E settimane passanu è portanu a so sporta di gattive nutizie. Eppuru, in a so intervista u Presidente di a Republica, vultendu una volta di più nant’à a so strategia di u couvre feu hà dettu què : « n’avemu omancu fin’à l’estate 2021 cù issu siscu. »
Par Jean-André Miniconi, président de la CPME-Corsica
Ce « au moins » est lourd de sens. Il signifie que personne ne sait quand on va pouvoir reprendre une vie normale. En revanche, ce dont on peut être quasiment sûr, c’est que l’activité économique ne redémarrera pas comme prévu et que le fameux rebond du PIB prévu par la Banque de France en 2021, +7,4% est loin d’être
acquis. Plus spécifiquement, pour la Corse, cela annonce des jours sombres pour l’industrie touristique qui pourrait à nouveau vivre une saison difficile ne lui permettant pas de retrouver un niveau d’activité normal. Lorsqu’on connaît le poids du tourisme en Corse, on imagine les conséquences sur l’ensemble de l’économie. D’ailleurs, les premiers chiffres sont inquiétants. Au 30 juin, les statistiques Insee sont éloquentes: le nombre de demandeurs d’emplois explose passant de 21 090 au 1er trimestre 2020 à 27 400 à fin juin, soit une augmentation de 30% pour seulement 6,5% en moyenne nationale. Les jeunes sont particulièrement touchés avec une augmentation trimestrielle de 45%. Les demandes au RSA suivent la tendance avec +20%. Les créations d’entreprises sont en berne, -43,6% au deuxième trimestre contre -24,1% au point de vue national. Bref, la chute est sévère. Elle est caractéristique d’une économie saisonnière. En résumé, on a détruit massivement de l’emploi en Corse au deuxième trimestre.
DOGMATISME BUDGÉTAIRE
Le risque de choc de consommation est avéré. D’un autre côté, les entreprises sont en mode survie avec des pertes de chiffres d’affaires importantes, un endettement qui a augmenté d’un milliard. Et un Produit intérieur brut qui va baisser d’au moins 1,5 milliard d’euros. Si les chefs d’entreprise et les salariés ont pleinement conscience de la situation dans laquelle ils se trouvent, je ne suis pas sûr que le gouvernement ait pris la mesure de l’urgence économique. Quand l’Allemagne initiait son plan de relance en juin, reniant des années de dogmatisme d’équilibre budgétaire, nous avons dû attendre septembre pour avoir le nôtre. Trois mois en économie c’est long, surtout en période de crise, où les dettes courent et les déficits se creusent. En septembre, ce n’est pas d’un plan de relance dont on avait besoin mais plutôt d’un plan de survie. Parce que pour qu’il y ait relance, il faut qu’y ait à la base une économie… Alors les 100 milliards ne suffiront pas, ce n’est un secret pour personne.
D’ailleurs, si l’on compare avec l’Allemagne, on s’aperçoit rapidement que cette dernière fait bien plus d’effort pour soutenir son économie. Au total, l’Allemagne a déjà mobilisé plus de 1 300 milliards d’euros, soit 39,9% de son PIB, contre seulement 350 milliards pour la France (30% du PIB), avec des mesures de soutien à la consommation, en particulier la baisse de la TVA, beaucoup plus importantes qu’à l’échelon national. C’est là toute la différence avec un pays qui se donne les moyens financiers de sauvegarder son tissu industriel et commercial.
L’ÎLE À LA DÉRIVE
S’agissant de la Corse, la saison s’achève, et on doit s’attendre à passer un triste hiver avec un niveau de consommation particulièrement bas. Quelle que soit l’évolution du Covid-19, il est impératif de sauver le monde économique avec ses 13 000 artisans et ses 80 000 salariés. Pour cela la priorité doit être donnée à la stabilisation des capitaux propres des entreprises. En effet, les pertes enregistrées en 2020 risquent d’entamer de manière conséquente les fonds propres. Et une entreprise sans capitaux est une entreprise sans avenir. Le gouvernement a enfin réagi en annonçant la mise en œuvre d’une enveloppe de 20 milliards d’euros de prêts participatifs consacrés au renforcement des fonds propres. C’est peut-être dans ce domaine, que le plan de relance de la Collectivité territoriale devra faire preuve d’audace et renforcer les mesures nationales. Où trouvera-t-on les fonds nécessaires? Soyons innovants. Nous avons la possibilité de mobiliser les fameux Fonds d’investissement de proximité, dans lesquels 80 millions d’euros sont disponibles. Faisons-en sorte de les utiliser à bon escient même si une adaptation réglementaire paraît obligatoire. Enfin, deuxième champ d’investigation, la fameuse dotation de continuité territoriale, une enveloppe de 180 millions d’euros par an. Le principe de déspécialisation a déjà été voté. Allons plus loin explorer le champ des possibles.
TROIS MOIS DÉCISIFS
La plupart des entreprises clôturent leurs comptes fin décembre. Il reste donc 60 jours pour bâtir un plan de sauvegarde qui pérennise l’économie. Le délai est certes contraint dans le domaine politique. C’est malheureusement le seul laps de temps dont on dispose pour prendre les mesures qui s’imposent
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