Billet d’humeur
par Nathalie Coulon
C’était le refrain du moment qui revenait dans ma tête, les années 80 et Hervé Cristiani et son tube de l’époque qui faisait carton plein. Le chanteur s’appelait Cristiani, on allait bien finir par lui trouver un grand-père corse. Toujours si orgueilleux de nous faire valoir : « Et tu sais, ha sai, u tipu hè corsu » « Ié, hè corsu ! » D’ailleurs, à vrai dire, je n’en sais trop rien.
Cette chanson, je l’ai adorée, chantonnée, marmonnée.
« Il est libre Max,
Y’en a même qui dise qui l’ont vu voler… »
Max chez nous, ça voulait dire bien des choses.
Max Simeoni, le frère d’Edmond et le fondateur de l’union du peuple corse, politique et député européen, oncle de Gilles Simeoni et bien non ce Max-là c’était pour Hervé Cristiani : cette légèreté d’être, voler, le rêve d’Icare.
La persévérance des hommes pour nous faire décoller et voir d’autres horizons. Planer, voler, se barrer, voyager.
Quel doux rêve devenu fantasmagorique au temps du Covid. Rien que le mot impérieux me plombe déjà.
Voyager en cas de motif professionnel ou impérieux, assistance aux personnes vulnérables. C’est lourd, c’est dur, la notion de plaisir totalement asphyxiée.
On en est là ! Pas en Corse où les déplacements sur l’île sont autorisés sans contrainte kilométrique mais les vols quotidiens pour se rendre à Paris ou à Nice sont soumis de nouveau à des restrictions.
On ne risque ni de flâner sur la promenade des Anglais, ni se balader dans Paris cher au cœur des Corses malgré les tensions entre élus et gouvernement. Quant aux destinations plus lointaines mancu a dilla, le passeport vaccinal nous guette et le green pass toujours d’actualité et alléluia pour se rendre sur l’île.
L’île voisine qu’est la Sardaigne s’en tire drôlement bien de cette pandémie, alors que l’Italie reconfine, la Sardaigne est considérée zone blanche, la liberté, les restos ouverts au soleil et la tranquillité d’esprit. Tout cela grâce à une politique sanitaire parfaitement drivée.
En Corse. Il semblerait que nous soyons les bons élèves de la vaccination et les mesures de couvre-feu bien respectées.
Réjouissons-nous de ces dernières données, continuons à espérer que la Madonuccia nous ait entendus et exaucera bientôt nos vœux les plus chers. Elle qui en 1656 sauva Ajaccio de la peste.
Peste, choléra, Covid pandémie des temps modernes, 5G en orbite, nano particules en infusion et cette satanée grippe espagnole qui ravagea la Corse au début du siècle.
Mais putain, Libération a osé en faire son gros titre : « Putain, un mois… » pour parler du reconfinement de certaines régions.
Quant aux annonces des journaux tv que ce soit ViaStella ou les chaînes nationales mais putain, qu’est-ce qu’on prend cher.
Des meurtres odieux, des féminicides, des volcans qui se rallument, des plages pleines de plastique et des gens qui se flinguent parce qu’ils n’y arrivent plus.
Est-ce que le printemps qui pointe son nez et ses giboulées de neige nous accordera un peu de tranquillité, de raison d’être et d’envie de buller ?
Je pense à toi Max si libre, que nous dirais-tu pour nous sortir de cette impasse ?
L’Académie des César pitoyable nous a servi un tableau glauque et scato mais pas que.
Alors, oui on aimerait tant se lover dans les fauteuils rouges du cinéma, picorer ou pas des pop-corn trop sucrés ou trop salés, pour une fois dans notre dictature vegan que l’on s’impose, rire, pleurer ou s’emmerder parce que le film nous décevra, sortir et en avoir pris plein les mirettes mais pitié rouvrez nos cinés, nos salles de spectacle, nos terrasses de café.
En fait, on en a plus que marre de tout ce merdier.
Alors oui, on pense à la Syrie et sa putain de guerre déjà 10 ans, trop d’horreurs, on pense au Liban, aux gens chez nous qui ne bouclent plus les fins de mois mais on en a marre des lits de réa qui manquent, des soignants épuisés, des magasins fermés et de la privation de toutes les choses qui font du bien à nos vies.
Il reste la nature si belle en ces jours lumineux, les oiseaux qui chantent et la mer qui scintille.
Mais qu’est-ce que les autres nous manquent, on n’aurait jamais imaginé se passer les uns des autres LONGTEMPS.
Merci Catherine Ringer pour la reprise de Bécaud « Je reviens te chercher » ce fameux soir des César.
Et pourtant le longtemps ça dure de mois en mois…
L’optimisme soigne bien des maux.
C’est le printemps.
Bon printemps à tous è l’invernu lascia pianu pianu a so piazza a u sgiò veranu.
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