ISULI MONDI: Un voyage entre deux mondes
Du 24 septembre au 2 octobre, le Lazaret Ollandini et les cinémas d’Ajaccio accueilleront la deuxième édition du festival Isuli Mondi consacrée cette année au Japon. L’archipel dévoilera un peu de ses mystères à travers de nombreux rendez-vous culturels. Du cinéma à la gastronomie, de la céramique au manga, les liens entre le Japon et la Corse sont peut-être plus forts qu’il n’y paraît.
Avant tout, l’idée est de mieux connaître l’autre pour se comprendre et mieux se connaître soi-même. Anne-Marie Luciani qui préside les rencontres culturelles Isuli Mondi est aussi convaincue que convaincante quand elle plaide pour la mise en résonance des insularités. « Notre objectif est de créer des passerelles entre la Corse et l’île invitée. Une mise en miroir culturelle, patrimoniale, littéraire, musicale, cinématographique ou artisanale qui permettra de souligner les convergences entre les îles mais aussi leurs différences et leurs singularités. C’est tout aussi important. »
L’archipel de tous les paradoxes
Après l’Islande en 2023, cap donc sur le Japon et ses milliers d’îles. A priori le point de chute n’est pas évident mais l’exercice n’en sera que plus stimulant. « On pourrait penser qu’il n’y a rien de comparable. Le Japon est une puissance économique, technologique tout autant qu’une société pétrie de traditions ancestrales. Et pourtant… Ce choix inédit, cette île qui intrigue par ses paradoxes a déjà fait l’objet d’un rapprochement avec la Corse grâce à la revue Fora en 2007 créée par Vannina Bernard-Leoni. » Cette première initiative avait mis en lumière les ponts entre Corse et Japon : la culture de la châtaigne, du porc, les liens entre les générations… Mais aussi la mafia et l’omerta pour le côté obscur.
Certaines de ces thématiques seront de nouveau mises à l’honneur comme la poétique de la châtaigne qui fera l’objet de Regards Croisés entre Vannina Bernard-Leoni et Ryoko Sekiguchi, poétesse et traductrice japonaise, autrice de L’Appel des odeurs. Une conférence sera par ailleurs consacrée au « Lien soyeux insoupçonné » entre la Corse et le Japon illustrée par un défilé de kimonos et animée par l’experte en la matière Isabelle Moulin. Des questions sociétales et sociales seront également abordées à travers la conférence Vieillir au Japon et en Corse animée par Xavier Emmanuelli. Avec 125 millions de personnes dont près d’un tiers âgées de plus de 65 ans, le Japon présente aujourd’hui la population la plus vieille du monde à l’exclusion de la principauté de Monaco. L’espérance de vie dans l’archipel est en effet de 87,6 ans pour les femmes et 81,5 ans pour les hommes. Autre donnée qui pourrait faire écho à l’éternel débat sur l’âge de la retraite en France : plus de 16% des plus de 75 ans japonais sont encore actifs. Ces chiffres sont autant de défis sur le bien vieillir, l’accompagnement des séniors et inévitablement la transformation démographique, économique, culturelle d’une société, d’un pays.
De l’audace, toujours et encore de l’audace
Les relations entre Corse et Japon seront aussi incarnées par des personnalités comme Jean-Michel Neri et son roman historique Minoru qui retrace le destin d’un samouraï en exil ; la docteure en philosophie, détentrice d’un deuxième dan d’aïkido obtenu au Japon, Coralie Camilli présentera son nouvel ouvrage Insulaireset partagera son expérience nippone. Tout comme l’autrice Muriel Barbery à travers ses deux romans Une rose seule et Une heure de ferveur, l’artiste et poète Hitonari Tsuji, la poétesse et traductrice Marilyne Bertoncini ou encore Richard Colasse avec son « Dictionnaire amoureux du Japon. »
Durant ces quelques jours, le public, tous les publics, seront invités à participer à de nombreux ateliers : manga, cosplay, près d’une soixantaine de personnes en costume sont attendues pour l’occasion, sushis, mochi, origami, haiku, karaté… « Nous souhaitions faire découvrir différents pans de la culture japonaise. Et en même temps, sortir le public de sa zone de confort. Nous avions envie de créer un moment de partage autant qu’un choc culturel. De créer la surprise ! » s’enthousiasme la présidente Anne-Marie Luciani qui a pu compter sur une équipe plus que motivée pour organiser cet événement.
« En octobre 2023, tout semblait vertigineux et petit à petit, les choses se sont mises en place. » Des mois de travail pour ce collectif soudé qu’est Isuli Mondi. « Les premiers contacts ont été pris avec le Consulat du Japon, la Maison du Japon à Paris, la Fondation Sasakawa et nous avons eu beaucoup de chance car tous nos interlocuteurs se sont montrés intéressés par notre projet. » La préparation de l’événement emmènera Anne-Marie Luciani et les membres de l’association des salons diplomatiques avec l’aide de l’ex-directeur général du Centre de coopération industrielle UE-Japon, Philippe de Taxis du Poët et de son épouse à la Japan Expo en passant par la ville de Bizen dans la préfecture d’Okayama. Un savoureux mélange qui se reflète dans la programmation dense et variée du Festival.
« Il y a de l’audace dans ce festival à l’image de l’exposition extraordinaire qui fera une halte au Lazaret Ollandini. Un écrin magnifique qui participera à la magie de ce moment en accueillant l’exposition des céramiques de Bizen en tournée européenne cette année. » Après Paris et Milan, les céramiques et poteries japonaises seront visibles à Ajaccio. Apparues à l’époque Kamakura au XIIe siècle, cuites dans des tourailles, elles se caractérisent par une résistance physique élevée, une couleur marron rouge et une absence de glaçure.
Le dialogue entre Corse et Japon se poursuivra à travers les œuvres de Francesca Lantieri et de l’atelier Notre Terre signées Andrea et James. Argiles, oxydes, pigments minéraux, cendres, tanins, plantes à couleur, plantes à papier sont les matières utilisées par les artistes pour explorer et créer autour de l’univers Ryoko Sekiguchi et Hitonari Tsuji, présents à Ajaccio alors que Julie Pontaut présentera des cyanotypes d’anciennes photographies de femmes japonaises bleu de Prusse intense.
Bien sûr la musique, le théâtre traditionnel et le cinéma seront également de la fête. En plein air ou dans les salles obscures de la ville, une vingtaine de films seront programmés jusqu’au 2 octobre.
Une date qui ne marquera pas la fin du voyage. Anne-Marie Luciani et les membres d’Isuli Mondi ont l’envie de ritualiser cette escapade japonaise. « Nous souhaiterions instaurer un rendez-vous sur deux jours chaque année pour approfondir une des nombreuses facettes du pays. » Et peut-être qu’un jour la Corse fera à son tour le déplacement. En attendant, la présidente a déjà quelques îles en tête pour les prochaines éditions mais rien ne filtrera avant que la destination ne soit décidée de manière collégiale par l’association. Ichinichi Ippo autrement dit un jour, un pas selon la sagesse japonaise qui nous rappelle de procéder par étape et d’apprécier le voyage. En l’occurrence, un voyage entre deux mondes.
Toutes les informations à retrouver sur le site Internet :
https://isulimondi.com
Instagram : @isulimondi
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