Céline Zicchina est la directrice de l’association Promotion Santé Corse. Après des études supérieures en psychologie et en santé publique à Aix-en-Provence, elle rentre à Ajaccio et prend très vite la direction de cette entité, à l’époque départementale. La structure change d’appellation plusieurs fois, évolue tant au niveau de ses responsabilités qu’au niveau de ses moyens humains, se régionalise et assure aujourd’hui une mission de service public pour promouvoir la santé globale, conçue comme un processus de bien-être physique, psychologique, social et environnemental.
Mais une fois cette présentation faite, concrètement que propose l’association au regard du territoire en matière de santé ?
Entretien avec Céline, une élégante brune au regard bienveillant, qui porte fièrement depuis 20 ans l’étendard de la santé en Corse.
Par Anne-Catherine Mendez
Que représente aujourd’hui dans le paysage insulaire Promotion Santé Corse ?
En accord avec les principes des grands textes internationaux, et grâce au soutien de l’Agence Régionale de la Santé, Promotion Santé s’engage à promouvoir une vision globale de la santé. Celle-ci est envisagée comme un processus de bien-être intégral. Cette approche vise la santé pour tous, tout en luttant contre les inégalités qui peuvent en limiter l’accès.
Son objectif principal est de promouvoir la santé et d’encourager l’éducation à la santé sous toutes ses formes, y compris l’éducation thérapeutique des patients.
De quelle manière ?
L’organisme que je dirige avec mon équipe d’environ une dizaine de personnes, privilégie des démarches participatives qui mobilisent élus, professionnels et habitants, afin de répondre aux besoins spécifiques de chaque territoire.
Parmi nos missions principales, nous accompagnons le développement de projets de promotion de la santé, en aidant les acteurs locaux à concevoir des initiatives adaptées aux réalités régionales ou locales. Notre rôle s’étend également à la gestion du seul fonds documentaire en promotion de la santé de Corse, permettant aux professionnels d’accéder à des ressources et outils pertinents pour leurs actions. Nous proposons des formations visant à partager des informations actualisées et à favoriser une culture commune autour de la promotion de la santé.
L’organisme assure également des diagnostics pour affiner la compréhension des problématiques locales, à travers des études qualitatives et des ateliers participatifs. Ces diagnostics sont souvent réalisés à la demande d’élus, de collectivités ou d’associations.
Pouvez-vous nous donner quelques exemples d’actions ?
Nous accompagnons par exemple des dispositifs territoriaux comme le développement de dynamiques locales en promotion de la santé, à travers les Contrats Locaux de Santé, les Conseils Locaux en Santé Mentale, ou encore des projets alimentaires territoriaux.
Nous animons également un espace dédié à la formation et à l’accompagnement des acteurs dans le domaine de l’éducation thérapeutique, afin de soutenir les patients dans la gestion de leur maladie.
Nous coordonnons les efforts sur le territoire pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques à travers la Plateforme d’Accompagnement du Malade Chronique vers l’Autonomie (PRAMCA).
Quelles sont aujourd’hui les grands enjeux de santé publique que rencontrent la Corse ?
La Corse fait face à plusieurs défis en matière d’accès aux soins, notamment dans les zones rurales où il est difficile d’accéder aux soins spécialisés. Cette situation pose des problèmes de mobilité pour les usagers, souvent des personnes âgées. En outre, la région est confrontée à des enjeux majeurs de santé publique, comme les addictions (alcool, drogues dures, tabac) et un taux préoccupant de surpoids chez les jeunes. Le taux de suicide est également particulièrement élevé. Par ailleurs, des maladies chroniques telles que le diabète et les maladies cardiovasculaires y sont répandues.
La Corse est une région marquée par une précarité importante et une situation sociale complexe, ce qui en fait un terreau propice à de nombreuses problématiques de santé. La pauvreté y contribue largement, exacerbant les difficultés d’accès aux soins et favorisant l’émergence de divers problèmes de santé publique. Il faut que les décideurs locaux en prennent conscience, la santé des citoyens est aussi liée à la mobilité, à l’environnement, au contexte économique. C’est un pilier essentiel de développement de notre territoire.
Quel est votre ressenti aujourd’hui, si vous jetez un coup d’œil dans le rétroviseur ?
Je suis fière du travail accompli avec l’ensemble de mon équipe. J’ai débuté très jeune, j’ai beaucoup appris sur le tas, je n’avais pas beaucoup d’expérience. Aujourd’hui, nous avons la confiance de nos nombreux partenaires, de notre tutelle. Je trouve un peu dommage de devoir tous les jours nous battre pour nos valeurs, pour notre éthique. Au bout de 20 ans, nous devrions plus défendre cela, surtout après avoir traversé les affres du Covid.
Votre phrase fétiche ?
Pour les miracles, laissez-nous 48 heures.
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