LE LUXE AU MASCULIN IMAGINÉ PAR VINCENT GARSON

C’est un créateur français, profondément attaché à la Corse, styliste-modéliste formé à la Chambre syndicale de la Haute Couture de Paris. Après avoir fait ses gammes chez Christian Lacroix, Paco Rabanne, Oscar de la Renta pour Balmain et Alber Elbaz pour Guy Laroche, il sillonne le milieu urbain du «streetwear», collabore avec le cinéma, puis se lance dans une ligne de réflexion et de création autour d’un objet qui bouge et se transforme : le sac.

Propos recueillis par Anne-Catherine Mendez

Vincent Garson est grand, très grand, à l’allure de mannequin, mais ne vous y trompez pas, il n’est pas là pour défiler, ce créateur au talent reconnu par ses pairs, construit, sans tabous ni limites, un univers qui se struc- ture sur la tradition pour pouvoir projeter toutes ses libertés très contemporaines.

 

Pourquoi avez-vous décidé de créer une collection de sacs pour homme?

Après avoir travaillé pendant plus de vingt ans pour différents marchés dans le monde entier, de la Haute Couture au Streetwear, j’ai choisi de créer ma marque éponyme pour la première fois. Tout ce qui concerne la mode masculine m’est apparu immédiatement en adéquation avec mon univers créatif.
Le Made in France a aussi été une réponse face à la mondialisation, aux conditions de fabrication rencontrées dans les ateliers en Asie sans respect des droits de l’homme. Je désirais maîtriser la traçabilité des produits en circuit court, les sourcing des peaux, le choix des accessoires (boucles, mousquetons, rivets…) exceptionnels qui sont utilisés sur tous les sacs. Ce secteur moins concurrentiel que celui de la mode féminine permet une expression plus libre. Et puis enfin, je suis arrivé à un moment de ma vie où j’avais envie de me faire plaisir et de répondre aux perfections possibles de la bagagerie, selon mes besoins et mes activités. Ayant beaucoup voyagé sur les zones de productions, j’ai finalement voulu trouver des solutions techniques, ergonomiques et stylistiques à mes goûts et besoins.

Quels sont les objectifs de la marque ?
Comme je vous l’ai dit, mon nom signe toutes mes créations, ce qui projette la marque j’espère jusqu’à mon dernier souffle. La bagagerie, maroquinerie et accessoires sont une introduction au futur vestiaire masculin que je développe depuis environ un an, sous le label « Fabriqué à Paris ».
Je veux réinterpréter les pièces dites classiques, portées par les hommes, avec ma perception des choses, une réflexion sur la transformation et le mouvement qui sont ma patte je crois. Actuellement, une ligne de couteau et un parfum sont en gestation.
Des collaborations avec des marques prestigieuses d’horlogerie suisse sont aussi d’actualité. La marque se positionne à l’international par une stratégie de communication via les réseaux sociaux (Instagram et Facebook), et structure sa crédibilité via un site Internet très actif. C’est un vestiaire à 360 degrés qui prendra forme dans les prochaines années, toujours avec les mêmes valeurs de marque : respect des artisans, proximité, excellence des peaux et des finitions, tout en percutant l’image du luxe masculin.

Quelle est la valeur ajoutée que souhaitez-vous apporter à vos créations ?

Il y a toujours une réflexion technique et ergonomique dans mon travail. Toutes mes fabrications sont originales aussi bien dans leur approche esthétique que dans leurs fonctions, j’ai essayé d’adapter tous les sacs à notre façon aujourd’hui de se déplacer, de voyager, de ranger ses affaires… Je crée des modèles très contemporains tout en prenant racine dans l’artisanat d’art intemporel. Ceci me permet de pouvoir me présenter tout aussi bien dans un salon de mode pointu comme le Tranoï, que de faire partie des prochaines jour- nées européennes des métiers d’art.

Quel est votre lien avec la Corse ?
Je suis né à Marseille, je suis un Corse d’adoption depuis plus de vingt ans, ma femme est ajaccienne, originaire de l’Alta Rocca. Mes deux fils sont ainsi un mélange de ces croisements méditerranéens. Mon lien est donc tenu sur le plan familial et je voudrais témoigner de cet attachement via une collection dédiée. L’éclat particulier de cette terre déploie les valeurs qui sont les miennes : authenticité, respect de la terre, des hommes et des tradittions, fierté, art de vivre et «magagna». Mon objectif est de créer un pont entre l’Alta Rocca et ma stratégie internationale, via une collection spécialement créée, dans les secteurs de la coutellerie et du parfum.
Un showroom ajaccien sera aussi privilégié afin de présenter les créations corses ainsi que la collection de bagagerie, maroquinerie et d’accessoires déjà mise en place. Le but étant de créer un lieu réel qui valorisera ces créations insulaires, tout en surfant sur la vitrine parisienne, pour le national et l’international. Le but pour moi est de prouver aussi au marché que travailler dans l’exigence et le respect des hommes n’est pas incompatible avec une réussite internationale. Au contraire même, car la mondialisation a tendance à lisser les différences et spécificités régionales.

Est-ce que le parcours artistique est compliqué ?

Bien sûr, les parcours artistiques quels qu’ils soient sont toujours particulièrement riches de
rebondissements, de chutes, et de chalenges, mais la passion transperce toutes les limites. Je crois que le plus dur finalement est de se connaître le plus tôt possible, et une fois son désir bien identifié, il ne reste qu’à travailler, travailler et sans doute encore travailler.

Quels sont vos projets ?
Je voudrai réaliser rapidement ce lien entre la Corse et mon activité à Paris, Je voudrais que cette collection représente l’alliance d’une vision contemporaine d’un créateur avec l’excellence des artisans corses. La marque va être présente à l’international en Asie et au Moyen-Orient cette année. Je veux continuer à construire une identité visuelle forte et différente, sur les réseaux, rencontrer des ambassadeurs de marque au national et à l’international. Je voudrais que mon travail représente le renouveau de la création dans le respect du savoir-faire. En tant qu’ambassadeurs de la transition numérique pour la filière «Textiles Mode et Cuirs», je serai cette année consultant à travers l’ensemble des filières professionnelles sur le sujet.

Quel est votre sac préféré ?
Je les aime tous évidemment mais ma façon de vivre et de me déplacer au quotidien est incarnée dans le modèle Dune. Ce sac à dos me permet de recharger mes appareils électroniques via un écran solaire intégré, de voyager facilement en le gardant en cabine grâce à son volume, de pouvoir augmenter sa contenance en pressurisant une double banane autour de la taille, et le tout dans un look futuriste jamais vu. Le veau sellier pleine fleur et le contraste de cuir végétal acajou lui confère une identité virile et nomade que j’adore. Ce modèle répond aux besoins essentiels de l’art du déplacement, comme un Yamakazi, de Zonza à Tokyo.

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