L’intelligence artificielle (IA) est une branche de l’informatique qui vise à créer des systèmes capables de réaliser des tâches qui nécessitent l’intelligence humaine. Ces tâches peuvent inclure l’apprentissage, la compréhension du langage naturel, la perception visuelle, la reconnaissance de la parole, la prise de décision, et la résolution de problèmes. Dans cette chronique, tour d’horizon sur ChatGPT.
Par Sébastien RISTORI, analyste financier, directeur du groupe BARNES Corse, professeur de finance à l’Université de Corse et directeur de collection aux Éditions Ellipses.
Les deux grands types d’intelligence artificielle
Les intelligences artificielles peuvent être classées en deux grandes catégories : Les IA dites « étroites » et les IA dites « générales ». L’IA étroite est conçue pour effectuer une tâche spécifique, comme la recommandation de musique sur une plateforme de streaming ou la réponse à des questions par un assistant numérique tel que Siri ou Alexa. L’IA faible ne possède pas de véritable compréhension ou conscience. L’IA générale est une forme d’intelligence artificielle qui a la capacité de comprendre, d’apprendre et d’appliquer l’intelligence à toute tâche intellectuelle qu’un être humain peut accomplir. Actuellement, l’IA générale ne reste que largement théorique, avec aucun exemple fonctionnel existant probant capable de révolutionner un aspect pratique traité par les humains à grande échelle. Les techniques d’IA comprennent, entre autres, l’apprentissage automatique, où les ordinateurs sont programmés pour apprendre à partir de données, et le deep learning, où les réseaux de neurones artificiels – inspirés par le cerveau humain – apprennent à partir de grandes quantités de données.
L’avènement de ChatGPT
La célèbre IA générative a été testée par un nombre colossal d’utilisateurs, jusqu’à 4 milliards de visites avec 200 millions d’utilisateurs d’après l’édition Les Échos du 18 avril 2023. La nouvelle version ChatGPT 4 est encore une IA dite « étroite », sa seule spécialité est de générer du texte à partir de milliards de données disponibles, ce qui lui permet d’exécuter une gamme de tâches liées au langage, comme répondre à des questions, écrire des essais, résumer des textes, traduire des langues, et même écrire de la poésie. Cependant, même si GPT peut donner l’impression de comprendre le contenu qu’il génère grâce à la construction des textes, il n’a pas de conscience. Il génère des réponses en prédisant quelle suite de mots est la plus probable, compte tenu des mots qu’il a déjà vus et du sens de la question posée par l’utilisateur. Par ailleurs, ChatGPT n’ayant pas un contenu intellectuel, mais plutôt « d’instruction », il recrache des compilations de données dont la réponse peut sembler correcte. Attention, ChatGPT n’est pas infaillible : il peut proposer des réponses qui sont techniquement cohérentes au niveau de la langue, mais qui sont incorrectes ou hors sujet dans le contexte plus large. Les déclarations de l’IA sont des imitations. De plus, les données disponibles de GPT sont annoncées comme limitées à l’horizon 2021, ce qui l’empêche d’être précis avec les événements récents. Enfin, GPT tente de répondre à des instructions de manière utile, mais il peut mal interpréter des instructions ambiguës ou compliquées. La question doit être la plus détaillée possible pour obtenir une réponse cohérente.
Les avantages de ChatGPT
À ce jour, aucune intelligence artificielle (bien qu’une multitude de chercheurs soit sur le coup) n’a la capacité d’interagir avec nous comme un être humain. L’IA telle que ChatGPT est, par contre, un excellent assistant virtuel. Il peut aider à l’apprentissage de la langue, il peut aider à la traduction, à la correction et à la construction de textes. Il peut aider à la rédaction de courriels, à la reformulation de propos, à la création d’idées par un brainstorming, à l’automatisation de tâches… Il est, en ce sens, un véritable support administratif orienté vers le progrès. Il est possible d’abuser du pouvoir de l’information et de demander à ChatGPT de répondre à une multitude de demandes, dont celle d’une recherche sourcée. Dans plusieurs cas, l’IA, si la question était précise, fournira des propos et des réponses correctes. Mais attention : ChatGPT est programmé pour vous répondre, au point de vous fournir des références ou des situations qui n’ont jamais existé, à les inventer de toutes pièces par simple recoupement. L’IA n’est qu’un générateur de réponse, rien de plus. Il ne peut pas vous aider à fournir un contenu intellectuel de grande qualité. Par ailleurs, soyons honnêtes : une multitude de logiciels et d’applications réputées existent déjà pour nous fournir différents services dans notre usage quotidien que celles citées plus haut. ChatGPT peut, par contre, nous amener sur des terrains bien plus sombres…
Chat GPT, l’ami de la paresse
Comme toute technologie, ChatGPT peut être utilisée de manière préjudiciable, selon la manière dont elle est employée. Et plusieurs professionnels, le corps enseignant en premier, craignent que l’utilisation de ChatGPT (ou d’autres IA similaires) n’encourage à la paresse intellectuelle. L’être humain est ce qu’il est. Car effectivement, si les gens se fient trop à ChatGPT pour obtenir des réponses, ils risquent de ne pas développer ou d’utiliser leurs propres compétences de raisonnement critique, ni même de comprendre ou d’apprendre quoique ce soit des informations apportées. Les utilisateurs doivent vérifier et évaluer les réponses fournies par l’IA, surtout lorsqu’il s’agit de décisions importantes ou d’informations complexes. Par ailleurs, si les utilisateurs se fient trop à ChatGPT pour effectuer certaines tâches (comme la rédaction, la génération d’idées, etc.), ils peuvent perdre la pratique et l’habileté à les faire eux-mêmes. Cela pourrait potentiellement conduire à une dégradation des compétences. Mais surtout, comme toute forme d’automatisation, l’utilisation de ChatGPT peut diminuer le besoin d’effort personnel dans certaines tâches. Cela peut conduire à une attitude de moindre effort et d’évitement des tâches difficiles, jusqu’à pour certains, menacer des milliers d’emplois dans les années à venir.
L’IA et la destruction d’emplois
Il ne fait aucun doute pour personne que différents types d’IA viendront automatiser différentes tâches jusqu’à, peut-être, profondément modifier tous types de métiers. Mais ne nous leurrons pas ni ne fantasmons pas sur un être dématérialisé au-dessus de tout : une IA n’est qu’au mieux une instruction artificielle et une compilation de connaissances. La réflexion, le bon sens et la contextualisation sont des aspects très difficilement programmables à échelle mondiale, tant et si bien que la destruction d’emplois annoncés pourrait, à terme, conduire plutôt l’être humain à réinventer les métiers existants et à innover aux côtés des intelligences artificielles. Nul doute que certains métiers disparaîtront, nul doute que de nouveaux apparaîtront. Tout cela, il est trop tôt pour le vivre, mais déjà trop tard pour l’éviter !
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