LES PARENTS PEUVENT ENFIN REPRENDRE LE CONTRÔLE DES ÉCRANS DE LEURS ENFANTS. GRÂCE À STUDIAPP, L’APPLICATION CRÉÉE PAR MARIE-ANGE PREDALI, L’HYPERCONNEXION EST NON SEULEMENT MAÎTRISÉE MAIS ÉGALEMENT SOURCE D’APPRENTISSAGE.
Par Caroline Ettori
Quel est le principe de Studiapp?
C’est un mix ente un code parental et une application pédagogique pour lutter contre l’hyperconnexion des ados aux écrans qu’ils s’agissent de tablettes ou de téléphones. Une fois que le temps d’écran autorisé par les parents est atteint par l’enfant, les applis contrôlées sont bloquées. L’enfant peut les débloquer en répondant à un QCM.
Une fois l’application installée sur son téléphone ou sa tablette, quelles sont les différentes options disponibles pour les parents ?
L’idée est de rendre les parents administrateurs du téléphone de leur enfant. Ils ont ainsi une vision globale de l’utilisation de l’appareil. Par exemple, les parents peuvent choisir les applications à bloquer. Généralement, ce sont les réseaux sociaux, les jeux ou encore les sites de streaming qui sont concernés. Le parent renseigne également le profil de l’enfant, sa classe, son âge. On cible les élèves en toute fin de primaire et les collégiens. Les « premiers téléphones » font leur apparition au CM2. Les parents peuvent suivre jusqu’en 3e. Il est par la suite plus difficile de superviser les écrans des lycéens. Enfin, les QCM peuvent porter sur une ou plusieurs matières et sont déclenchées après un temps déterminé par les parents qui choisissent également le score à atteindre pour débloquer les applis. Par ailleurs, ils reçoivent quotidiennement des notifications comme le temps passé sur les applis, les résultats des tests ou les tentatives de désinstallation ou d’installation de logiciels supplémentaires. J’ai souhaité que le suivi soit le plus précis possible.
Les applis naissent souvent du parcours personnel de leur créateur, elles répondent à un besoin très particulier…
C’est effectivement le cas pour Studiapp qui s’inscrit dans la continuité de mon action en tant qu’enseignante. J’ai débord été surveillante puis professeur de vie sociale et professionnelle au collège Pascal-Paoli de Corte. J’étais engagée dans la lutte contre le décrochage scolaire et les stratégies d’apprentissage. Après la fin de mon contrat, j’ai connu une période de chômage et c’est à ce moment que j’ai imaginé l’application. J’ai alors contacté Alexandra Pagni au sein du Pôle Pépite à l’université de Corse pour lui présenter mon idée en expliquant que j’étais entourée d’ados accros aux écrans et que les différentes études en neurosciences montraient les dérives de l’hyperconnexion. L’étude de marché est venue confirmer que c’était vraiment un sujet de préoccupation dans l’air du temps. Il fallait aller vite.
Vous avez intégré le Pôle en mars 2018 et tout s’est accéléré…
Cela m’a permis de rencontrer des personnes ayant des compétences techniques comme le développeur Christian Comiti, créateur de l’application Prevn spécialisée dans la prévention santé et la sécurité au travail. Ensemble, nous avons pu établir un cahier des charges. J’ai pu entretemps présenter des concours professionnels comme celui de l’Entreprenariat au Féminin organisé par l’Adec et pour lequel j’ai remporté le prix de 20 000 euros. Cette somme a financé le développement de l’application sur Androïd.
Et la série ne s’arrête pas là…
En effet, je suis lauréate du concours Pépite 2019 qui m’a ouvert les portes de Bpifrance. J’ai ainsi pu pitcher mon appli devant les représentants de cette Banque publique d’investissement. Récemment, j’ai gagné le concours des Corsican Business Woman catégorie Entreprise jeune et innovante. Enfin, je bénéficie d’un accompagnement de la part d’Orange. Grace à eux, je serai présente au salon Educatec-Educatice du 20 au 22 novembre à Paris. L’occasion de rencontrer des acteurs majeurs de l’Éducation nationale.
Comment souhaitez-vous voir évoluer Studiapp ?
Les prochaines évolutions porteront d’une part sur les questionnaires. Avec Loïc, mon développeur, nous avons créé un générateur de questions. Des copines professeurs et enseignantes aux quatre coins de la Corse participent à l’élaboration des QCM et des vrai/ faux en mathématiques, français, physique, SVT, italien, espagnol,
corse, histoire-géo qui répondent au programme de l’Éducation nationale. La nouveauté est que la catégorie « culture générale » va faire son apparition pour corser un peu le tout et optimiser le concept. C’est en fait une demande des parents. D’un point de vue technique, j’espère que nous pourrons passer payant sur Androïd en fin d’année au prix de 39,99€ par an et trouver un développeur sur IOS de préférence installé en Corse. En attendant et depuis le mois de mai nous sommes à 25/30 téléchargements/jour sans trop de communication mais avec une présence sur Internet assurée par une autre copine Paola Stoyanovitch de l’agence Pop Com à Corte. Et les retours sont bons. Du moins, les parents sont ravis. Les enfants un peu moins. C’est une négociation à faire une fois qui participera à une éducation durable aux écrans.
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