Depuis plus de quinze ans, au fil des ses albums, la chanteuse nous fait partager son univers pop et décalé. Avec «Magnétique», son dernier opus, elle nous entraîne dans un monde onirique mêlant rêves et fantasmagories, qui nous fait voyager la tête dans les étoiles.
par Karine Casalta
Magnétique, Barbara Carlotti l’est elle-même, indubitablement. La voix grave et chaleureuse, toute habitée par la musique, elle dégage une énergie positive qui attire comme un aimant. Et sous son apparente exubérance, l’artiste cache une rigueur professionnelle pleinement consacrée à sa passion pour la musique. Une passion nourrie dès l’enfance par les moments joyeux en famille durant lesquels la musique est omniprésente, entre un père qui prend volontiers sa guitare pour jouer du Brassens, du Bobby Lapointe ou chanter des chansons corses et une mère qui joue du piano et l’entraîne dans les églises écouter ses premiers concerts de musique classique. « On faisait des petits spectacles, on rejouait des contes, on chantait beaucoup, on continue d’ailleurs dès qu’on se retrouve… » Un terreau familial qui laisse libre court à l’expression artistique – sa sœur aînée Laetitia est elle-même artiste plasticienne – et qui, à travers les récits d’un père, directeur export chez Polaroïd, sur ses rencontres avec de nombreux artistes comme David Hamilton ou Andy Warhol, favorise la construction d’une sorte de mythologie autour du monde artistique.
Phénomène composite
Ainsi très tôt attirée vers la musique elle étudie le chant, le solfège et le piano au conservatoire d’Issy-les-Moulineaux. « Même lorsque j’allais à la piscine pour des cours de natation je restais dans le vestiaire pour faire résonner ma voix dans l’espace où il y avait une acoustique particulière ! » Une attirance qui prendra de l’importance avec la découverte de la pop anglaise et de certains auteurs, comme Alain Bashung, David Bowie, ou Étienne Daho pour lequel elle connaît un véritable coup de foudre musical. Très vite naît l’envie de se consacrer totalement à cette passion. Mais pour obtenir une validation familiale, il lui faut suivre des études «sérieuses». Elle s’inscrit donc Bac en poche, en faculté pour étudier l’histoire de l’art puis la musicologie. L’occasion aussi d’explorer différents univers musicaux pour mieux trouver le sien. Une inspiration qu’elle puise aussi souvent au plus près de la nature. Car si elle a grandi en région parisienne, c’est à Poggio-di-Venaco, le village de sa grand-mère paternelle au cœur de la Corse, où elle revient très régulièrement qu’elle se connecte à l’univers qui l’entoure et nourrit son imagination « la rivière, la montagne, j’appartiens à ce paysage-là, pas à un paysage urbain ! La qualité de cette terre, ses odeurs, ses saveurs, la lumière, constituent un territoire qui me nourrit. Un espace de liberté. C’est là aussi, entre mes sœurs, mon frère, mes cousins, que j’ai fait mes premières découvertes musicales, et la plupart de mes premières expériences… ».
Cosmic trip
Dès la fin des années 90, elle fait ses premiers pas sur scène et présente ses compositions au public en se produisant dans des bars. À cette même époque, des rencontres décisives vont participer à lancer sa carrière, et bientôt les collaborations et les albums vont s’enchaîner : après un EP de 7 titres, autoproduit avec Jean-Pierre Petit, qui sera remarqué, elle signe en 2005 un mini album «Chansons», avec Bertrand Burgalat, avant d’enregistrer différents duos avec Arnold Turboust, Kent, Khaled Mouzanar, Dominique A ou encore Philippe Katerine. Un deuxième album « Les Lys brisés » sort en 2006 puis un troisième en 2008, « L’Idéal », salué par la critique. En 2012, « L’Amour, l’Argent, le Vent » lui vaudra d’être nommée aux Victoires de la musique. Touche-à-tout, elle aime collaborer avec d’autres artistes, dessinateurs, metteurs en scène, scénaristes… pour explorer de nouveaux champs. Jusqu’à la radio où durant près de deux ans, elle animera sur France Inter « Cosmic Fantaisie », une émission musicale quotidienne atypique, à son image. « C’était énormément de travail ! Mais je ne pouvais pas rater une occasion pareille, qui me permettait à la fois de parler de musique de façon très poétique et faire entendre l’univers musical qui me nourrit. » Un franc succès !
Le cœur à l’ouvrage
« J’ai arrêté pour me consacrer à « Magnétique », alors en préparation. Ç’a été une période assez compliquée, j’ai eu une sorte de burn-out à ce moment-là. En parallèle, mon label a fermé, et j’ai dû réapprendre à travailler seule, sur toutes les facettes de la production ! »
Un cinquième album finalement enregistré grâce à un financement participatif, qui nous entraîne dans le monde onirique et fantasmagorique de la chanteuse. « J’ai ressenti la nécessité de m’attaquer à cette matière. Depuis l’enfance, je note mes rêves et pourtant je n’en avais encore rien fait. Mais aussi parce que je rêvais de musiques, et qu’en m’attelant à les noter, elles se sont révélées être de superbes mélodies… » Le résultat est un opus surprenant ! Actuellement en tournée, la chanteuse qui vient de retrouver une nouvelle maison de disque regorge de projets. Entre un clip de rentrée, un prochain duo avec Juliette Armanet, une comédie musicale en préparation, elle rêve aussi, éveillée cette fois, de travailler un jour avec Étienne Daho, dont la pop élégante l’a si souvent inspirée…
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