariser le plus possible notre offre d’accompagnement auprès des entreprises. À notre niveau, nous souhaitons être une force de propositions. Si nous avons décidé de revenir vivre et travailler en Corse, c’est pour participer au développement harmonieux et durable de notre île.
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