Il est le nouveau visage de la direction de l’Afpa (Association pour la formation professionnelle des adultes) en Corse. Après un parcours universitaire et professionnel sans faille, il aborde aujourd’hui avec sérénité un nouveau défi, celui de diriger, et de déployer les avancées novatrices en matière de formation qu’un centre stratégique se doit de développer. Foncièrement optimiste, consensuel, fédérateur et pragmatique, il est avant tout un homme de projets au service de la formation des jeunes corses.
Par Anne Catherine Mendez
Quel est votre parcours ?
Je suis originaire à la fois de Guagno et de Renno et je suis très attaché à ces deux villages. J’ai grandi à Ajaccio. Après un bac, spécialité économie, au lycée Laetitia, j’ai passé une licence de droit à Corte. Je me suis ensuite dirigé vers des études dans l’immobilier à Aix-en-Provence, précisément un master en droit, conseil et patrimoine immobilier. En 2008, je m’installe à Corte comme agent immobilier et Syndic d’immeuble. Puis une opportunité s’offre à moi. Je rencontre Serge Santunione, président à l’époque du Medef, qui cherche à installer en Corse, Opcalia, un organisme paritaire collecteur agréé par l’État pour collecter les cotisations annuelles des entreprises au titre de la formation professionnelle continue des salariés. Ce fut une très belle aventure à la tête de cet organisme. Et je tiens à remercier Serge, qui a su me faire confiance. Cet homme est d’une très grande ressource pour la Corse. Il fait confiance à la jeune génération, et met tout en œuvre pour apporter des solutions et des outils au territoire. Durant la même période, j’ai poursuivi ma formation en passant un master management général, en alternance au sein de l’école Kedge Business School à Bastia.
En septembre 2019, le directeur régional de l’Afpa, François-Dominique Cipriani, quitte l’établissement pour un autre poste, je décide alors de proposer ma candidature. En février 2020, je suis nommé à la tête de cette structure.
Parlez-nous de l’Afpa ?
L’Afpa Corsica est présente en Corse depuis plus de 50 ans. C’est un organisme de formation qui rayonne sur l’ensemble du territoire, du Cap Corse à Bonifacio, avec un triple objectif sur l’île : répondre à ses missions de service public (certifications, tutorats, formations du jury, ingénierie…), assurer la commande de son principal partenaire et financeur, la Collectivité de Corse, afin de former les demandeurs d’emplois, et enfin accompagner les entreprises pour répondre à leurs besoins pour monter en compétences. En quelques chiffres, nous accompagnons plus de 1 600 demandeurs d’emplois par an, nous formons plus de 1 000 salariés avec un taux d’insertion de plus de 70%.
Avec la loi « Avenir professionnel » du 5 septembre 2018, désormais, l’Afpa Corse peut proposer aux entreprises et aux particuliers le contrat d’apprentissage.
Nous disposons d’une offre régionale dédiée au contrat d’apprentissage, et nous faisons de l’alternance une des priorités de notre développement !
Cette nouvelle offre de l’Afpa permet d’accompagner les entreprises dans leurs problématiques de recherche de main-d’œuvre qualifiée et leur faciliter le recrutement, notamment pour les PME-TPE. Elle s’adresse également aux jeunes pour accéder plus facilement à l’alternance, avec un accompagnement renforcé dans la construction de leur projet professionnel mais aussi tout au long de leur parcours afin de sécuriser l’acquisition des compétences métier et des savoir-être en entreprise.
Quels sont vos principaux chantiers ?
Aujourd’hui, notre mission essentielle est de faire connaître l’ensemble de nos actions au grand public. Nous avons un rôle très important sur le territoire en matière de formation et d’insertion professionnelle. Notre défi est de dépoussiérer notre outil pour qu’il soit en adéquation avec l’évolution de la société et les nouveaux métiers. Nous pouvons intervenir aussi bien dans des secteurs aussi diversifiés que la filière numérique, tourisme, les métiers de l’eau, du traitement des déchets, l’économie sociale et solidaire. Nous proposons des parcours complets, du CAP au niveau d’ingénieur. Je suis persuadé que la formation est la clef de voûte aussi bien pour les entreprises que pour les demandeurs d’emploi. La formation est une réponse concrète à l’insertion, à l’inclusion, c’est un outil au service du développement du territoire, au service des politiques publiques.
Quel regard portez-vous sur la Corse ?
La Corse est à un tournant historique. C’est une région pauvre, pleinement impactée par la crise sanitaire. Nous devons trouver un équilibre entre le repli sur nous-même et l’ouverture sur les autres. Avec les écarts qui se creusent au sein de notre société, nous avons tendance à nous recroqueviller, cela est souvent source de tension et ne privilégie pas l’ouverture, le développement. La formation professionnelle est une des solutions, elle fait le lien entre les besoins du territoire, ses problématiques de croissance et l’élévation en compétence des jeunes.
Aujourd’hui par exemple dans le secteur du tourisme, 15 000 saisonniers viennent de l’extérieur, nous pouvons très bien concevoir de permettre à nos jeunes corses d’accéder à ce type de poste en complémentarité d’une main-d’œuvre qui vient d’ailleurs et surtout leur permettre de prétendre à des fonctions plus qualifiées.
En revanche, vouloir absolument construire une école hôtelière pour les besoins du tourisme haut de gamme est une hérésie. L’ensemble des centres de formation en Corse (Chambre de métiers, Chambre de commerce, université, Afpa, lycée hôtelier…) travaillent en synergie depuis longtemps. Nous avons les infrastructures, les formateurs, les locaux, répartis sur l’ensemble du territoire pour organiser une formation très haut de gamme dans ce domaine. Nous devons juste, tous, nous mettre autour d’une table, professionnels, politiques et centres de formation pour enfin régler cette problématique.
De quoi êtes-vous fier ?
Ma fierté est ma famille, mes deux petites filles et mon épouse. Elles sont ma force. Et cela fait longtemps que j’ai compris que l’essentiel est ailleurs. D’un point de vue professionnel, je suis fier de mon action au sein d’Opcalia, en particulier de la création d’un CFA du sport sur l’île.
Et vos échecs ?
Si je peux parler d’échec, ce serait celui de ne pas avoir eu dans certaines situations la sagesse que j’ai aujourd’hui, cela m’aurait évité certaines désillusions ou déconvenues.
Votre devise ?
Ma devise (sourire…) : « Vis aujourd’hui, comme si c’était le dernier jour, fais des projets comme si tu étais là pour l’éternité. »
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