Fédération du Bâtiment et Travaux publics de Corse-du-Sud – Pour Jean-François Luciani « rien ne va plus »
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Le président de la Fédération n’est pas un adepte du catastrophisme. Mais cette fois la situation est à ses yeux particulièrement inquiétante pour la corporation. Inflation, prix des matériaux qui s’envolent à cause de la pénurie. Risque d’arrêts de chantiers. Une crise ambiante encore aggravée par le fameux handicap de l’insularité.
Quel est l’impact de la crise sur votre Fédération ?
Après les difficultés économiques liées à la pandémie de Covid-19, les artisans et entreprises du bâtiment font maintenant face aux conséquences économiques de la guerre en Ukraine avec les problèmes d’approvisionnement qui se renforcent et les prix des matériaux qui s’envolent à nouveau, alors même que le BTP doit faire face à une progression substantielle du poste salaires, du fait d’une accélération de l’inflation et de difficultés de recrutement toujours prégnantes. La situation financière des entreprises se trouve donc fragilisée.
Quelles en sont les causes majeures et les conséquences locales ?
La hausse des prix et la pénurie de matériaux ont un impact fort sur l’activité des entreprises avec un ralentissement des chantiers, une perte de productivité, une réduction des marges, une dégradation de leur trésorerie et beaucoup d’inquiétude pour leur pérennité.
Aujourd’hui, ce sont la quasi-totalité des matériaux qui sont concernés par l’envolée de leur prix, soit parce que leur production nécessite beaucoup d’énergie, facteur dont les prix connaissent des variations erratiques, soit parce qu’ils dépendent eux-mêmes de matières premières ou de demi-produits pénalisés par la guerre. Entre décembre 2021 et avril 2022, les prix de production des aciers pour le bâtiment (+27,5%), des demi-produits en aluminium (+23,9%), des produits PVC (+13,9%), ainsi que des demi-produits en cuivre ou alliage (+10,7%) ont connu une hausse vertigineuse. Il faut encore ajouter à cette liste les tuiles (+20%), les produits céramiques (+13,1%), plastiques (+9,6%) et verriers (+8,3%).
De plus, les entreprises redoutent des arrêts de chantiers en raison de problèmes d’approvisionnement.
L’insularité aggrave-t-elle le choc dans votre secteur ?
En effet, les entreprises corses doivent également faire face à des surcoûts liés à l’insularité avec :
- l’étroitesse des marchés (emploi, approvisionnement,…) et l’absence d’économies d’échelles ;
- le coût du transport maritime ;
- l’incertitude sur l’approvisionnement.
Les prêts de l’État arrivent à terme, pourront-ils être remboursés ?
Le remboursement du Prêt garanti par l’État (PGE) vient accroître les difficultés des entreprises en cette période difficile.
Pour éviter d’accentuer la crise, la FFB demande à ce que les premières mensualités du PGE soient décalées d’un an.
Allez-vous répercuter la hausse du prix des matériaux chez vos clients publics ou privés ?
Les chefs d’entreprises répercutent progressivement les hausses des prix dans les devis mais cela n’est encore que très partiel. De ce fait, les trésoreries et les marges continuent à se dégrader.
Dans cette période inflationniste et le risque de récession craignez-vous des faillites ?
Nous sommes inquiets pour la rentabilité des entreprises. Les trésoreries poursuivent leur dégradation et les marges opérationnelles continuent de reculer pour atteindre leur plus bas niveau depuis quinze ans.
En 2022, le bâtiment doit également faire face à une progression substantielle des salaires, du fait de l’accélération de l’inflation, d’une part, de difficultés de recrutement toujours prégnantes, d’autre part. Il s’agit d’une nouvelle source de tension pour la situation financière des entreprises qui, sans solidarité de filière renforcée, risque de se fragiliser rapidement.
Avez-vous d’ores et déjà envisagé des procédures de chômage technique ?
Ce n’est pas encore le cas mais cela pourrait arriver en cas de pénurie avérée de matériaux.
Quel message souhaitez-vous délivrer à vos adhérents ?
La Fédération du BTP de Corse-du-Sud est plus que jamais aux côtés de ses entreprises pour les accompagner tout au long de cette période difficile.
Les Assises du BTP, lancées par le ministre de l’Économie, se sont tenues le 22 septembre à Bercy. À cette occasion, la FFB fit état sur l’ensemble des problématiques du secteur en vue de la prochaine loi de finances 2023.
Nous attendons avec impatience des mesures rapides et concrètes pour l’équilibre économique de nos entreprises.
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