TOUS LES ACTEURS DIRECTS ET SURTOUT INDIRECTS AINSI QUE LES COMMENTATEURS PLUS OU MOINS SPÉCIALISÉS SE SONT D’ABORD ÉMUS DES RÉSULTATS POUR LE MOINS MÉDIOCRES DANS LES CLASSEMENTS INTERNATIONAUX DES ÉLÈVES FRANÇAIS EN MATHÉMATIQUES.
Par Michel Barat, ancien recteur
de l’Académie de Corse
La réponse politique fut de revenir à leur enseignement pour tous les élèves et toutes les classes de lycée. Il n’est pas certain que cela améliorera les choses, il est même possible que cela pourrait les aggraver. Nul ne peut douter que les mathématiques sont une discipline essentielle et d’abord intellectuellement et culturellement. On pourrait donc applaudir à cette décision. Mais s’il est vrai qu’il serait ridicule
d’envisager une scolarité sans mathématiques, c’est une autre chose que de les imposer pour toute une scolarité et plus particulièrement en première et seconde où se construit en deux ans l’obtention du baccalauréat. Ainsi des élèves qui, au sortir du secondaire, n’auront plus jamais affaire aux mathématiques y compris dans des études brillantes subiront leur enseignement comme une contrainte pénible. En 1966, on pouvait fort bien passer un baccalauréat sans épreuve de mathématiques. C’est le cas de l’auteur de ces lignes qui les a redécouvertes avec plaisir au cours de ses études de philosophie au point d’en devenir un épistémologue.
Les inconnues d’une équation
La vraie question est comment améliorer la situation et surtout comment en redonner ou en donner le goût aux jeunes gens, plus particulièrement aux jeunes filles qui statistiquement ont les meilleurs résultats scolaires. Pire, les mathématiques devenant le principal et parfois le seul outil de sélection, le pays se prive de talents. Le professeur Jean Bernard ne serait jamais devenu le très grand médecin qu’il fut. Pire encore, l’enseignement des mathématiques est devenu l’une des causes principales de l’échec scolaire. La répétition des mauvaises notes d’une manière massive et non pas pour un petit nombre en a transformé le dégoût en une rébellion et en un refus de tout le système. La solution classique pour remédier à cet échec est d’augmenter les horaires de mathématiques : vous avez de très mauvaises notes en maths, vous aurez encore plus d’occasions d’en avoir. Cette nouvelle généralisation de leur enseignement est un peu du même ordre. La multiplication de leurs horaires est vécue comme une mesure punitive. Les professeurs de mathématiques ne doivent pas imiter certains écologistes dont les discours et les actions sont ressentis par une grande part de la population comme des punitions les éloignant d’impératifs vitaux.
Réviser l’enseignement
Si on ne veut pas précipiter encore plus d’élèves dans le dégoût et le refus de cette discipline, c’est d’abord leur enseignement pour tous qui doit être révisé. Il faut cesser de confondre l’excellence mathématique, qui est une grande tradition française, avec les mathématiques pour tous. Mieux encore, une telle rénovation pourra sauver des cohortes d’élèves de la nullité en maths et de l’échec scolaire massif, mais permettra en même temps de recréer les classes d’excellence en mathématiques qu’étaient les terminales C. Faire des mathématiques une discipline comme les autres en refera une discipline d’excellence.
D’un scandale, l’autre
Il est sans doute plus scandaleux de ne plus faire de français en terminale et d’avoir étouffé la culture littéraire que de cesser de faire des mathématiques surtout quand la grande majorité des élèves, même ceux qui ont des résultats corrects voire bons, se révèle n’avoir pas de vraie culture mathématique.
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