Hélène Morati
Portrait d’une expert-comptable engagée : entre passions, défis professionnels et ambitions collectives
Par Anne Catherine Mendez
Dans le paysage corse de l’expertise comptable, une professionnelle se distingue par son parcours et ses engagements multiples. De ses débuts académiques jusqu’à son ambition de jouer un rôle clé au sein du Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables, voici le portrait d’une femme passionnée et déterminée à promouvoir sa profession.
Quel est votre parcours ?
À l’âge de 17 ans, je décroche mon baccalauréat, avant de poursuivre des études de sciences économiques à Aix-en-Provence puis à l’Université de Corse jusqu’à obtenir ma maîtrise en 2002. Décidée à rester en Corse, je me tourne vers la comptabilité, intégrant la filière comptable au lycée Paul-Vincensini à Bastia et obtenant mon diplôme d’Études Comptables et Financières (DECF/DCG). Déterminée à poursuivre le cursus de l’expertise-comptable, je passe en candidate libre le Diplôme Supérieur d’Études Comptables et Financières (DESCF/DSCG), tout en enseignant les sciences économiques au lycée Jeanne-d’Arc à Bastia.
Quelles sont les premières étapes de votre carrière professionnelle ?
En 2006, je débute mon stage d’expertise-comptable chez Ange Pronesti à Borgo, je poursuis chez Sylvie Pierre à L’Île-Rousse en 2009, qui m’accompagne dans l’ouverture d’un Bureau à Saint-Florent, d’où je suis originaire. Grâce à cette expérience, j’ai pu acquérir les bases de la gestion d’un petit cabinet et découvrir toutes les problématiques liées : le développement de clientèle, la facturation et le suivi des clients, la gestion des logiciels-métier, etc.
En 2012, j’obtiens mon diplôme d’Expertise-Comptable (DEC) et mes ambitions se précisent quant au mode d’exercice souhaité pour cette profession que j’ai choisie. Le diplôme me fait prendre pleinement conscience des responsabilités liées à mon titre et m’ouvre d’autres perspectives jusqu’alors ignorées, notamment celle d’intégrer un cabinet de plus grande taille.
Quelle est la raison de votre intégration au Cabinet C2C Conseils ?
Consciente de la complexité technique du métier, je souhaitais continuer d’apprendre, me perfectionner dans différents domaines (fiscalité, juridique, social, gestion de patrimoine) et saisir l’opportunité de travailler au sein d’une équipe pluridisciplinaire. C’est ainsi que j’ai rejoint le cabinet C2C Conseils en 2014, en m’associant avec Philippe Magnan, Stéphane Magnan et Éric Lucchini. En 2018, mon cabinet de Saint-Florent est transféré à Bastia, où j’évolue désormais au sein d’une équipe complète aux compétences variées. Travaillant en étroite collaboration avec mes associés, je développe des prestations sur mesure pour nos clients tout en participant à l’évolution de la structure sur le plan régional et national.
Pourquoi avez-vous choisi de vous engager dans la prochaine élection du Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables ?
Outre mon activité d’experte-comptable et de commissaire aux comptes, j’étais déjà investie auprès du premier Conseil Régional élu en 2012, au sein d’une Commission travaillant sur l’attractivité de la profession et le développement des cabinets. Je m’engage aujourd’hui aux côtés d’Antoine-Jean Giuseppi et Marie-Dominique Cavalli pour les prochaines élections du Conseil Régional de l’Ordre des Experts-Comptables qui auront lieu cet automne en Corse. Notre ambition commune est de promouvoir la profession à l’échelle régionale, d’aider les confrères à mener leur transition vers leur « cabinet de demain » et à faire face aux mutations qui s’imposent.
Quels sont les défis actuels de votre profession ?
Le programme de notre candidature aborde des problématiques clés, telles que la transition vers la facturation électronique, la maîtrise de l’intelligence artificielle au travers de nos outils de travail, le développement de l’attractivité de la profession pour faciliter le recrutement et la fidélisation des talents. Nous souhaitons également que notre profession soit enfin reconnue comme un acteur à part entière du développement économique de la Corse, en étant présents et actifs dans les relations avec les institutions, la DGFIP notamment, pour permettre une interprétation claire des textes qui nous concernent et qui sont liés à notre insularité. Nous souhaitons également renforcer le dialogue avec nos élus locaux et nationaux, ainsi que l’ensemble des partenaires économiques, pour représenter au mieux et faire valoir les intérêts des entreprises corses.
Quelle est votre analyse de la situation économique actuelle en Corse ?
La situation économique corse à la fin de cette saison estivale est tendue, avec une baisse notable de la fréquentation touristique et une diminution de la dépense moyenne des visiteurs. Cela se traduit en cette rentrée par une augmentation des procédures collectives au Tribunal de Commerce. Les entreprises « zombies », déjà fragilisées avant la pandémie, ont survécu grâce aux aides publiques, mais elles sont aujourd’hui confrontées à la réalité post-crise. Les entreprises saines font face quant à elle à des tensions de trésorerie dues aux difficultés de leurs clients qui allongent les délais de paiement. C’est un cercle vicieux qui aboutit à un climat global plutôt morose, même si la baisse des taux d’intérêt attendue pour la fin d’année nous fait espérer une redynamisation de la consommation.
Quel rôle joue l’expert-comptable dans cette période incertaine ?
En analysant les ratios financiers, en élaborant des prévisions de trésorerie, en aidant son client à prendre des décisions éclairées, l’expert-comptable constitue un acteur majeur dans la prévention des difficultés mais également dans l’accompagnement des entreprises au travers de la gestion de cette crise.
Les habitudes de consommation évoluent, l’environnement économique et politique joue aussi un rôle important, les entreprises doivent sans cesse se remettre en question pour s’adapter à ce monde changeant. Marketing digital, développement durable, générations de consommateurs Y et Z, des attentes qui évoluent et qui doivent faire évoluer aussi la stratégie du chef d’entreprise. En tant qu’interlocuteur privilégié, l’expert-comptable est à ses côtés pour l’aider à relever ces défis.
Comment voyez-vous l’évolution de votre profession dans les années à venir ?
L’avenir de la profession repose sur l’écoute, le conseil, et l’accompagnement des chefs d’entreprise dans leurs projets. Collaborer avec d’autres professionnels, tels que notaires et avocats, mutualiser les compétences et adopter une approche pluridisciplinaire, sont autant de leviers pour répondre au mieux aux besoins de nos clients.
Forte de mon parcours, de mes engagements et de ma vision moderne du métier, je suis prête à relever les défis qui se présentent et à contribuer activement à l’évolution de la profession en Corse et au-delà. Dans une profession en perpétuelle évolution, je continue d’avancer avec humilité, tout en restant fidèle à mes valeurs d’indépendance et de transparence.
Que faites-vous en dehors de la comptabilité ?
Je suis une grande passionnée de voyages. De l’Asie à l’Amérique, en passant par l’Afrique et l’Europe, j’ai visité des destinations aussi diverses que le Japon, le Sri Lanka, la Tanzanie, Singapour ou encore le Mexique, j’ai également parcouru une bonne partie des États-Unis avec ma famille. Chaque voyage est pour moi l’occasion d’élargir mes horizons, de découvrir de nouveaux modes de vie, d’explorer d’autres cultures, je suis curieuse de voir comment les gens vivent ailleurs. Le sport occupe également une place prépondérante. Passionnée de volley-ball depuis le collège, j’ai découvert il y a quelques mois le cross-training, une discipline qui me permet d’entretenir ma forme physique, mais aussi de développer la confiance en moi en m’apprenant la résilience. Je pratique également le piano, une activité que je partage avec ma fille aînée de 11 ans. Ensemble, nous jouons à quatre mains, un loisir qui symbolise parfaitement le lien fort entre la sphère personnelle et la sphère professionnelle.
Votre devise ?
Ne pas remettre au lendemain et profiter de l’instant car la vie est courte et imprévisible.
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