Edito : Avril 2014

Edito

 La Corse en miettes 

Le rideau est tombé sur les municipales. Les promesses inconsidérées aussi. La réalité reprend force et vigueur après ce florilège de mirifiques projets  dont la sempiternelle vocation est de demeurer dans les tiroirs  aux oubliettes.  Réveil brutal. La situation d’une ile à la dérive  revient au devant de la scène. Laissant percer le tragique après  la vaine comédie du pouvoir.

La précarité frappe à coups redoublés. L’emploi se réduit comme peau de chagrin. Le bâtiment se fige. Les deniers publics se font rares  et les collectivités sont  contraintes d’amputer certains budgets. Les syndicats de salariés s’alarment à l’image des représentants socioprofessionnels. Le diagnostic  est morose tandis que l’avenir s’ourle de lourds nuages noirs.  La Corse risque d’entrer dans une sorte de léthargie  que les pires augures n’auraient pu prévoir.   Attention  au décrochage  préviennent les spécialistes. Mais il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.

Dans une région happée par la spirale de la paupérisation,  le fatalisme de la population se conjugue à maints égards avec  l’inconsistance de trop d’édiles. Une telle conjonction  nourrit, nul n’en disconvient, le terreau  du mal-être, infligeant à la jeunesse un sentiment de désespoir.  Un  habitant sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté,  Pôle-emploi croulant sous les demandes.  Les organismes caritatifs  débordés. Voilà le  douloureux spectacle qui  révolte l’entendement. Notre région n’est pas la Lozère ou quelque  désert de Gobi. Elle recèle  de potentialités. Encore faut-il les rentabiliser. La Corse parait prise entre le marteau de ceux qui prônent une sanctuarisation juridique et l’enclume des partisans de la baléarisation. Ou encore  tels  enclins au repli confinant à l’autarcie et les adeptes d’un libéralisme  sauvage, destructeur d’âme et d’identité.

Entre ces deux voies sans issue,  l’urgence impose de  tracer rapidement un nouveau chemin, bordé d’une exigence  majeure : l’intérêt collectif.  La survie d’une communauté est à ce prix. Tergiverser serait une erreur. L’ignorer une faute.

Il  faut en finir avec les incantations. Transcender les blocages  qui  semblent antagonistes  mais se veulent  fréquemment complémentaires. Ils se nourrissent  mutuellement  créant ici des débats  artificiels, là des philippiques surannées, qui  font le lit  de l’immobilisme

Le monde entrepreneurial et le landernau  d’élus ne  doivent plus se regarder en chiens de faïence.  Une authentique politique économique doit enfin émerger  de ce fatras de décisions  ponctuelles, d’aides  financières  déconnectées de la réalité ou d’invectives de chefs d’entreprises à l’endroit des  responsables politiques.

Etre pragmatiques. Sérier les besoins, tracer une prospective  décennale, dire le possible et le souhaitable. Voilà  qui jetterait les bases  d’une stratégie fiable, car elle  répondrait à une  interrogation duale : quel développement  et comment parvenir à l’épilogue souhaité.

Le reste n’étant que revendications corporatistes et  arguties politiciennes.

                           Jean  Poletti

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