Futurs ingénieurs, rendez-vous sur Parcoursup. Depuis le 17 janvier, les lycéens peuvent formuler leurs vœux pour la rentrée prochaine. En Corse, ils peuvent désormais postuler pour intégrer MIRA, une nouvelle école d’ingénieurs en robotique et informatique qui ouvrira ses portes en septembre 2024 à Ajaccio.
Par Caroline Ettori
Initiée par le groupe Aflokkat, MIRA est le résultat d’une portes en septembre 2024 à Ajaccio. pour établir un synergie entre la
sphère éducative et
le tissu économique insulaire. « Dans le cadre
de nos formations, nous avons commencé à travailler avec les entreprises du numérique dès 2016. C’est en 2019 qu’elles nous ont fait part de leur besoin d’ingénieurs », précise Benjamin Pereney, directeur général d’Aflokkat et directeur de MIRA. Des profils différents des bac+5 universitaires, plus ancrés dans l’entreprise, polyglottes, ayant obligatoirement une expérience à l’international. La demande est posée. Pour les équipes d’Aflokkat, le travail sérieux commence à la fin du premier confinement avec l’ambition de faire un état des lieux des besoins tant qualitatifs que quantitatifs. «L’objectif était de déterminer le nombre de personnes recrutées à 3, 5 et 10 ans. Nous avons réalisé une analyse territoriale nourrie par différentes études nationales et internationales. Très rapidement l’informatique n’apparaissait plus comme seule voie de développement, la robotisation et l’Intelligence Artificielle (IA) s’imposaient comme des tendances lourdes.»
Nous sommes à la fin de l’année 2020 et si l’idée d’une école d’ingénieurs se précise, les projections des besoins et du programme pédagogique sont au centre des préoccupations. «Il ne s’agissait pas de créer une école qui soit en retard à l’horizon 2030. Nous avons donc recontacté les entreprises comme la Sitec, Good Barber, Gloria Maris ou encore Corstyrène pour établir un nouveau bilan. Non seulement elles avaient recruté plus d’ingénieurs que prévu mais sur l’ensemble du territoire 60 postes par an restaient non pourvus faute de candidat. » La France ne compte que 200 écoles d’ingénieurs et les créations ex nihilo sont encore plus rares. De là à créer une nouvelle école sur un nouveau site… Le pari n’était pas gagné. Benjamin Pereney revient sur les différentes étapes qui ont jalonné la création de MIRA. «La lettre d’intention pour notre accréditation a été envoyée en octobre 2021. Peu après un rapport d’auto- évaluation a été transmis à la Commission des Titres d’Ingénieur. Un comité d’experts a étudié le rapport et nous a renvoyé une série de questions. Par la suite, ces experts sont venus sur site et ont évalué l’avancée du projet. Dans notre cas, il y a eu de nombreuses rencontres, de nombreux entretiens avec les équipes ce qui a donné lieu à un nouveau rapport présenté à la Commission. Dans un second temps, la direction de l’école a été reçue par une commission paritaire composée de représentants d’écoles d’ingénieurs et de chefs d’entreprise. Un grand oral qui détermine si l’accréditation nous est accordée.» Ce fut chose faite en octobre dernier ! Entretemps, les équipes ontmultipliélescontactsetlespartenariats notamment avec le Pays basque et l’école de robotique ESTIA, tout ceci en lien avec l’académie de Corse, l’organe de tutelle de l’établissement.
Ainsi MIRA accueillera sa première promotion à la rentrée 2024. Une école en 5 ans qui sélectionnera sur dossier et après un entretien individuel 25 étudiants pour intégrer sa première année. Au programme: mathématiques, informatique, robotique, intelligence artificielle, physique et sciences de l’ingénieur mais également sciences de l’entreprise, sciences humaines et sociales. Le tout encadré par un corps professoral composé d’enseignants, docteur en informatique, robotique, physique, agrégé de mathématiques, de professionnels pour des problématiques très précises, très techniques
et d’enseignants d’écoles partenaires comme l’ESTIA. Si les trois premières années seront en tronc commun, la quatrième proposera deux majeures: robotique mobile et robotique basée sur l’humain. En clair, la robotique mobile va se concentrer sur la programmation des robots autonomes. L’ingénieur va lui «apprendre» à interagir et à se déplacer dans un environnement. C’est le cas des voitures autonomes ou encore du robot Curiosity envoyé sur Mars.
Par ailleurs, la robotique basée sur l’humain portera sur les interfaces humain-machine que l’on retrouve dans les domaines médical, social, éducatif ou encore marchand. Enfin, la cinquième année sera tournée vers une
mission de fin d’études.
«L’approche pédagogique de MIRA sera une approche par projets. Nous prévoyons 20 projets sur 5 ans, soit 4 par an qui iront de la création d’entreprise à la programmation d’un robot en passant par des actions en faveur du développement durable. D’ailleurs, nous accompagnerons les candidats dans leur projet de création d’entreprise, de l’idéation à la commercialisation au fil des années d’études. À partir de la 3e année, ils pourront poursuivre leur cursus en tant qu’étudiants, apprentis ou étudiants entrepreneurs », souligne le directeur qui dresse le portrait robot des futurs ingénieurs MIRA. « Ce seront
des ingénieurs en robotique et informatique trilingues, français, anglais et une langue au choix qui pourra être le corse, le russe ou encore le mandarin, pourquoi pas. Ils auront eu au moins une expérience à l’étranger, soit académique par le biais de notre réseau d’écoles et universités partenaires en Italie, en Angleterre, en Amérique latine ou en Espagne; soit professionnelle sous forme de stage, d’alternance voire de contrat de travail à l’étranger, là encore au sein des entreprises partenaires de l’école.»
S’agissant du budget, les frais de scolarité pour les deux premières années sont fixés à 6500 euros par an. «Nous accorderons 4 bourses de 2000 euros sur critères sociaux, et au mérite, attribuée celle-ci sur concours. » En troisième année, les frais seront de 7500 euros. Il faudra compter 8000 euros pour les 4e et 5e année. À noter que les étudiants peuvent suivre leurs études en apprentissage. Dans ce cas, les frais sont payés par France Compétences. «À partir de la deuxième année, les élèves ingénieurs doivent effectuer des stages durant 3 mois par an. Ces stages sont rémunérés et peuvent participer au financement des études», note Benjamin Pereney.
Confiant sur l’avenir des futurs ingénieurs, le jeune homme poursuit: «En 2030, nous avons évalué les besoins à 632 recrutements. Notre première diplomation en 2029 réunira 35 jeunes professionnels, 10 auront intégré la formation sur concours à partir de la 2e année. Notre objectif est de leur permettre de travailler sur le territoire, tout en leur permettant de partir s’ils le souhaitent. Si 35% des bacheliers corses quittent l’île pour leurs études par manque de formations souhaitées, la Corse compte seulement 2% de mobilité entrante. Nous voulons également être attractifs au niveau national et international.»
Toutes les conditions sont réunies pour retenir les talents et pourquoi pas susciter des vocations. « Beaucoup de jeunes n’ont pas conscience de ce que sont les métiers d’ingénieurs ou les métiers de l’informatique. La perception est très différente de la réalité. C’est un véritable enjeu que d’informer autour de ces filières à travers des actions pédagogiques comme des ateliers d’initiation à la robotique dans les collèges et lycées par exemple ou encore des cours de programmation. » Selon l’Insee les services numériques sont l’un des secteurs les plus dynamiques de l’économie. Un axe stratégique de développement plus que pertinent pour les jeunes et pour la Corse.
Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.