L’ACA peut-il éviter le hors-jeu ?

Le club ajaccien est dans une mauvaise passe. Il est, on le sait, confronté à une trésorerie défaillante et relégué à titre conservatoire par les instances nationales. Le salut aurait dû venir d’un groupe de repreneurs portugais qui malheureusement se désista en dernière minute. Responsables et supporters ne veulent cependant pas siffler la fin de partie.

Par Jean Poletti

Nous sommes loin du souvenir de l’accession en première ligue des rouges et blancs. Éloignés aussi de cette période où lors de confrontations les ténors du football venaient fouler la pelouse d’un stade. Il porte désormais le nom de notre regretté confrère Michel Moretti, sans qui l’épopée n’eut été possible. Terminée en corollaire cette parenthèse où le médiatique et fin stratège Rolland Courbis organisait l’équipe.

Comment en être arrivé à ce point proche du non-retour ? D’emblée il convient de souligner que désormais le football professionnel est soumis à la loi de l’argent roi. Au fil du temps les budgets devinrent colossaux et seuls les clubs riches peuvent briller au sein de l’élite. Ou se permettre de courber l’échine lors de contre-performances en attendant des jours meilleurs. L’Atlantic Club ajaccien fut longtemps sur la corde raide. Et vivait, comme bien d’autres, essentiellement de retombées financières, liées aux droits de retransmission. Ils s’étiolèrent avec les rétrogradations successives, métamorphosant une manne en subsides étriqués.

S’extirper de l’ornière, trouver l’échappatoire salvatrice. Telle était

ces derniers temps la préoccupation essentielle des instances dirigeantes. Leur quête sembla couronnée de succès. Ils trouvèrent en effet un consortium intéressé par la reprise. L’accord était acté. Les modalités fixées. Il ne manquait plus que les simples formalités des signatures finales. Mais triste coup de théâtre alors que le délai imparti du 31 décembre se profilait, ce groupe se déjugea, rompant unilatéralement le processus. Un rude coup à n’en point douter pour les acéistes. Ils voyaient ainsi s’envoler une insigne chance d’éponger les dettes et permettre à la structure de retrouver un second départ. Car le protocole prévoyait non seulement la promesse du maintien du club, mais aussi la rétrocession de la moitié des revenus générés par la plausible construction d’un hôtel.

L’énergie du désespoir

Retour à la case initiale, faisant légitimement maugréer les dirigeants martelant courroucés « Un contrat de sponsoring en bonne et due forme n’a pas été honoré. Ce sont ainsi cinq millions d’euros budgétisés qui ont ainsi disparu. » À cette déconvenue s’ajoute les quelque deux millions que ne versa pas la ligue de football professionnel au titre des retransmissions télévisuelles.

Ces deux opérations avortées auraient permis de retrouver un équilibre dans les comptes car elles étaient peu ou prou à la hauteur du passif.

Pris à la gorge les dirigeants en furent réduits à hypothéquer une partie de ses terrains en échange de trois millions d’euros. En corollaire le président Jean-Noël Fattaccioli puisa dans ses fonds personnels afin d’apporter sa contribution permettant une bouffée d’oxygène.

Luttant avec l’énergie du désespoir, les acéistes s’en ouvrirent aux instances judiciaires afin de tenter de sanctionner le volte-face tardif, sans préavis ni explications des sauveurs jouant l’Arlésienne et partis à la cloche de bois.

Près de huit millions d’euros. Voilà l’ardoise. Impossible à combler dans les délais contraints de six mois ? D’aucuns le pensent. Pas les supporters. Les vrais ceux qui ont un attachement viscéral à leur club, qu’ils célèbrent lors des réussites et sont présents durant les échecs.

Gouvernance modifiée

Aussi lors d’une rencontre avec les dirigeants, la parole circula. Rien ne fut occulté. Causes et conséquences évoquées. Avec en filigrane les éventuelles possibilités de trouver parmi les obstacles un chemin de survie. Dire qu’il s’avère aisé relève en effet de l’utopie. Il n’empêche animés par cette foi qui dit on soulève les montagnes tous à l’unisson veulent encore croire que le pire n’est pas acté.

À cet égard, il a été formalisé la création d’un groupe de socios qui aspire à être davantage associé aux décisions. Sans que cela s’apparente à une révolution de palais nul doute qu’elle se veut prélude à un nouveau mode de gestion collectif.

Au-delà, dans le temps qu’il reste, appel sera fait aux donateurs et aux chefs d’entreprise voulant devenir sponsors. D’autres n’hésiteront pas à lorgner du côté des diverses collectivités.

Bref, chacun à son niveau ne baisse pas les bras. Elle a l’exemple du Sporting de Bastia qui voilà sept ans se trouva au bord du précipice, avant de se refaire une santé grâce à un sursaut collectif.

En toute hypothèse cette situation précaire influe sans conteste sur l’aspect purement sportif. Nul ne sachant de quoi demain sera fait, les acteurs du terrain n’ont sans doute pas le dynamisme et l’allant qu’il sied pour jouer armes égales avec l’adversaire. Le classement en est l’éloquent exemple.

Aussi conviendra-t-il au staff de remobiliser les troupes, en trouvant les mots qui conviennent, même s’il est des climats qui rendent cette tâche proche du sacerdoce.

Lueur d’Amérique

Quoi qu’il en soit, l’ACA ne veut pas, ne peut pas, ne doit pas mourir, dit sans fausse note le chœur alliant responsables et supporters. Se séparer de certains joueurs ou encore vendre pour un euro symbolique le club. Voilà les éventualités qui furent évoquées en incidence… Sans que nul à l’évidence ne croit qu’il faudra en arriver à ces mesures extrêmes voulant encore et malgré tenter d’apercevoir une faible lueur d’espoir. Et si elle venait d’Outre-Atlantique ? Non pas de Donald Trump mais d’un milliardaire résidant à Miami. L’homme d’affaires semblerait en effet intéressé par le rachat du club. Wait en see. De quoi faire briller quelques étoiles dans les yeux.

Comme l’on dit communément le ballon est rond et peut rebondir dans le sens escompté. N’est-ce pas le but ?

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