Beauté intemporelle
Une beauté éthique, naturelle, raisonnable et raisonnée. Une beauté qui prend son temps. La slow cosmétique ne connaît pas les affres du temps ni l’urgence consumériste. En Corse, plus qu’une tendance, une véritable alternative partie pour durer.
Par Caroline Ettori
Après la slow food, la slow fashion ou encore le slow travel et le slow management, il était temps que les cosmétiques rejoignent le mouvement. Engagée bien avant le confinement, la tendance ou plutôt la philosophie de vie qui consiste à vivre en conscience, dans le présent, fait de plus en plus d’adeptes. Et de consommateurs.
Non seulement la slow life s’appuie sur des valeurs comme l’authenticité, le respect, l’amour, le partage, la nature mais en plus elle fait recettes.
Le mouvement Slow a été initié dans les années 80 en réponse à l’accélération globale et à la mondialisation. Il invite à ralentir en douceur pour apprécier les moments simples et prendre le temps de vivre. C’est le journaliste gastronomique italien, Carlo Petrini, qui en 1986 lance le Slow Food en opposition au « fast-food ». Aujourd’hui, l’organisation internationale propose des événements divers et défend notamment la biodiversité alimentaire. L’idée n’est pas tant d’aller lentement pour faire moins mais plutôt de prendre le temps pour faire mieux. Un modèle que nous retrouvons dans les tous domaines.
La charte de la slow cosmétique
Ralentir le rythme, éveiller ses sens, se reconnecter à la nature, un triptyque adopté par les professionnels et nouveaux venus de la cosmétique. Une association existe d’ailleurs depuis 2012 créée par l’aromathérapeute et cosmétologue belge Julien Kaibeck, garante d’une « mention » indépendante pour les marques et produits qu’elle défend. Ainsi, quatre piliers majeurs caractérisent un produit certifié. Il doit être à la fois écologique, sain, intelligent et raisonnable.
Plus précisément, les laits pour le corps, fards à joue et autres shampoings doivent être formulés et pratiqués dans le respect de l’environnement, privilégier les ingrédients naturels et biologiques les moins transformés dans leurs formules ainsi que les circuits courts, les échanges au niveau local et le zéro déchet. Mettant l’accent sur les végétaux et les minéraux à faible impact environnemental, ces gammes excluent tout ingrédient et toute technique potentiellement toxique pour la nature, l’être humain ou l’animal. Selon Julien Kaibeck, fondateur de la Slow Cosmétique « L’impact écologique et psychologique de la cosmétique actuelle est très lourd pour la planète, pour notre portefeuille et pour notre état d’esprit. Face à ce constat, certains se disent qu’une autre cosmétique est possible. »
En Corse, des dizaines de marques s’inscrivent dans cette démarche. Certaines arborent même la fameuse mention « slow cosmétique » à l’image de Réalia, Di Nina, Les Simples et Divines, Circinella, Essences Naturelles Corses ou encore Intimu. Crèmes, sérums, savons, bougies, huiles essentielles, les consommateurs sont désormais informés du process vertueux que s’imposent ces producteurs et fabricants.
Des cheveux au naturel
À Ajaccio, la marque de produits capillaires Chloris créée par Franck Zannoni a elle aussi fait le choix d’une production responsable avec des matières premières naturelles. Laetitia Leclerc, technicienne et ambassadrice de la marque à la tête de la première boutique Chloris, revient sur cet engagement : « Nos convictions personnelles, nos choix de consommation au quotidien nous ont poussés vers plus de naturel. Nous avions envie d’utiliser des plantes et des huiles essentielles, à la fois pour les cheveux et pour l’environnement. » Pour Laetitia, c’est aussi l’assurance d’avoir de meilleurs résultats contrairement aux produits gorgés d’ingrédients de synthèse qui agissent uniquement en surface. « Les plantes prennent peut-être leur temps mais l’amélioration est réelle et durable. » La notion de temps, encore. Le moment coiffeur redevient alors un moment plaisir, un moment pour soi face à la frénésie de consommation.
Au salon, la cliente aura droit à un diagnostic personnalisé dressé à l’aide d’un trichoscope, un microscope numérique permettant d’étudier le cuir chevelu, la tige et le cheveu lui-même en détail. En 20 minutes, tout signe d’agression, sécheresse, ou autre désagrément sera identifié et une « ordonnance » établie pour réparer les dommages. Soin prodigué sur place, rituel à faire à la maison, le mot clé est personnalisation. Autant pour l’application que pour les produits.
« Nous sommes partenaires d’un laboratoire qui nous aide dans nos recherches et avec lequel nous privilégions les ingrédients naturels comme les huiles végétales de noisette ou de coco, différentes huiles essentielles en fonction des besoins, il peut s’agir d’immortelle de Porto-Vecchio, de mandarine ou encore d’ylang-ylang. Enfin le sucre ou le coco jouent le rôle de tensioactifs. Pas de sulfate, de paraben, de silicone ou autres ingrédients issus de la pétrochimie qui sont bien trop agressifs pour le cuir chevelu et les cheveux. De la même manière, nous avons développé une gamme de coloration 100% végétale avec des pigments naturels ainsi qu’une gamme de poudres de plantes ayurvédiques 100% naturelles. »
Si les produits n’ont pas de label, Laetitia est convaincue de la qualité des cosmétiques que les équipes de Chloris sélectionnent. « L’essentiel pour nous est de ne pas trahir nos engagements pris envers nos clientes, et que nous devons à l’environnement. » Des convictions et une ambition : celle de travailler avec plus de matières premières insulaires en partenariat avec une biochimiste locale.
Immortelle Superstar
L’immortelle de Corse, Helichrysum italicum pour les intimes, est un anti-hématome et anticoagulant. Cette plante convoitée par les grandes marques de cosmétique est un actif très précieux qu’on utilise en dilution dans des huiles ou des crèmes pour obtenir des produits de beauté ou d’aromathérapie. Lutte et prévention des rides, aide à la cicatrisation, lutte contre les rougeurs et la couperose, amélioration de la circulation… Ces vertus sont nombreuses.
Puissante, l’huile essentielle d’immortelle ne doit pas être utilisée pure et doit faire l’objet d’un dosage parcimonieux. Il est nécessaire de respecter les doses prescrites ou indiquées sur le flacon. Consultez un professionnel pour bénéficier d’un avis médical. L’utilisation de l’immortelle est déconseillée pendant la grossesse et les périodes d’allaitement. Elle n’est pas recommandée chez les jeunes enfants, pas plus que chez les individus souffrant d’une obstruction des voies biliaires ou prenant un traitement anticoagulant.
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