Le brillant journaliste, hôte de Musanostra

Renaud Dély met la culture à la une

Pari tenu. Succès en épilogue. Comment pouvait-il en être autrement quand un confrère de renom répondit à l’invitation de Musanostra à Bastia. Il apporta avec brio par l’échange avec le public, rehaussé par son éclectisme professionnel, une forte contribution à la vulgarisation de la lecture. Apportant ainsi sa pierre à l’édifice pour bâtir un temple ouvert à la culture populaire.

Par Jean Poletti

Musanostrafait sa rentrée. L’association culturelle dont la marque de fabrique est « la littérature pour tous » inaugura une série de rendez-vous d’automne. Et c’est Renaud Dély qui frappa les trois coups de cette nouvelle saison. Le journaliste et écrivain vint récemment à la rencontre du public réunit à bibliothèque centrale de Bastia.

Démocratiser la lecture et embrasser toutes les catégories sociales. Voilà le leitmotiv porté sur les fonts baptismaux par Musanostra, depuis plus de quinze ans. Il n’en fallait pas plus pour convaincre notre éminent confrère, infatigable militant de cette cause, de venir échanger et partager, dans une démarche d’enrichissement mutuel. D’autant qu’avec l’éclectisme pour fil rouge, le conférencier apportait la séduction dans ses bagages. L’éditorialiste de France Info est en effet passé par Libération, Le Parisien, fut rédacteur en chef de L’Obs et directeur de la rédaction de Marianne. Il co-anime aussi l’émission « 28 minutes » sur Arte. Dire qu’il possède plusieurs cordes à son arc relève de la litote. On le connaît en tant qu’observateur avisé des coulisses du pouvoir qu’il commente et analyse régulièrement. Mais on le découvre aussi en passionné de foot avec un attachement particulier pour certains de ses champions. De la politique dont il connaît presque tous les ressorts et stratégies internes, au sport, son autre domaine de prédilection, en passant par l’univers humoristique des bandes dessinées dont il a pris plaisir à rédiger certains textes, il put agrémenter un dialogue riche et varié. En incidence, c’était en quelque sorte l’ensemble de son œuvre qui était ainsi le socle d’une animation en tout point prisée par la salle.

Le talent en partage

La discussion qui s’instaura alliait interrogations à l’emporte-pièce et interventions sériées. Salutaires curiosités intellectuelles et quêtes d’éclaircissements. Le tout enserré dans une atmosphère conviviale et avenante. Il est vrai que dans une sorte d’inversion des rôles, l’invité se prêtera sans atermoiement et de bonne grâce au jeu des questions/réponses. Avec en arbitre débonnaire Kévin Petroni, doctorant en littérature et membre de Musanostra que préside, nul ne l’ignore Marie-France Bereni-Canazzi.

Il est vrai que Renaud Dély avait la « carte de visite » idoine pour tenir en haleine son auditoire. Son parcours étoffé et embrassant de nombreux modes d’information ne rehaussait-il pas si besoin l’intérêt des nombreux participants ?

À l’évidence ce grand professionnel des médias laisse percer nombre de centres d’intérêts. Citons à cet égard pour mémoire quelques-uns de ses livres. Anatomie d’une trahison, La Gauche contre le progrès, L’Assiégé, ou encore La République des traîtres de 1958 à nos jours, Sans oublier « Les perdants magnifiques, de 1958 à nos jours », ces deux derniers étant des ouvrages collectifs sous la direction de Jean Garrigues. Dans cette longue liste de publications figurent également en bonne place Les Macron du Touquet-Élysée-plage, Histoire secrète du Front national.Et aussiSarkozy et l’argent roi, avec Didier Hassoux. Publiés égalementQue restera-t-il des années Chirac ?et La vraie Marine Le Pen, Une bobo chez les fachos. Le sport n’est pas absent avecLe grand saut et Brèves de football.

Abonné aux bons choix

Touche-à-tout de l’édition ? Sans l’esquisse de l’ombre d’un doute. Il a en effet émis plusieurs bandes dessinées dont Sarkozy et les riches, La République des couacs, etLa dynastie Le Pen, son univers impitoyable.

Cette énumération est éloquente et se veut synonyme de lauriers dans les colloques. Elle atteste aussi du bon choix de Musanostra envers cet hôte de marque.

Il convient de noter que cette manifestation a pu voir le jour grâce aux partenariats noués avec la Ville de Bastia, la Fnac et la collectivité de Corse. L’entrée était libre et un espace librairie organisé sur place, avec en point d’orgue une séance de dédicaces qui connut l’affluence.

Dans la foulée l’association invita Jean-Noël Pancrazi. Le grand prix du roman de l’Académie française, membre du jury du prestigieux, prix Renaudot sera en résidence d’auteurs. Il anima également une rencontre littéraire au MET Café.

Sitôt après avoir refermé avec succès le chapitre E statinate di Lumio, Musanostra écrit en cet automne de nouvelles pages témoignant ainsi un authentique dynamisme. Elle poursuit cette idée proche des universités populaires qui vulgarisent et happent dans leurs girons ceux qui pensent, souvent à tort, que la culture est élitiste.

Dans les pas de Malraux

Démonstration est amplement faite avec ces initiatives que tel n’est pas le cas. Suggérer qu’elle est non seulement importante, mais à la portée de tous. Voilà le message. Une dualité complémentaire qui ne demande qu’à éclore. Davantage qu’un pari, il s’agit d’un enjeu qui fonde la doctrine de Musanostra. Elle se met dans les pas d’André Malraux, figure iconique, qui disait « La culture c’est ce qui fait de l’homme autre chose qu’un accident de l’univers. »

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