Edito : Octobre 2014
La révolution de velours
Tout va mal. La Corse ressemble au Titanic qui sombre tandis que l’orchestre joue. Le risque du naufrage est perçu individuellement, sans qu’affleure un véritable sursaut collectif. Pire encore, les discours lénifiants font encore partie du récital de certains élus, tournant tels des disques rayés que nul n’écoute. Dans cette surréaliste symphonie inachevée, les socioprofessionnels rament à contre-courant pour tenter de surnager dans une économie exsangue. Le tableau s’ourle de noir dessinant à grands traits une île brisée par la précarité, percluse de chômage, minée par l’absence de logements et marchant vers des lendemains incertains.
Ce constat dramatique s’émancipe du corset des mensonges qui masquèrent trop longtemps les étapes du déclin. Le grand sommeil est terminé. Le réveil brutal offre aux yeux qui se décillent un spectacle de ruines. L’édifice artificiellement bâti sur le sable de l’illusion s’est effondré. Laissant une communauté démunie face à une cruelle réalité.
Le nombrilisme, l’indifférence, l’individualisme, les pré-carrés et autres prébendes tirèrent progressivement vers le bas une société. Livrant au grand banditisme un vaste terrain de chasse qu’il investit avec un féroce appétit.
Tout est lié. Rien ou presque ne relève de l’accident de l’histoire. Faut-il évoquer la responsabilité collective ? Peut-être. La solidarité l’éthique et le vivre-ensemble sont depuis belle lurette ravalés aux slogans de campagne. Dans le même temps crier haro sur les élus relève à maints égards du masochisme. Car jusqu’à plus ample informé s’ils accèdent aux responsabilités c’est tout simplement grâce a nos choix.
Le temps d’une révolution de velours n’est-elle pas arrivée ? Dans cette prochaine territoriale qui déjà se profile, serait-il utopique d’imaginer que le citoyen fasse preuve de responsabilité en choisissant ceux qui veulent sortir la Corse de l’ornière, et non sur ceux qui misent sur leurs affidés. Les mairies amies les porteurs de voix. Les retours sur investissements électoraux.
Le vote, ici comme ailleurs est un droit cardinal. Mais aussi un impérieux devoir. Les urnes doivent exclusivement livrer le verdict du libre choix, qu’aucune autre contingence ne doit souiller.
Sauver la Corse, relève de l’urgence absolue. La situation implique que soient occulté l’accessoire pour privilégier l’essentiel.
Cela devrait couler de source. Surtout chez nous ou Sambucucciu et Paoli furent au niveau de l’Europe des éclaireurs de la démocratie.
Cette doctrine de l’intérêt général, débarrassée de tout relent passéiste et remise au goût du jour fourrait à l’évidence être le marqueur d’une nouvelle ère politique. Elle fondrait dans un même creuset économie et social, développement et préservation. L’avènement d’une Corse qui saurait rester elle-même tout en s’ouvrant à la modernité au progrès partagé. Une sorte de bonheur légitimement souhaitable et vraisemblablement possible !
Jean Poletti
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