Chronique mondaine – Acte1
Par Nathalie Coulon
Ce sera Nadia Galy qui ouvrira le bal, le rendez- vous est pris et ce sera à la Marge, la délicieuse librairie ajaccienne, que je la rencontre et en vrai cette fois.
Nos premiers contacts furent virtuels, c’est sa page Facebook et ses photos merveilleuses de l’archipel de Saint-Pierre-et-Miquelon qui avaient particulièrement éveillé mon esprit curieux.
Je découvre il y a quelques mois que Nadia prépare son dernier bouquin Le Cirque de la solitude. Son personnage principal Jacques a été élu depuis peu président de la Collectivité territoriale corse. Le sujet est plus que d’actualité, je veux en savoir plus. Je contacte alors Nadia et nous échangeons sur divers sujets.
Qu’elle n’est pas ma surprise que de recevoir son bouquin envoyé au journal. Je m’y plonge le soir même et je suis emballée par l’histoire, la véracité des personnages et l’ambiance qui en ressort comme si j’y étais. Les hommes et les femmes dépeints me parlent, l’atmosphère m’habite et je décide dès ma lecture accomplie d’en parler à la rédaction.
Il faut qu’on organise ça très vite. On pose nos dates, un apéro et une soirée autour de bonnes bouteilles de vin. Nous sommes six attablées avec elle (une team parfaite de femmes), séance photo et Nadia Galy se prête au jeu de l’interview tout en s’intéressant et faisant plus ample connaissance avec la gent féminine qui l’entoure. Une grande convivialité comme si nous nous connaissions depuis long- temps. Un moment de partage particulier et intimiste. Nous voulons en savoir plus. Nadia nous livre bien évidemment son côté formel.
Nadia Galy est architecte. Après une scolarité au lycée français d’Alger, elle entame des études d’architecture à Paris. Sa thèse soutenue en 1988 comprend un volet d’une cinquantaine de pages intitulé “Déambulation à Biskra”, que le jury souhaite voir publié pour sa qualité rédactionnelle et l’originalité de la démarche. Elle ne suit pas ce conseil, s’inscrit en DEA d’Urbanisme à Paris et collabore avec deux cabinets d’architecture parisiens avant de s’installer à son propre compte en 1993. Les projets s’accumulent, en France et ailleurs, et même à Saint-Pierre-et-Miquelon où elle s’installe en 1998 pour construire l’aéroport, la tour de contrôle et bien d’autres bâtiments. C’est sur cet archipel, qu’elle aimera passionnément, qu’elle commence à écrire à partir de 2003. Rentrée en France en 2004, elle ouvre un nouveau cabinet à Paris et achève son premier manuscrit qu’elle remet à Albin Michel. Il sera accepté dès réception.
En 2006, elle s’installe à Bastia où elle vit depuis, et aux métiers d’architecte et d’écrivain, elle ajoute celui d’experte judiciaire auprès de la Cour d’Appel de Bastia.
Le Cirque de la solitude, paru le 1er février 2018 chez Albin Michel. Il est l’occasion d’évoquer la Corse d’aujourd’hui, les liens qui unissent à la terre, le combat politique et la morale.
Deux axes portent le travail de Nadia Galy: le besoin de faire partager les territoires où elle a vécu en faisant parler les hommes qui les peuplent et les spécifient, et puis l’éternel tour- ment que suscite la question des origines et de la filiation. Ses héros, y compris les plus ordi- naires, sont dans la quête tourmentée de ce qu’ils sont et des arcanes de leur histoire intime. Cette dernière étant toujours liée à la terre dont ils sont pétris à moins que ce ne soit à celle qu’ils se sont choisie…
Par ailleurs, elle est attachée à la langue comme un outil narratif, musical mais également gage de véracité.
Et puis vient le moment plus cosy, on se laisse porter par la nuit impériale. Nadia Galy me confie être toujours dans l’hésitation, vouloir mieux faire mais elle rajoute que c’est son côté “balance” qui influe sur sa peur de mal faire les choses. Elle aime le cinéma et est un membre actif du festival Arte e Mare. Elle aime Franck Capra, Terrence Malick et Tetro de Coppola. Les peintures de Egon Schiele. Le noir pour son côté sombre même si elle illumine de positivité. Son brushing parfait, sa frange impeccable et sa couleur gris argenté sont en osmose avec le ciel bleu marine étoilé qui vient de s’emparer du golfe d’Ajaccio, elle me parle de son rêve de bonheur : Avoir le temps.
Nous deux, on en aura pris une petite tranche ce jour-là et c’était bien. On a voyagé d’îles en îles, de la Méditerranée au grand froid et toutes ces belles dames qui m’accompagnaient ont emporté avec elle Le Cirque de la solitude. À lire vraiment.
Je vous cite mon passage préféré : « Un message s’afficha sur son téléphone alors que l’avion venait à peine de toucher la piste d’Orly. « Bonjour, si tu es encore à Paris ce soir, on pourrait boire un verre? Bonne journée, Jeanne. » C’est aussi une histoire de femme et quelle femme… Merci Nadia pour ce moment.
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