FAIRE SORTIR LE ROMAN DE SA TOUR D’IVOIRE. ABORDER DE GRANDS AUTEURS DE MANIÈRE ORIGINALE ET ACCESSIBLE. C’EST LE FIL ROUGE DE CINEMUSA QUI FÊTE SES TREIZE ANS D’EXISTENCE. ET FUT PORTÉ SUR LES FONTS BAPTISMAUX PAR MUSANOSTRA, CRÉÉE PAR MARIE-FRANCE BERENI-CANAZZI. RÉCEMMENT L’ASSOCIATION ORGANISA UN FESTIVAL CULTUREL QUI SE DÉROULA SUR UNE DIZAINE DE JOURS. ET SUSCITA UN RÉEL ENGOUEMENT.
Par Jean Poletti
Voilà plus d’une décennie que les actions convergent vers ce que l’on nomme « le tout public». Certes, l’édition 2023 resta fidèle à sa devise: «De l’écrit à l’écran». Mais elle innova. Une sorte de bienfaisant changement dans la continuité.
Dans le droit fil des souhaits de Marie-France Bereni-Canazzi, efficiente ambassadrice et maillon essentiel de l’association. À Bastia, la manifestation se déploya à travers la participation d’écrivains, de dédicaces, un café débat. Mais aussi, et c’est un peu la marque de fabrique de cet évènement, avec la projection de films récents, parfois en avant- première, tous auréolés de succès littéraires. Notons notamment Les Trois Mousquetaires D’Artagnan,
Mystère à Venise, ou encore La tresse. Le parrainage de poids du festival n’est sans doute pas étranger au succès. En effet deux écrivains d’origine corse, Jean-Noël Pancrazi, membre du jury Renaudot et Hélène Frappat, chroniqueuse cinéma reconnue, ont œuvré en coulisses à la montée en puissance de cette belle aventure.
INVITÉE D’HONNEUR
Camille Laurens, membre de l’académie Goncourt, chroniqueuse littéraire au quotidien Le Monde, inaugura les trois coups de Cinemusa. Sa présence à l’auditorium de Bastia est à signaler. Les apparitions de l’écrivaine, en effet, se font désormais rares. Sa présence témoigne de la confiance accordée aux organisateurs mais aussi au lectorat corse.
Ce moment portera sur ses textes réunis en recueil dans la collection Quarto aux éditions Gallimard, autour de la thématique essentielle du «désir». Il sera animé par Kevin Petroni, écrivain, doctorant et membre de Musanostra, que préside actuellement Anne-Marie Sammarcelli. Signalons par ailleurs qu’un des romans de Camille Laurens intitulé Celle que vous croyez a été adapté avec succès au cinéma. La rencontre avec le public se clôtura avec le concours de la librairie Papi par une séance de dédicaces de la romancière. Rallier de nouveaux lecteurs fut également au programme. Ainsi Jean-Baptiste Croce dévoila à la librairie Alma le second volume de ses chroniques baptisé Intimes confessions. Là encore, il fut question de cinéma et littérature pour le journaliste qui est également président du Festival du film italien. À noter que ses recueils sont publiés chez Musanostra Edizione. Le programme proposait un café littéraire à l’Alb’Oru sur le thème «littérature et cinéma» en présence de l’écrivain Jean-Dominique Poli, auteur du tout récent ouvrage Napoléon inconnu, préface de Jean Tulard, édition Le bord de l’eau, avec le soutien de Radio Nebbia et des membres des éditions Piumaginaire. Il aura été question des liens entre «l’écrit et sa transposition» dans un débat ouvert à tous. De haute tenue et unanimement prisé.
BÉNÉFIQUES COLLABORATIONS
Musanostra fut bien évidemment au premier rang des organisateurs de ce qu’ils qualifient volontiers de «festival littéraire». La forte adhésion des adhérents a permis de sceller différents partenariats afin que ce rendez- vous puisse voir le jour : Collectivité de Corse, Ville de Bastia, Air Corsica, Studio Cinéma, Lycée Paul-Vincensini. Et en toile de fond l’implication de l’Éducation nationale. Car, et cela est l’autre particularité de Cinemusa, le volet pédagogique fait la part belle aux scolaires. Ces derniers avaient reçu en
amont un synopsis de roman avant de pouvoir visionner le film éponyme. Aussi durant cinq jours, onze films furent essentiellement dévolus aux jeunes générations. Collégiens et lycéens du Grand Bastia purent ainsi « bénéficier de clés pour étoffer leur esprit critique et leur capacité d’argumentation», comme le souligne Nathalie Malpelli, professeur de lettres modernes au lycée Paul-Vincensini. Chacun percevra aisément que se dessine en toile de fond l’ambition d’une mixité générationnelle, sociale et donc culturelle «Tout a été fait pour ramener les gens vers la lecture », répètent à l’envi les membres de Musanostra. Ils précisent en incidence que la date choisie pour l’évènement ne doit rien au hasard. À l’approche des fêtes «la culture se vit
comme un cadeau».
POURSUIVRE ET AMPLIFIER
Mais ils n’entendent pas s’arrêter en si bon chemin et ont sans conteste les moyens de leurs ambitions. Citons l’édition avec Musanostra Edizione ou les récurrents concours d’écriture. Et bien évidemment d’autres festivals littéraires en perspective. Du futur au présent, rappelons que des séances « tout public » dans la salle du Studio complétèrent la semaine cinéma. Les spectateurs purent apprécier entre autres les projections de Ridicule, de Raining Stones, du Pianiste et de Selma. Cette offre riche et variée se fonde cependant dans une philosophie essentielle. Elle aspire à démocratiser la culture et l’offrir à la population. En cela, Marie-France Bereni-Canazzi et les nombreux bénévoles qui l’entourent font à maints égards œuvre citoyenne. Un grand coup de chapeau s’impose à l’évidence!
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