l’édito de Jean Poletti, la Corse en miettes
Le rideau est tombé sur les municipales. Les promesses inconsidérées aussi. La réalité reprend force et vigueur après ce florilège de mirifiques projets dont la sempiternelle vocation est de demeurer dans les tiroirs aux oubliettes. Réveil brutal. La situation d’une ile à la dérive revient au devant de la scène. Laissant percer le tragique après la vaine comédie du pouvoir.
La précarité frappe à coups redoublés. L’emploi se réduit comme peau de chagrin. Le bâtiment se fige. Les deniers publics se font rares et les collectivités sont contraintes d’amputer certains budgets. Les syndicats de salariés s’alarment à l’image des représentants socioprofessionnels. Le diagnostic est morose tandis que l’avenir s’ourle de lourds nuages noirs. La Corse risque d’entrer dans une sorte de léthargie que les pires augures n’auraient pu prévoir. Attention au décrochage préviennent les spécialistes. Mais il n’est de pire sourd que celui qui ne veut pas entendre.
Dans une région happée par la spirale de la paupérisation, le fatalisme de la population se conjugue à maints égards avec l’inconsistance de trop d’édiles. Une telle conjonction nourrit, nul n’en disconvient, le terreau du mal-être, infligeant à la jeunesse un sentiment de désespoir. Un habitant sur cinq vivant sous le seuil de pauvreté, Pôle-emploi croulant sous les demandes. Les organismes caritatifs débordés. Voilà le douloureux spectacle qui révolte l’entendement. Notre région n’est pas la Lozère ou quelque désert de Gobi. Elle recèle de potentialités. Encore faut-il les rentabiliser. La Corse parait prise entre le marteau de ceux qui prônent une sanctuarisation juridique et l’enclume des partisans de la baléarisation. Ou encore tels enclins au repli confinant à l’autarcie et les adeptes d’un libéralisme sauvage, destructeur d’âme et d’identité.
Entre ces deux voies sans issue, l’urgence impose de tracer rapidement un nouveau chemin, bordé d’une exigence majeure : l’intérêt collectif. La survie d’une communauté est à ce prix. Tergiverser serait une erreur. L’ignorer une faute.
Il faut en finir avec les incantations. Transcender les blocages qui semblent antagonistes mais se veulent fréquemment complémentaires. Ils se nourrissent mutuellement créant ici des débats artificiels, là des philippiques surannées, qui font le lit de l’immobilisme
Le monde entrepreneurial et le landernau d’élus ne doivent plus se regarder en chiens de faïence. Une authentique politique économique doit enfin émerger de ce fatras de décisions ponctuelles, d’aides financières déconnectées de la réalité ou d’invectives de chefs d’entreprises à l’endroit des responsables politiques.
Etre pragmatiques. Sérier les besoins, tracer une prospective décennale, dire le possible et le souhaitable. Voilà qui jetterait les bases d’une stratégie fiable, car elle répondrait à une interrogation duale : quel développement et comment parvenir à l’épilogue souhaité.
Le reste n’étant que revendications corporatistes et arguties politiciennes
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