Rares sont les personnes qui parviennent à exprimer de multiples talents. Jérôme Bastianelli en fait partie. Polytechnicien, musicologue, écrivain, spécialiste de Marcel Proust, pilote à ses heures, il orchestre aussi depuis 2015 le musée du quai Branly-Jacques Chirac, dédié aux arts premiers.
Par Karine Casalta
Féru de musique et de littérature, la matière artistique a bercé son enfance et son adolescence. Né en 1970 à Paris, ses parents, tous deux professeurs de mathématiques, veillent à lui offrir de multiples horizons. « Fils unique, mes parents m’ont donné la chance de tester de nombreuses activités : escrime, natation, danse, patin à glace… et la musique ». Si les autres activités n’ont pas perduré, la musique, elle, va totalement le séduire. À six ans, il découvre ainsi le violon, puis quelques années plus tard le piano. Mais plus que de jouer d’un instrument, c’est l’écriture musicale qui va le passionner, l’harmonie et le contrepoint, en particulier, pour lesquels il va révéler un véritable talent. Une passion qui le conduira des années plus tard à collaborer en tant que critique musical au magazine Diapason, à participer aux dictionnaires Tout Mozart, Tout Bach et Tout Verdi pour la collection «Bouquins», et à publier différents essais biographiques sur Federico Mompou (Payot), Felix Mendelssohn ou encore Piotr Ilitch Tchaïkovski (Actes Sud). Une jeunesse durant laquelle, il apprend également à connaître et à aimer la Corse, berceau de sa famille paternelle, originaire de Lama, que chaque été il retrouve.
Une tête bien faite
Mais s’il a toujours connu un fort attrait pour les arts et la culture, c’est dans un tout autre univers que Jérôme Bastianelli va débuter son parcours professionnel. Élève doué, ses facilités pour les mathématiques vont naturellement l’orienter vers un cursus scientifique. Il intègre ainsi l’École Polytechnique, et devient Ingénieur en chef des Ponts, des Eaux et Forêts. À cette même époque, lui qui dit « aimer avoir la tête dans les nuages » apprend à piloter. Coïncidence? Son premier poste le conduira en 1995 au ministère des Transports, en qualité de chef du Département technique du bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’Aviation civile (BEA). Il lui vaudra notamment d’enquêter sur l’accident du Concorde, avant de rejoindre par la suite en 2006, la Cour des comptes en tant que rapporteur. Un brillant début de carrière, où pointe déjà l’idée de rejoindre un jour le secteur culturel. L’opportunité se présente en 2009 lorsqu’un ami, Karim Mouttalib, rencontré à la Cour des comptes, alors DG Délégué du musée du quai Branly lui propose de candidater au poste de DG adjoint qui vient de se libérer.
Challenge culturel
Il le fera avec succès et rejoindra ainsi ce musée consacré aux arts premiers. Et c’est naturellement, qu’après le départ de ce dernier en 2015, il lui succédera à la tête de l’institution. Sa fonction principalement administrative lui offre néanmoins de pouvoir participer à l’entremêlement de voix, qui, en concertation avec le président Stéphane Martin, définit la politique d’exposition du musée. Lequel, avec plus de 14 millions de visiteurs accueillis depuis l’ouverture, rencontre un succès indéniable. « Si tout un ensemble d’éléments liés à l’architecture du bâtiment dessiné par Jean Nouvel, ses façades végétalisées, son jardin dépaysant, contribuent à sa popularité, la politique de traiter de sujets très divers a permis de toucher un public assez large. » Tout au long de l’année, des concerts, des soirées thématiques, des rencontres sont aussi proposés, pour faire découvrir la richesse et la diversité des arts et des cultures non-européens.
Et du côté des lettres
Dans cette effervescence culturelle qui l’occupe largement, Jérôme Bastianelli garde encore une part belle pour la littérature. Fervent admirateur de Marcel Proust, il vient d’être élu président de la « Société des amis de Marcel Proust » à laquelle il appartient depuis 1995, et a trouvé le temps, entre 2015 et 2017 de publier deux ouvrages dédiés à l’aueur: Proust et Ruskin – La Bible d’Amiens, Sésame et les Lys et autres textes (Robert Laffont) et Dictionnaire Proust- Ruskin (Garnier). « Proust est une des grandes passions de ma vie, j’aime le côté cyclique de cet auteur qu’on pourrait ne jamais s’arrêter de lire, puisqu’on comprend, lorsqu’on vient d’en terminer la lecture, qu’il faudrait précisément recommencer à le lire ! »
Encore un sujet d’intérêt que ce passionné semble aborder, une nouvelle fois, avec une déconcertante facilité…
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