KEEP IT UP

Par Nathalie Coulon

100 voilà c’est le centième numéro, champagne ! 
Quelques jours auparavant, je réfléchissais à un titre et une nouvelle chronique qui devaient pointer quelques jours plus tard. L’exercice même de la chronique, c’est de se renouveler et pour cela mon endroit privilégié pour savourer l’actualité c’est de me poser en terrasse avec la presse du jour et voir bourdonner autour de moi les pékins qui se baladent, causent et prennent leur café du matin. 
Un moment délicieux. 
La semaine dernière, d’ailleurs c’est en compagnie de notre chère Marie (une éminence grise de l’équipe du journal, Marie bosse dans l’ombre mais nous offre ses lumières, quel beau rôle que le sien) que je prenais mon deuxième café en terrasse sur le Vieux-Port de Marseille au soleil, calées toutes les deux sur les fauteuils de la célèbre brasserie de la Samaritaine face à la Bonne-Mère. 
Marseille regorgeait de soleil et l’ouverture des restaurants, cafés, cinés, etc. était célébrée avec un sentiment de joie et de liberté. Que c’était bon tout ça. La vaccination et le « confinement » auront semblerait-il, au vu des derniers chiffres de l’ARS, jouer un rôle majeur pour lutter contre le virus. Un peu d’air et de légèreté nous feront le plus grand bien après ces mois anxiogènes à mijoter dans son petit chez soi ou pas ! 
L’impact psychologique est d’ailleurs immense. 
Il était grand temps « munis d’un test PCR » de pouvoir voyager autrement que pour des raisons impérieuses et de pouvoir poser le pied sur le tarmac de l’aéroport impérial.
L’avion du matin d’Air Corsica était bondé de monde, pas toujours joyeux pour les Corses de se rendre sur le continent pour des ennuis de santé, des hospitalisations lourdes mais Marseille est là pour nous accueillir avec ses services spécialisés et ses professeurs de médecine. A quand d’ailleurs, un CHU en Corse qui fait tant défaut ? A quand messieurs, mesdames les gouvernants un deuxième billet pris en charge pour les parents d’enfants malades ? C’est insoutenable de savoir que votre enfant aura besoin de vous. 
Marseille est un haut fief de la communauté corse, le chauffeur de taxi qui nous y attend nous lance un : « Salute, va bè ! »
Et tout au long de la journée, on nous demandera : « Vous êtes corses ? J’adore votre accent. D’ailleurs, j’ai de la famille là-bas. »
Chacun ira de sa petite histoire, le cousin, la cousine, le beau-père, le village et des anecdotes. Nous serons choyés par le restaurateur d’origine catalane et arménienne, qui se reconnaîtra et qui gentiment se proposera de garder nos valises, d’ouvrir son restaurant à 18h pour nous accueillir avec son délicieux aïoli de manière à ne pas louper l’avion du soir.
Je retrouve cette convivialité si chère aux communautés, cette chaleur humaine dont nous avons été privés, trop ! 
Les gestes barrières, la distanciation auront eu un impact fou sur les humains que nous sommes. 
La société individualiste a faussé bien des choses, en Corse les portes étaient toujours ouvertes, les gens partageaient leur bout de pain. 
Il serait grand temps de revenir à tout. J’ai espoir après les mois difficiles de recoller les morceaux du capitalisme qui nous bouffe tous en faisant de nous de gentils petits soldats.
Pour l’anecdote moins rigolote, c’est au retour de Marseille que je me cassai la cheville en mettant mon pied dans un trou de la chaussée de nouveau pour me rendre le matin en terrasse refaire le monde autour d’un café.
Patatrac et un beau plâtre. 
Un ami m’envoya ce petit message :
« A trop vouloir refaire le monde, on essuie des plâtres, prompt rétablissement à toi »
Merci Paul pour le clin d’œil ! 
Merci aux cafetiers et restaurateurs de faire partie de nos vies, ils devraient être remboursés par la Sécu….
Keep it up
Continueti puru cusi 
Un caffe pè piacè 

(Merci Géraldine Arrighi pour la traduction anglo-corse comme dans le royaume du général Paoli)

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