Edito : Septembre 2014
L’heure des comptes
Le soleil estival s’est éteint comme les lampions après la fête. Le relatif étourdissement aux accents de farniente devient souvenir. Le réel et ses aspérités, coupantes comme le scalpel, lacèrent une communauté une nouvelle fois confrontée aux marasmes. La Corse souffre. La débâcle ne peut plus être dissimulée.
Le cache-misère touristique ne joua plus son rôle de palliatif éphémère. Où que se tourne le regard tout n’est que triste spectacle. Une néfaste conjonction d’éléments disparates sembla constituer un coup de boutoir terrible. Faisant chanceler un édifice déjà fragilisée. La gigantesque vague de la crise économique frappe désormais la Corse. Démunie faute d’avoir initié une véritable stratégie d’essor collectif. A trop s’être endormie sur de faux lauriers, elle se retrouve prisonnière des affres de la paupérisation. Le roi est nu.
L’évidence affiche les illusions perdues, sonnant le glas des discours chimériques et de stratégies illusoires.
Un boulot, un toit. Voilà l’aspiration d’une jeunesse amputée d’avenir. Et lorsque la collectivité territoriale initie des dispositifs dévolus à briser le mercantilisme foncier ou immobilier, tels brandissent l’arme fatale de la constitution ! Certains grands juristes on beau proclamer que le fait a toujours précédé le droit. D’autres que parfois existe la force injuste de la loi. Rien n’y fait. Les élus insulaires délibèrent à la demande de Paris. Un ministre de l’intérieur, à qui il ne manquait que le sifflet, vient dire circulez y’a rien à voir ! Fort heureusement sa collègue Marylise Lebranchu sut gommer ce propos de salle de garde. Retissant le fil d’un dialogue qui n’aurait jamais du être rompu.
Mais ce panel de péripéties ne doit nullement dissimuler nos propres turpitudes. Où sont les grandes orientations, les priorités et les choix majeurs propices a l’essor collectif ? Est-il imaginable que depuis une trentaine d’années le mal de mer n’ait pas été guéri ? Avons-nous toujours plaidé pour un tourisme, fut-il maitrisé, comme socle et vecteur principal du développement ? Ne l’a-t-on pas qualifié de mal nécessaire dans un contrat de plan Etat-région ?
Comment expliquer aux esprits cartésiens qu’une ile riche de tant d’atouts ne puisse pas accorder le plein emploi à une population active oscillant autour de cent mille personnes ? Qu’un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté ?
Voilà la vérité. Cruelle. Incontournable. Affligeante. Elle ne peut plus être placée sous l’éteignoir ni habillée du mensonge des statistiques officielles.
A l’heure de la rentrée, qui est aussi celle des comptes, il convient de marteler que le problème ne touche pas exclusivement les entreprises, mais l’ensemble de la société. Plaider pour sa paroisse équivaudrait a regarder par le petit bout de la lorgnette.
Jean Poletti
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