Future centrale du Ricanto

Première pierre d’un édifice tant attendu

Enfin ! Après bien des contretemps une cérémonie symbolique a acté la construction de la future centrale qui devrait être opérationnelle dans trois ans. Luc Rémont, président directeur général d’EDF, vint officialiser le chantier en présence de la ministre Catherine Vautrin, de nombreux élus insulaires et Emmanuelle Wargon qui préside la commission de la régulation de l’énergie.

Par Jean Poletti

L’instant s’avérait important. Il paraphe un projet qui datait de deux décennies. L’attente était grande pour la Corse tant il va consolider son autonomie énergétique tout en optimisant la décarbonation. En effet cette construction d’un coût de huit cents millions d’euros sera abondé par quatre cents millions supplémentaires pour accroître la résilience du territoire. Voilà qui sonne le glas de l’actuel Vazzio, dernière unité d’Europe à fonctionner au fuel lourd. Sa remplaçante composée de huit moteurs utilisera annuellement quelque cent mille tonnes de biomasse liquide. La différence ? « Des grains considérables en termes atmosphériques. », souligne Luc Rémont. Et d’ajouter en substance que l’énergie produite sera entièrement renouvelable, supprimant ou réduisant drastiquement les émissions de dioxyde de souffre de carbone ou d’azote.

Au chapitre des prestations soulignons notamment qu’avec une puissance de cent trente mégawatts, la centrale fournira vingt pour cent de la consommation électrique annuelle de l’île. Une capacité qui pourra être doublée la nuit, avec des pics d’activités lors des périodes hivernales et estivales. Concrètement, elle répondra aux besoins d’environ cent dix mille personnes de la région ajaccienne.

Projet vertueux

Il ne manqua pas d’être mis en exergue que l’utilisation du « carburant » élaboré à partir d’huile de colza répondra pleinement aux critères édictés par la directrice européenne nommé Red. Par ailleurs, il n’est pas inutile de souligner que la future réalisation réduira sa consommation d’eau de trois cent cinquante mille mètres cubes annuellement par rapport à celle qu’elle remplace. Et pour clore ce chapitre d’innovations, rappel fut fait que le site allierait des mesures de préservation des espèces, l’intégration dans l’environnement ou encore la limitation de nuisances sonores.

Tout sera-t-il bientôt pour le mieux dans le meilleur des mondes de la bioénergie ? Luc Rémont le pense. Persiste et signe non sans raison. « Un projet vertueux au service du peuple corse. »

Dans une incidence plus générale, il mit en exergue que ces travaux s’inscrivent dans une continuité des investissements initiés sur d’autres moyens de production. Et de citer en exemple probant la centrale de Luciana et le projet baptisé SACOI3 dévolu au renforcement du réseau électrique par des interconnections avec la Sardaigne et l’Italie. L’enjeu ? « Atteindre zéro émission nette d’ici à 2050. » La méthode ? La réaffirmation d’un engagement aux côtés des acteurs du territoire « pour accompagner la décarbonation du mix énergétique des zones non interconnectées. »

Cap sur l’autonomie énergétique

Sans doute dans un souci de proximité et de symbiose d’EDF dans l’île, que dirige Vincent de Rul, Luc Rémont s’attacha à clôturer son intervention par quelques phrases in lingua nustrale. Dans ce droit fil la ministre, également promue « Madame Corse », tint à rappeler la solidarité nationale permettant ainsi que « le consommateur ne soit pas pénalisé par un surcoût par rapport à l’Hexagone ».

Gilles Simeoni martela d’emblée « Nous venons de loin. » Un prélude introduction d’un propos qui retraça les luttes écologiques depuis l’opposition au site nucléaire de l’Argentella à la mise en service du Vazzio, si contesté à l’époque. Et en péroraison de réitérer, l’objectif de la programmation pluriannuelle prévoyant « l’autonomie énergétique dans vingt-cinq années ».

Comme en écho Laurent Marcangeli ponctua son allocution d’un « era ora » explicite à tous égards. Pour le député qui fut attentif à ce rattrapage historique, une page écrite à l’encre des turbulences se fermera dans un proche futur. La nouvelle est à rédiger sous un ciel que l’on peut prédire, sans crainte d’erreur, plus serein. Le maire de la cité impériale tint à s’associer aux accents de satisfaction. Stéphane Sbraggia ne se privant pas d’évoquer plusieurs initiatives d’énergie propre en plusieurs quartiers.

« Cette aventure industrielle est aussi incarnée par la performance de nos équipes », tint à rappeler Luc Rémont. À l’évidence, parmi leurs tâches diverses et variées, elles s’évertuent quotidiennement à faire fonctionner la vieille machine qu’est devenue le Vazzio. À bout de souffle mais qui faute de mieux doit continuer encore un peu son temps, qui lui est fort heureusement désormais compté.

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