« Insulaires »
par Coralie Camilli
Éditions Vérone
Par Karine Casalta
« Je n’ai jamais eu de bibliothèque. Mes livres ont toujours été avec moi, en voyage, dans des sacs, trimballés, emportés, écornés, effeuillés. Je les lisais sur le bord des quais, au milieu des gares où les trains étaient en partance vers mille destinations, sur les ponts des bateaux, en plein vent, – les pages trop légères en tremblaient –, dans des vols long-courriers aussi ; mes livres m’ont suivie jusque sur les bancs en bois d’une école traditionnelle juive à Jérusalem, et jusque sur les tatamis froids de ma chambre tokyoïte, au Japon, quelques années plus tard. (…) Ma bibliothèque fut le monde, mes livres furent des lieux ; et mes écrits n’en sont que les traces. Ces traces nomades, éparses, éphémères, – comme le sont les sables d’été sous le vent de Balagne –, traces qui ne sont rien d’autre que des extraits de vie, en voici quelques aperçus ici, tous gorgés d’insularité. »
Ces extraits de vie, Coralie Camilli nous en livre quelques-uns, avec Insulaires, son dernier ouvrage, qui laisse entrevoir la fragilité des mondes qui aujourd’hui s’évanouissent progressivement. L’auteure y esquisse la vie des îles, et la sienne notamment, entre la Corse et le Japon, témoignage d’un « savoir-vivre » en voie de disparition.
Au fil des pages et des chapitres, le livre présente ainsi des anecdotes, des lieux et des personnages, (dont beaucoup portent sur la Corse : a Fiera di u Niolu, Pampasgiolu, ses traditions, toujours vivantes mais tremblantes), sous forme de courts instantanés photographiques capturés sur le vif, offrant ainsi une exploration complète de ce que peut être l’insularité.
Insulaires est un voyage poétique riche d’images saisissantes, qui nous invite entre le ciel et la mer à la découverte de ces mondes qui s’effacent sous le vent de la post-modernité.
Coralie Camilli
Originaire de Corse, Coralie Camilli est docteure en philosophie et diplômée de langues et cultures hébraïques. Elle pratique également la boxe à un niveau compétitif et est également détentrice d’un deuxième dan d’aïkido, grade qu’elle obtient au Japon.
Elle est déjà l’auteure de sept ouvrages de philosophie et signe aujourd’hui Insulaires, son dernier roman.
Pour écrire il vous faut…?
Un bon café noir, du calme, à l’étranger, ou au village en Corse en plein hiver. Pas besoin de beaucoup de livres autour, juste un réel qui ait été assez riche pour y faire retour par l’écriture.
Si vous deviez décrire votre dernier ouvrage en deux phrases ?
Petits chapitres sous forme d’instantanés photographiques, réels ou fictions, je prends la liberté de mêler les deux. Je n’aime pas qu’une œuvre soit dans une seule case, une seule classification, un seul domaine : j’aime faire varier les registres.
En quoi les îles vous inspirent ?
Par leur beauté, par leur caractère, par leurs côtés identitaire et rebelle, mais aussi par leurs paradoxes : elles sont à la fois attachées aux traditions, et touchées de plein fouet par la modernité. Elles sont à la fois ouvertes (leurs cités sont avant tout des ports) et fermées (car voulant garder leur nationalisme propre).
Un avantage à l’insularité ?
Avoir un point d’attache. On y part mais elles nous suivent partout, on y revient, on ne les a jamais quittées, on s’absente.
Une île qui vous ressemble ?
La Corse, évidemment ! Cuba, aussi.
Le trait de caractère qui vous définit le mieux ?
La ténacité je dirai, sinon la volonté, enfin quelque chose comme ça.
Votre occupation préférée ?
La boxe et l’aïkido, bien que ce ne soient pas à proprement parler des « occupations », je les prends trop au sérieux pour cela !
Ce qui vous permet de vous évader ?
La marche, l’écriture, la prière, le mouvement.
Si vous aviez une devise ?
« Ne rien faire à peu près » ou encore « Ce qu’un autre aurait aussi bien fait que toi, ne le fais pas ». (Gide)
Les commentaires sont fermés, mais trackbacks Et les pingbacks sont ouverts.